La Confédération africaine de football a adressé un courrier au ministre des Sports du Gabon afin d'avoir des explications sur les raisons de la détention de Pierre-Alain Mounguengui et exiger sa libération. Le président de la Fédération gabonaise de football est incarcéré dans le cadre du scandale de pédophilie au sein du football gabonais. Face à cette situation, la CAF met en garde contre une ingérence politique qui pourrait mener à une suspension des sélections et clubs gabonais.
Le ton monte autour de ce qui est désormais appelé au Gabon « l'affaire Mounguengui », du nom du président de la Fédération gabonaise de football. D'abord convoqué afin d'être entendu dans le cadre du Capellogate, ce vaste scandale de pédophilie qui a éclaté dans le football gabonais, révélé au grand jour par une enquête du Guardian, le dirigeant a été placé en garde à vue, avant que son incarcération ne soit finalement prononcée. Il est mis en examen notamment pour avoir couvert les agissement d'entraîneurs et membres de la Fédération, alors que les faits lui ont été rapportés, d'après l'enquête menée par la justice gabonaise.
L'information n'a pas tardé à remonter jusqu'à la Confédération africaine de football, qui a très vite réagi. Dans un courrier à l'attention du ministre des Sports, Franck Nguema, dont Sport News Africa a eu connaissance, le secrétaire général de l'instance, Veron Mosengo-Omba, s'interroge sur les raisons de l'arrestation de Pierre-Alain Mounguengui. Il évoque notamment la « présomption d'innocence » dont devrait bénéficier le prévenu, tout en pointant une « coïncidence troublante » et des « motifs peu clairs » autour de cette arrestation. En somme, il y aurait une volonté d'écarter celui qui vient d'être réélu pour un 3ème mandat à la tête de la Fédération gabonaise de football, dont il demande la libération immédiate.
De là à y voir une immixtion du politique dans cette affaire, il n'y a qu'un pas. Et la CAF a tenu à rappeler au ministre des Sports du Gabon que toute ingérence au sein de la Fegafoot serait sanctionnée par les dispositions prévues par les textes de la CAF et de la FIFA. Le Gabon s'expose notamment à une suspension de toutes ses sélections nationales, mais aussi de ses clubs. Menace à peine voilée sur la participation des Panthères aux éliminatoires de la CAN 2023, qui vont débuter au mois de juin. Et en cas de suspension, celle-ci pourrait aller d'une durée de deux à quatre ans. Ce qui serait un coup de plus porté au football gabonais, dont le championnat doit en principe reprendre le 14 mai, après plus de deux ans d'interruption totale.
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Un scénario que veut à tout prix exclure le ministre des Sports du Gabon. « Les conditions de détention de M. Mounguengui s’effectuent dans le strict respect des droits de l’homme », a indiqué Franck Nguema dans un communiqué en guise de réponse. Il a également rappelé que le dirigeant fait « l’objet d’une procédure judiciaire au motif qu’il aurait gardé le silence face aux abus sexuels qu’auraient vécus pendant des années, des centaines de footballeurs mineurs de la part de leurs encadreurs, dont il est le président fédéral depuis huit (8) ans, soit de 2014 à 2022 » et qu'il n'est pas le seul impliqué dans cette affaire, qui n'est pas un règlement de compte avec Mounguengui.
« Nous étions loin de l’élection de la Fegafoot qui s’est tenue le 16 avril 2022. A cet effet, M. Mounguengui a été entendu pour la première fois par l’Etat-major des Polices d’investigations judiciaires au service des affaires criminelles, le 21 décembre 2021 », a également tenu à rappeler le ministre, qui indique demeurer à l'écoute de la CAF et de la FIFA, des « partenaires privilégiés pour la promotion du football au Gabon. » Reste à savoir si cette réponse sera suffisante pour éviter une possible suspension. Au niveau de la CAF, les options restent ouvertes, même si l'instance attend de connaître la suite qui sera donnée à cette affaire. La détention provisoire de Pierre-Alain Mounguengui a été fixée à 10 jours. Passé ce délai, le couperet pourrait tomber.