L’équipe nationale féminine du Burundi sera à la CAN féminine au Maroc (2-23 juillet). Malgré cette qualification historique, Niyonkuru Gustave, est conscient des limites de son effectif. Dans cet entretien avec Sport News Africa, le technicien affirme qu’il souhaite avoir des renforts de joueuses évoluant à l’étranger.
De notre correspondant au Burundi.
Niyonkuru Gustave, le Burundi s’est qualifié à la phase finale de la CAN 2022. Comment préparez-vous cette compétition ?
Je vais demander dans quelques jours une audience au président de la Fédération de Football du Burundi (FFB) qui nous a beaucoup soutenus. Il sera question de deux choses. La première est de lui demander d’organiser, avec ses techniciens, des recherches sur toutes les filles burundaises qui jouent à l'étranger. Je sais qu’il y en a beaucoup. Après l’identification, je demanderai à la FFB de leur demander de venir au Burundi afin d’organiser un camp d’entrainement et retenir les meilleures. Il ne faut pas aller à cette CAN en touristes.
La deuxième chose que je demanderai à mes dirigeants est d’organiser des matchs amicaux. Au minimum, nous avons besoin de trois tests contre les équipes les mieux placées en Afrique. Il faut que nos filles puissent se frotter aux meilleures du continent avant la compétition proprement dite.
Y a-t-il spécifiquement des postes à renforcer ?
Nous avons besoin d’une gardienne qui est expérimentée et de plus grande taille. C’est notre point faible. J’espère que nous aurons cette chance. Souvent quand une équipe se qualifie pour une compétition comme la CAN, c’est une opportunité pour sa visibilité, et j’espère qu’il y a des filles professionnelles qui voudront bien se joindre à nous.
Nous avons également besoin d’une joueuse au moins dans l’axe de la défense. Ce n’est pas dire que nos défenseures centrales sont mauvaises. Mais il leur faut encore plusieurs matchs pour qu’elles s’améliorent.
Au niveau de l’attaque, nous avons besoin d’autres attaquantes pour challenger les quatre que nous avons et les pousser à hausser leur niveau. Il nous en faut donc d’autres pour qu’il y ait une vraie compétition entre elles. Aujourd’hui, certaines filles ne fournissent pas assez d’efforts parce qu’elles savent qu’il n’y a personne d’autre pour prendre leur place. Par contre, sur les côtés et au milieu, ça marche très bien.
Si ces renforts ne viennent pas, serait-ce une CAN ratée d’avance ?
Non, je ne pense pas. S’il n’y a pas de renforts, on va s’adapter. Pendant les préparatifs pour les matchs qualificatifs à cette CAN, nous avons changé beaucoup de choses. Par exemple, certaines joueuses qui sont attaquantes dans leur club, ont dû jouer en défense en équipe nationale et vice-versa. En analysant les forces et les faiblesses de chacune, nous avons pu construire une équipe qui a qualifié le Burundi pour la première fois de son histoire à une CAN féminine.
La mentalité restera la même, mais franchement je ne peux pas vous le cacher, si ces renforts viennent, elles nous seront d’une grande utilité.
Quels sont les pays que vous ne souhaiteriez pas rencontrer pendant la phase des poules ?
Le pays hôte bien sûr (Maroc) mais également des pays comme le Nigeria, le Cameroun ou l’Afrique du Sud.
Vous entraînez également chez les garçons, y a-t-il une différence ?
Il y a une nette différence. C’est difficile d’entraîner les filles. Il faut être patient. Certaines jouent sans aucune motivation. Il faut être très attentif avec elles pour qu’elles n’abandonnent pas. Imaginez par exemple des filles qui me demandaient de ne pas jouer le match retour contre Djibouti pour aller fêter leurs diplômes en famille. Avec les filles, il faut être courageux, patient et tolérant.
Le fait d’être d’abord passé par les catégories des jeunes m’a heureusement beaucoup aidé à réussir dans la sélection féminine A.
Désiré HATUNGIMANA
