Restaurateurs, vendeurs de boissons, d'équipements de sports et de gadgets surfent sur la vague de la CAN pour écouler un maximum de produits dans les marchés et autour des stades. Reportage.
De notre correspondant au Cameroun
Brice Onomo a toujours vécu aux dépens de son père. Mais ça, c’était avant le 9 janvier, jour d’ouverture de la CAN 2021. Cet étudiant à l’Université de Yaoundé II s’est créé ses propres sources de revenus. Et c’est grâce au tournoi continental. Le jeune homme de 21 ans vend des vuvuzelas aux couleurs de plusieurs nations qualifiées pour la compétition. Il opère à ses heures de permanence et les weekends. Sa marchandise se vend à 500 et 1000 francs CFA.
Pour écouler ses produits, Brice s’est installé à quelques mètres du stade Omnisports Ahmadou Ahidjo de Yaoundé. «C’est une position stratégique, sourit le jeune étudiant. A partir de cet endroit, je touche une clientèle cible.» L’activité prospère : «Les produits s’écoulent bien. Surtout les jours de match du Cameroun : je peux vendre en une journée entre 25 000 et 50 000 francs CFA.»
Willy ne gagne pas autant. Et surtout, lui, il doit faire la navette entre le stade du Complexe d’Olembé et les quelques fans zone de la capitale. Son travail, vendre les bannières des pays. «Le drapeau coûte 100 francs CFA. Les plus prisés sont ceux du Cameroun et du Gabon», explique-t-il. A la fin d’une journée, il dit compter en moyenne un gain de 10 000 francs CFA. «Parfois, poursuit-il, les jours de match, je vends 200 drapeaux, voire plus. Heureusement pour moi, le Cameroun est passé en huitièmes de finale et va rester à Yaoundé. J’ai déjà passé une nouvelle commande.»
Dans un magasin spécialisé, situé au marché Central de Yaoundé, on a fait le plein de marchandises aux couleurs des pays qualifiés. Ici, on retrouve toutes sortes de gadgets : bracelets, sifflets, bandeaux, lunettes en plastique, vuvuzela, écharpes, drapeaux, etc. Les articles qui se vendent le mieux sont les maillots, polos et casquettes. Les supporters sont également attirés par le bandeau incorporé de cheveux aux couleurs des nations participantes.
«Ici, les fans peuvent s’habiller aux couleurs de leurs équipes, de la tête aux pieds. Nos clients sont particulièrement des supporters et des revendeurs», lâche le gérant. Ce dernier espère surfer le plus longtemps possible sur les victoires de son pays, pour écouler un maximum de produits dérivés. «Tant que les Lions indomptables gagnent, mes affaires se portent bien, dit-il. Après dix jours de compétition, je peux affirmer que la CAN 2021 est vraiment sucrée.»
Dans cette recherche du gain autour de la CAN 2021, les restaurateurs se frottent aussi les mains. Début janvier, Briand, Michelle et Stéphanie ont lancé leur petite affaire : un restaurant qui offre des services de livraison. On y retrouve un peu de tout : apéritifs de tout genre ainsi que des jus et salades de fruits ; des repas traditionnels camerounais et africains. Parmi les nombreux clients qui se bousculent dans ce lieu, Stéphanie a noté la présence de journalistes français et ghanéens.
«Quand ils viennent, ils aiment bien commander le ndolè (célèbre mets camerounais fait à base de feuilles vertes, ndlr)», rapporte la jeune entrepreneure. Quand les clients ne consomment pas sur place, Briand assure les livraisons dans les fans zone à l’aide de son scooter. Les trois associés nourrissent l’ambition de poursuivre leur activité même après la CAN.
Kigoum WANDJI