La Côte d’Ivoire n'est toujours pas prête concernant les stades qui doivent accueillir la CAN 2023. Sur six infrastructures, deux seulement devraient tenir dans les délais. Et cela, à un an de la Coupe d'Afrique des Nations (23 juin-23 juillet).
De notre correspondant en Côte d’Ivoire,
Au quartier de Kpangbassou à Yamoussoukro, l'Institut national polytechnique Félix Houphouet-Boigny n'est plus le seul joyau. Un nouveau stade est en effet sorti de terre, il y a deux ans. Reste maintenant de le mettre aux normes avec des parkings de sécurité, des terrains annexes d'entraînement...
Débutée en 2019, la construction du stade pour la CAN 2023 est quasiment achevée. Et le ministère des Sports via l'Office national des sports, veut notamment que sa livraison soit effective au mois de juin prochain. A deux mois de l’échéance, beaucoup d’observateurs sont encore sceptiques.
En visite en Côte d'Ivoire, en mars dernier, le président de la Confédération africaine de football (CAF) a été «rassuré» par l'avancement des infrastructures. «Il reste quelques problèmes encore à régler», avait cependant précisé, Patrice Motsepe. Mais, on note encore beaucoup de travaux à achever dans ces stades. Soit encore en construction, soit en rénovation depuis 8 ans pour les besoins de la compétition.
«La Côte d’Ivoire a déjà investi près de 400 milliards FCFA (610 millions d’euros) pour les infrastructures sportives, d'hébergement et de voiries. Toutes les infrastructures sportives seront terminées le 31 décembre 2022», avait indiqué Danho Paulin, au moment de la visite du patron de la CAF.
Si le Stade de Yamoussoukro est, selon les dirigeants, prêt à 98%, celui de la Paix de Bouaké est à 94%. Celui de Korhogo est fini à 64%. San Pedro n’est cependant exécuté qu’à 71%. Et Ebimpe à Abidjan, dont la pelouse est en réfection, est à 98%.
Le stade dont le taux de finition est le plus faible est Félix Houphouet-Boigny dans la cité des affaires, le Plateau. Il en est à 25%. En clair, si la CAN doit se jouer en 2023, il n'y aurait que deux ou trois ouvrages sur six possibles disponibles. Une situation qui a crispé évidemment le monde sportif ivoirien. Au point que la Directrice de l'Office des sports (ONS), Mariam Yoda, s'est donc emportée en conférence de presse. Elle avait jeté les journalistes en pâture. Selon elle, ces derniers donnent une mauvaise image du travail effectué par les autorités ivoiriennes concernant la construction ou la réfection des stades.
«Après septembre 2021, ça allait dans tous les sens. Nous avons décidé de fermer les stades pour toutes les visites. Si les visites sont encadrées, nous pouvons donner des autorisations. Parce qu'il faut qu'on comprenne que le projet doit avancer en toute sérénité. Je veux bien que des journalistes aient des autorisations d'accès pour visiter un stade. Mais tout dépendra du rendu. Vous n'allez pas aller visiter un stade et au lieu de rassurer les Ivoiriens, vous les anéantissez», s'est agacée l'ancienne handballeuse, il y a un mois.
Et d’embrayer. «Vous avez le devoir de rassurer. Quand vous allez sur un site (les stades), ce qui n'est pas bien, vous n'allez pas dire que c'est bien, mais au moins, dans vos analyses, il faut rassurer. Dans certaines analyses, on a l'impression que la Côte d'Ivoire n'a rien fait du tout. C'est justement vos réactions qui ont alarmé la CAF qui a décidé d'organiser des visites d'inspection à Korhogo et à San Pedro», avait poursuivi la Directrice. Si les propos sont rassurants, la réalité du terrain est tout autre.
Aucune société ne veut se voir arracher son marché. Et cela rend alors extrêmement difficile le travail d'investigation. Sur le chantier de la capitale politique, un ouvrier, ancien journaliste, qui a notamment basculé dans le domaine de la construction après la crise de 2010, a bien voulu nous renseigner. «Les gens nous ont fait travaillé des heures supplémentaires pendant deux ans. Mais ça n'a servi à rien. La vérité, l'argent pour payer les ouvriers ou même acheter certains matériaux, n'arrivait toujours pas à temps», révèle-t--il.
Il poursuit : «Le terrassement de ce (stade) avait commencé en fin 2018. Je ne sais pas si le fait que le stade soit construit sur un ancien cimetière soit le problème. Nous sommes en Afrique, il faut prendre tout au sérieux surtout le côté mystique», a révélé D. Sylvain, de l'entreprise Sogea Satom.
Même son de cloche sur le chantier de la bonbonnière du Plateau . «Le Stade Félix Houphouet-Boigny a été construit pour la première fois sur les ruines de l'ancien Geo André. Il a été réhabilité à plusieurs reprises. La dernière fois pour y incorporer l'ancienne direction de l'ONS. Toutes ces modifications antérieures rendent les travaux difficiles. Sans compter que les moyens arrivent au compte-goutte. Actuellement, nous sommes en train de refaire la façade et la pelouse a été décapée...Honnêtement, je ne pense pas qu'on sera prêt avant fin 2023. Il y a tellement à faire. Mais, si on nous demande d'accélérer les travaux, on va s'exécuter. Le temps presse.», confie pour sa part , S. Ali, un des chauffeurs des grues visibles un peu partout sur le chantier.
Aucun responsable des travaux ou du ministère n'a voulu se prononcer. «Il n'y a aucune crainte à avoir. Il y a même des pays où on a joué des CAN avec l'odeur de la peinture encore fraîche», ironise une source qui sert au service communication du ministère des Sports.
Malgré ces gros retards constatés dans la réception des stades, les Ivoiriens gardent cependant espoir de voir leur image préservée.