Être mère et sportive professionnelle, est bien compatible. Plusieurs sportives en ont apporté la preuve ces dernières années. Faith Kipyegon, Fraser-Pryce..., continuent de briller sur les pistes après avoir fait un enfant.
La maternité et le sport de haut niveau, c’est possible ! C’est le nouveau guide du ministère français des Sports. Mettre entre parenthèses sa carrière sportive pour faire un enfant a toujours hanté les athlètes. Elles nourrissaient la crainte de ne pas pouvoir revenir à leur meilleur niveau après avoir accouché ? Ce qui avait le don de doucher les ardeurs des plus motivées. Certaines d'entre elles durent choisir de fonder une famille après leur carrière. Mais ces dernières années des sportives de haut niveau ont pu revenir au premier plan, devenant parfois plus forte après la maternité. C'est le cas de Nia Ali, Shelly-Anne Fraser Pryce, Allyson Felix ou encore la Kényane Faith Kipyegon...
Quand on tombe enceinte, on n'est plus la même. Le corps subit une transformation parfois radicale. A cela s'ajoute la paresse, les troubles alimentaires, l'humeur fluctuante... «Quand j'ai pris le temps d'avoir un bébé, j'ai arrêté de courir pendant un an. Quatre mois avant la naissance, huit mois après. Votre corps change pendant la grossesse, signale Faith Kipyegon. J'ai pris beaucoup de poids : je faisais 45 kg avant, 53 kg après. Les choses n'étaient plus comme avant.»
La Kényane ajoute : «J'ai perdu toute ma forme physique. J'étais fatigué tout le temps. Mais cela ne signifie pas que vous ne pouvez pas revenir. Cela prend juste du temps.»
Kipyegon reviendra plus tôt que prévu et au top après cette phase. Vice-championne du monde du 1500 m en 2019, elle conservera son titre aux Jeux olympique de Tokyo.
Plusieurs athlètes ont révélé qu’après la maternité, elles sont devenues plus fortes. «Ma première course de retour est survenue un an après l'accouchement : juin 2019 à Stanford. Je n'étais vraiment pas en forme, je ne savais pas comment mon corps allait s'en sortir. Donc, je ne m'attendais pas à grand-chose, confesse Kipyegon. Gagner une course de la Diamond League et faire une pause de quatre minutes sur 1500 m a été une énorme surprise. Quatre mois plus tard, j'ai couru une course parfaite à Doha. Remportant la médaille d'argent du 1500 m et établissant un record kényan de 3:54.22. Un temps que je ne pouvais pas faire avant la maternité.»
La sprinteuse jamaïcaine Shelly Anne Fraser Pryce a eu la même sensation après son sacre sur 100 m à Doha. «Me retrouver sur la plus haute marche du podium, à 32 ans, avec mon bébé, c’est un rêve, s'était enflammée la double championne olympique. Après mon accouchement, je n’étais pas du tout sûre de retrouver un tel niveau. J’étais inquiète et stressée. J’ai dû travailler encore plus qu’avant pour récupérer d’une grossesse difficile. Mais mon mari et mon fils m’ont donné la force. Aujourd’hui, Zyon est mon espoir et mon inspiration.»
De nombreuses athlètes ont passé sous silence leur envie de tomber enceinte. La plupart redoutant la réaction des équipementiers ou de ne plus être sélectionnée. Toutes ces peurs étaient bien fondées, surtout après la jurisprudence Alyson Felix. «Malgré toutes mes victoires, Nike voulait me payer 70% de moins qu’avant, avait-elle pointé. Si c’est ce que je vaux, je l’accepte. Mais je n’accepte pas ce statu quo autour de la maternité.»
Malgré les complications lors de son accouchement, la marque américaine est revenue à la charge pour que l'athlète reprenne l'entraînement le plus vite. Face aux nombreuses critiques, Nike a décidé de revoir sa politique concernant les athlètes. Mais Allyson Felix avait déjà claqué la porte. Et à Tokyo, l'Américaine a remporté sa onzième médaille olympique. Être mère et sportive professionnelle est bien compatible.
Amy WANE