Assailli de questions et de critiques durant la conférence de presse de ce jeudi suite à l’élimination en quart de finale, Vahid Halilhodzic a tenté, tant bien que mal, de défendre ses choix durant la CAN 2021. Le coach semble même un peu plus fragilisé. Et certaines réponses à la presse risquent de faire jaser.
De notre correspondant au Maroc
Le public marocain est exigeant et parfois difficile à convaincre. Dans cet exercice, Vahid Halilhodzic a tenté, tant bien que mal, de trouver les bonnes réponses après l’élimination des Lions de l’Atlas par l’Egypte (1-2). Et le franco-bosnien n’a pas été avare en arguments. D’abord, sur la prestation des Lions de l’Atlas, il n’a pas voulu accabler ses joueurs, moins productifs que durant la phase de groupes. Le coach a même assumé ses choix de titulariser Aymen Barkok pour son apport physique au milieu de terrain au lieu d’Imran Louza, et Munir El Haddadi pour ce qu’il a montré lors des entrainements. Quant à la sortie de Soufiane Boufal, le meilleur Marocain de cette CAN avec Achraf Hakimi, Vahid affirme que l’ailier était fatigué.
« Ryan Mmae et Ayoub El Kaabi n’étaient pas non plus en forme. Pour changer, je n’avais pas plusieurs autres choix », affirme Vahid. En tout cas, l’élimination passe mal et la presse marocaine n’a pas été tendre avec le coach. « Nous avons beaucoup de frustration, car c’est notre première défaite depuis deux ans et demi », note-t-il. « Les critiques sont normales. Je n’ai jamais rien caché depuis le premier jour, je n’ai pas peur de venir m’exprimer et je ne cherche pas d'excuses », poursuit le coach, qui n’avait pas été de la conférence d’après match. « Dans les vestiaires, il y avait tellement d’excitation, c’était compliqué d’y participer. Il s’est passé beaucoup de choses, de l’hostilité, de la provocation, des menaces…», se justifie-t-il, faisant référence aux incidents ayant émaillé la rencontre.
Sur le déroulement du match, Vahid Halilhodžić estime toutefois que le Maroc n’était pas très loin de l’exploit face à la plus grande équipe du continent et l’un des meilleurs joueurs du monde. « Malheureusement au Maroc, nous n’avons pas de tueur. L’Égypte a Salah, qui est le meilleur joueur du monde. Le Sénégal a Mané, qui n’est pas très loin et nous l’avons vu hier soir (mercredi ndlr) », se défend le coach. L’attaquant de Liverpool a fait mal aux Lions de l’Atlas. « Salah ridiculise même les défenseurs dans les plus grands championnats du monde ». Pour le technicien, le match s’est joué sur de petits détails. « Adam Masina a fait son meilleur match contre l’un des meilleurs joueurs du monde. Mais Salah n’a été libre qu’une fois et il a fait la différence », regrette-t-il.
Assailli de questions souvent teintées de critiques, notamment sur l’absence de Ziyech, Vahid a lâché quelques pics qui feront certainement jaser. « Pour faire des choix, je fais beaucoup de travail. Je cherche même des joueurs que vous-mêmes ne savez pas qu’ils sont marocains », lance-t-il. Vahid estime pourtant que les critiques sont injustes au vu des résultats des deux dernières années. « Je sais qu’au Maroc c’est toujours la faute du coach et vous pensez mieux connaitre le foot », s'emporte le technicien.
Si certaines s’attendaient à un retour de Ziyech, c’est presque peine perdue à moins d’un grand revirement de dernière minute. Durant la conférence de presse, Vahid est resté sur la même ligne de conduite montrée depuis le dernier match de Ziyech avec la sélection. « Vous voulez que je supplie quelqu'un de jouer pour l'équipe nationale ? Il y a groupe, un esprit collectif, je veux garder cela », dit-il. « Les joueurs qui étaient présents à la CAN sont les meilleurs joueurs marocains. Mais malheureusement certains n’étaient pas au top (physiquement ndlr)».
Le technicien a même voulu rappelé au public ses premiers pas en tant que coach des Lions de l’Atlas. « Quand je suis arrivé Hakim Ziyech était l’un des jours les plus critiqués à l’issue de la CAN 2019. N’oubliez pas que je l’ai récupéré en lui donnant le brassard », lance-t-il. Mais pas question de revenir en arrière suite au comportement du gaucher. « Je ne sélectionnerai pas un joueur qui peut imploser un groupe. Il peut même s’appeler Lionel Messi. Chez moi, c’est comme ça ». Vahid a laissé entendre que le milieu de Chelsea a « manqué de respect à tous les Marocains ».
L’élimination digérée, le Maroc se tourne désormais vers le Mondial. Le coach a une dernière carte en mains pour poursuivre l’aventure. Il reste concentré sur cet objectif. « Laissez-moi continuer de faire mon maximum pour aller à la Coupe du monde. C'est mon but. Pour les supporters, pour sa Majesté, pour cette Nation », demande-t-il, non sans rappeler que le Maroc a attendu 18 ans pour gagner un match à élimination directe et 20 ans pour aller au Mondial. « Je suis déçu, mais optimiste et je ferai tout pour qu’on se qualifie », promet-t-il.
Mohamed Hadji