Malgré le phénomène des salaires impayés aux joueurs et l’ultimatum du président de la Fécafoot Samuel Eto’o, les clubs posent des conditions pour la reprise du championnat. La Fédération recule et annonce le report du démarrage de la phase retour de la saison, initialement prévu ce Dimanche 8 mai 2022.
L’optimisme et les promesses de Samuel Eto’o survivront-ils aux présidents des clubs de football professionnel du Cameroun ? Après un début de saison remarquable marqué notamment par le retour du public dans les stades, une menace pèse déjà sur la suite du championnat. En effet, les clubs, réunis sous l'égide de l’Association des Clubs d’Elite du Cameroun (ACEC) ont annoncé leur intention de ne pas participer à la suite des championnats professionnels si un certain nombre de conditions n’étaient pas remplies.
Les dirigeants de clubs revendiquent en premier, le paiement du solde de la dotation de la Fédération de football (Fécafoot). Ils réclament aussi l’ensemble de la subvention du gouvernement qui s’élevait à près de 560 millions de francs CFA (plus de 857 mille euros) lors des précédentes saisons. L’on apprend également, que les présidents de clubs souhaiteraient avoir des précisions sur leur quote-part dans les retombées du partenariat entre la Fédération et le sponsor officiel des championnats professionnels, la société de téléphonie mobile MTN Cameroon.
Par ailleurs, l’ACEC s'insurge contre les méthodes de travail du Syndicat national des footballeurs camerounais (Synafoc). Le Syndicat accuse les clubs de ne pas payer les joueurs. Les clubs eux, accusent le Syndicat d'immixtion dans leurs gestions internes et menacent de porter l’affaire devant les juridictions compétentes. «On ne sait pas sur quelle base le Synafoc a mené son enquête. Nous nous insurgeons contre les méthodes du Synafoc », lâche le secrétaire général de l’ACEC, Norbert Nya. « Le problème dit-il, c’est la démarche. Le Synafoc et la Fécafoot sont nos partenaires et nous sommes tenus de travailler dans un climat de confiance. Or il se trouve que le Synafoc est le syndicat des joueurs syndiqués au sein de son organisation. Le Syndicat ne représente donc pas automatiquement tous les footballeurs du Cameroun ».
Forts de toutes ces revendications, les présidents des clubs ont saisi le 3 mai 2022, le Conseil transitoire du football professionnel (CTFP). Dans leur correspondance, ils demandent le « report des programmations » des matchs de la phase retour des championnats. Pour eux, la non satisfaction de leurs revendications et surtout les réclamations salariales des joueurs et autres charges qui se posent avec acuité, entraîneraient à coup sûr des forfaits généralisés.
Mais face aux revendications des clubs, la Fécafoot est d’abord restée de marbre. A la suite d’un premier ultimatum lancé fin avril, Samuel Eto’o a de nouveau saisi les clubs le 5 mai dernier. Dans son communiqué, l’ex attaquant du Barça et de l’Inter Milan invite les présidents de clubs à bien vouloir mettre à la disposition de la Direction Administrative et Financière de la Fécafoot, « les pièces justifiant le paiement des salaires des joueurs » afin de percevoir le solde de la subvention qu’ils réclament.
Dans le même temps, le Conseil chargé de l’organisation des championnats professionnels a rendu publique la programmation de la première journée de la phase retour initialement prévue ce dimanche 8 mai 2022. Sauf qu’à la surprise générale, un second communiqué du même Comité a été rendu public la veille, samedi 7 mai, annonçant « qu’à la demande de l’Association des Clubs d’Elite du Cameroun (ACEC), les matches de la phase retour des championnats sont reportés et débuteront plutôt le jeudi 12 mai 2022 ». Un report de quelques jours qui ne changerait rien à la situation. Car les clubs sont déterminés à voir leurs réclamations être entièrement réglées avant un retour dans les stades. L’on annonce une réunion stratégique entre la Fécafoot, le CTFP et les clubs en début de semaine.
Kigoum WANDJI