Le rapport de la commission sud-africaine pour la justice sociale et la construction de la nation (SNJ) risque de faire un grand bruit dans le cricket sud-africain. Des cas de racisme sont dénoncés dans l'équipe nationale et d’anciennes grosses pointures de la discipline seraient impliquées.
Le cricket sud africain risque de connaître des jours de turbulence. En effet un gros scandale de racisme vient secouer la quiétude de cette discipline. Et ce n’est pas des personnalités anodines qui sont citées dans le rapport de 252 pages sorti par la Commission sud-africaine pour la justice sociale et la construction de la nation (SNJ). Des monuments du cricket comme Graeme Smith, ancien sélectionneur, Mark Boucher (actuel directeur technique) et la légende AB de Villiers sont cités.
Ce trio est accusé de discrimination raciale. Il leur est reproché de n’avoir pas donné la chance aux joueurs noirs. «Les problèmes auxquels est confronté le cricket sont une interaction complexe de plusieurs facteurs. Et ceux-ci découlent de l'histoire de ce pays et des facteurs socio-économiques qui en découlent aujourd'hui», lit-on dans le rapport. Selon le site Web Stuff, c’est Cricket South Africa (CSA) qui a mandaté l'enquête indépendante. Et le rapport est notamment produit à la suite de nombreux témoignages recueillis.
Mark Boucher, désormais entraîneur de l’équipe de cricket les Proteas, a en effet déclaré que les joueurs sud-africains de l'époque n'étaient «pas préparés aux réalités de la dynamique d'équipe post-apartheid». Une déclaration jugée excessive. Et il n’est pas le seul. Graeme Smith (maintenant directeur du cricket de CSA) et d'autres figures ont été accusés de commentaires désobligeants fondés sur la race envers l'ancien fileur sud-africain, Paul Adams. Notamment en chantant une chanson de victoire qui comprenait des insultes raciales contre Adams.
Paul Adams était le seul joueur de couleur de l'équipe sud-africaine de cricket lorsqu'il faisait ses débuts en 1995. «On m'appelait brown s… quand je jouais», regrette Adams. «C'était souvent une chanson quand on gagnait un match et qu'on était dans des réunions. Ils chantaient « brown s… in the ring, tra la la la laa», poursuit la victime. «Quand vous jouez pour votre pays, lorsque vous avez remporté la victoire, vous n’y faites pas attention. Mais c’est manifestement raciste», enfonce-t-il. «J'avais le sentiment qu'ils ne voulaient pas que je dépasse un joueur blanc. Et que je devais plutôt rester dans mon coin, assis et seulement écouter», conclut Adams.
I support the aims of CSA’s Social Justice and Nation Building process, to ensure equal opportunities in cricket. However, in my career, I expressed honest cricketing opinions only ever based on what I believed was best for the team, never based on anyone’s race. That’s the fact. pic.twitter.com/Be0eb1hNBR
— AB de Villiers (@ABdeVilliers17) December 15, 2021
Le légendaire joueur de cricket sud-africain De Villiers a d'ores et déjà nié les faits. Joueur africain de cricket le plus suivi sur twitter, il a fait un post sur Instagram. «Je soutiens les objectifs du processus de justice sociale et de construction de la nation de CSA. Ce, pour assurer l'égalité des chances dans le cricket», a ainsi posté le néo-retraité. «Dans ma carrière, j'ai uniquement exprimé des opinions honnêtes sur le cricket. Et en fonction de ce que je croyais être le mieux pour l'équipe. Jamais en fonction de la race de qui que ce soit. Ce sont les faits», se défend la star qui vient d'annoncer sa retraite.
Qu'en pensent alors les autorités ? «Le conseil examine toujours le rapport. Il s'agit d'un document volumineux qui nécessite une réponse globale», déclare pour sa part, Lawson Naidoo, président du conseil d'administration de la SNJ à ESPNcricinfo, .
Jim CEESAY