Né le 2 avril 2000 à Asmara, la capitale de l’Erythrée, Biniam Girmay vient d’être élu pour la 2e fois de suite meilleur cycliste africain de l’année. A 21 ans, l’Erythréen est déjà au sommet de l’Afrique. Il vise désormais les plus hauts cols du monde. Voici cinq choses à savoir sur cette pépite du vélo.
Après seulement deux ans dans le monde professionnel, Biniam Girmay a fait des progrès énormes. Son ascension au classement UCI est fulgurante. 1164e en 2019, il est 113e en 2020 et 75e actuellement. Au niveau africain, il est numéro après avoir bouclé 2020 à la 2e place et pris le 59e rang lors de sa première apparition au ranking. Désigné meilleur cycliste africain pour la 2e année de suite, il devance en 2021 le Sud-Africain Ryan Gibbons (UAE Team Emirates) et son compatriote Merhawi Kudus (Astana). Ces deux coureurs sont dans des écuries nettement plus huppées mais y ils y jouent des rôles de seconds couteaux.
Biniam Girmay a un potentiel phénoménal et peut devenir un grand du cyclisme. Ce n’est pas n’importe qui le dit. C’est Bernard Hinault qui le pense. L’ancien cycliste français a remporté plus de 200 victoires dont 5 Tours de France entre 1978 et 1985. Et il est «impressionné» par le coureur érythréen. «Ce qu'il (Biniam Girmay ) a réalisé à Louvain aux Championnats du monde, est une vraie performance. Il m'a vraiment impressionné car les meilleurs du monde de sa tranche d'âge étaient présents ce jour-là. Je l'avais déjà vu au Gabon sur la Tropicale en 2019, battre au sprint André Greipel alors qu'il n'avait pas encore 19 ans. Je le suis depuis, car il est promis à une belle carrière» témoigne l’ancien sélectionneur de l’équipe de France de cyclisme.
Si Bernard Hinault croit en Biniam Girmay, c’est parce que l’Erythréen progresse chaque année. Il s’est révélé en junior en remportant trois titres continentaux à 18 ans. En 2018, en effet, au Rwanda, l’Erythréen est champion d'Afrique sur route, champion d'Afrique du contre-la-montre en individuel et également par équipes. L’année suivante, il gagne à 19 ans des étapes à la Tropicale Amissa Bongo et au Tour du Rwanda. Au mois d’août passé, alors qu’il vient tout juste de s’engager avec l’écurie Intermarché-Wanty-Gobert Matériaux, le natif d’Asmara remporte la 1ère édition du ''Classic Grand Besançon Doubs’’. Ce n’est pas tout. En septembre, aux championnats du monde de cyclisme, Biniam Girmay devient 1er noir africain médaillé dans un championnat du monde de cyclisme. Il est en effet vice-champion du monde sur route espoirs à Louvain, en Belgique.
L’Erythrée a eu de très grands espoirs du cyclisme ces dernières années. En 2015 par exemple, Daniel Teklehaimanot fut le premier coureur noir africain à disputer le Tour de France depuis la création de l’épreuve en 1903. Ce dernier a d’ailleurs réussi à porter, pendant quatre étapes, la tunique de meilleur grimpeur. Ce fut toutefois une promesse sans véritablement de lendemains. Biniam Girmay espère suivre les pas de son ainé en se faisant un nom sur la Grande boucle. Mais il semble beaucoup plus ambitieux selon son entraîneur. «Il a connu la première génération des coureurs érythréens arrivés en Europe, comme Natnael Berhane ou Merhawi Kudus. Ils avaient un bon potentiel mais ils se sont retrouvés à avoir des seconds rôles dans leurs équipes respectives. Biniam ne veut pas de ça, il se sent capable d’être leader. Il cherchait donc en priorité une équipe qui pouvait lui offrir un rôle de coureur protégé assez vite» soutient son coach Luc Cheilan pour expliquer son choix de s’engager avec la WorldTeam belge Intermarché-Wanty-Gobert Matériaux jusqu’en 2024.
Biniam Girmay signe son premier contrat pro en 2019 à Nippo-Delko-Marseille Provence. Il débarque en France avec l'Ethiopien Mulu Hailemichael, au mois décembre, très décontracté et habillé comme en été. «Quand Benji Giraud les a récupérés à l’aéroport, ils se sont pointés en T-Shirt et en short… En plein mois de décembre ! Il a fallu leur trouver des vêtements chauds. Je me souviens que lorsqu’ils sont arrivés aux appartements, le premier mois, on a douillé au niveau financier. Ils ont fait exploser la facture d’électricité parce qu’ils laissaient les fenêtres ouvertes lorsque le chauffage tournait» se rappelle son entraîneur Luc Cheilan.
Demba VARORE
