
C'est un séisme dont les répliques vont se faire sentir bien au-delà des frontières du continent. Alors que le Maroc s'apprête à célébrer la grand-messe du football africain, le président de la Confédération africaine de football, Patrice Motsepe a profité de l'exposition médiatique pour dessiner le futur du football de demain. L'objectif affiché ? Aligner le calendrier africain sur les standards internationaux et optimiser la valeur commerciale et sportive des compétitions.
Le clap de fin pour la CAN tous les 2 ans
Depuis sa création, la périodicité de deux ans était l'ADN de la CAN, sa force mais aussi sa faiblesse face aux clubs européens. Cette ère touche à sa fin. « La CAN aura lieu tous les 4 ans après 2028 », a tranché le président de la CAF. Pour assurer cette transition, un calendrier resserré est prévu : après l'édition 2027, une CAN "pont" sera organisée dès 2028, avant de basculer définitivement sur le cycle quadriennal.
L’arrivée de la Ligue des nations africaine
Pour combler le vide laissé par l'espacement des CAN, la CAF mise sur un nouveau format : la Ligue des nations africaine. Inspiré du modèle de l'UEFA, ce tournoi débutera en 2029.
« Nous avons travaillé avec Gianni Infantino pour que chaque année, il y ait une compétition africaine de septembre à novembre durant les dates FIFA », a précisé Motsepe.
Cette nouvelle compétition vise à remplacer les matchs amicaux, souvent peu lucratifs et compliqués à organiser, par des rencontres à enjeux, réparties par divisions de niveau.
Les enjeux d'un changement de paradigme
Cette annonce soulève déjà de nombreux débats sur les conséquences à court et long terme. En passant à une fréquence de quatre ans, la CAN gagne en "rareté" et donc en valeur marketing. Surtout, cela pourrait apaiser les tensions chroniques avec les clubs européens qui voient d'un mauvais œil le départ de leurs stars en milieu de saison. Moins fréquente, la compétition sera plus facile à sanctuariser dans le calendrier mondial.
Le passage à quatre ans comporte un risque : celui de voir certaines nations stagner faute de confrontations de haut niveau régulières. C'est ici que la Ligue des nations joue son rôle. En garantissant des matchs compétitifs chaque année, la CAF espère maintenir, voire élever, le niveau moyen des sélections, tout en offrant une source de revenus réguliers via les droits TV.
Vers une nouvelle ère
Jusqu'ici, le rythme d'une CAN tous les 2 ans imposait une pression constante sur les pays hôtes pour construire des stades. Avec quatre ans entre chaque édition, les nations candidates auront davantage de temps pour livrer des infrastructures de qualité, évitant ainsi les chantiers dans l'urgence.
En s'alliant étroitement avec la FIFA pour cette réforme, Patrice Motsepe impose une vision plus globale et commerciale du football africain. Si la nostalgie de la CAN "tous les deux ans" risque de piquer le cœur des supporters, la promesse d'un spectacle mieux organisé et de revenus décuplés est le pari tenté par la direction actuelle. Le football africain n'est plus en transition ; il vient de changer d'époque. Reste à savoir si ce basculement se fait du bon côté de l'histoire.
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À propos de l'auteur
Malick BAMBA
Rédacteur sportif
Le sport africain au quotidien, ces belles histoires et polémiques en tous genres.
