L’objectif d’Oumy Diop est clair : porter haut les couleurs du Sénégal. Déjà championne d’Afrique sur 100 m papillon, la nageuse de 18 ans ne compte pas s’arrêter là. Elle s’est confiée à Sport News Africa avant de rejoindre Dakar pour les championnats d’Afrique Zone 2 (du 27 au 29 mai). Entretien.
Dans quelques jours débuteront les Championnats d’Afrique Zone 2 à Dakar. Comment préparez-vous cette compétition qui aura lieu dans votre pays ?
Oumy Diop : Ça va être ma première compétition à domicile, c’est forcément spécial. Mais je la prépare comme toutes les autres grandes compétitions. J’appréhende un peu, mais c’est une bonne pression. Toute ma famille sera là, ça va me donner encore plus envie de gagner. J’espère pouvoir remporter des médailles et rendre fier le peuple sénégalais.
Vous avez remporté la médaille d’or sur 100 m papillon lors des derniers championnats d’Afrique. Qu’avez-vous ressenti sur le podium avec cette médaille autour du cou ?
Beaucoup d'émotions. J’ai pleuré et crié en même temps, c’était incroyable. Surtout, j’ai pleuré pendant l’hymne parce que c’était très émouvant. On avait beaucoup entendu les hymnes égyptien et sud-africain dans la journée. Là, faire résonner l'hymne sénégalais et de savoir que c’est grâce à moi, c’est spécial. Cet hymne je le connais par cœur, je l’ai entendu tellement de fois. Je vais faire en sorte de le faire résonner aussi souvent que possible sur les podiums.
Vous êtes née en France, pourquoi avoir choisi de représenter le Sénégal ?
Oumy Diop : C’était une évidence. Le Sénégal, c’est toute ma vie. Mes parents sont sénégalais, chaque été, je vais au Sénégal, depuis que je suis petite. Je suis né en France mais le premier passeport que j’ai eu, c’était un passeport sénégalais. J’ai des cousines, aussi nées en France, qui ont concouru pour le Sénégal dans d’autres sports. Ça ne change rien d’être née en France, je n’ai pas hésité une seule seconde. C’est une telle fierté de représenter le Sénégal.
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Vous êtes détentrice de plusieurs records du Sénégal, vous améliorez sans cesse vos chronos. Qu’est-ce qui fait la différence ?
J’ai de la chance d’être là où je suis. J’ai un bon cadre de vie, je vis chez ma maman à Grenoble donc je n’ai pas à gérer mes repas ou l’intendance. Je suis aussi des cours à distance donc ça me permet de me focaliser sur la performance. Je n’ai pas à courir après les entraînements pour être à l’heure en cours. Tout est fait pour que je me concentre sur ma préparation et mes performances.
Quelle est votre journée type ?
Oumy Diop : Je commence l’entraînement dès 6h30 à l’université de Grenoble Alpes. Généralement, je nage pendant deux heures. Souvent, j’enchaîne avec une séance de musculation de 9h à 10h. Puis, je rentre manger chez moi et après j’ai un second entraînement de 15h à 17h. À côté, je prépare mon bachelor universitaire en carrières juridiques à distance.
Vous incarnez l’avenir de la natation sénégalaise, est-ce que ça vous met une pression supplémentaire ?
Au contraire. Je n’ai pas peur d’avoir beaucoup d’espoirs placés sur moi. Ça me booste. D’autant plus que je reçois énormément de messages du peuple sénégalais. Des gens qui veulent savoir comment je vais, quelle sera ma prochaine compétition et comment ils peuvent la suivre. C'est hyper motivant, ça me donne envie d’en faire deux fois plus à l’entraînement pour ne pas les décevoir.
D’où vient cette passion pour la natation ?
Oumy Diop : J’ai commencé la natation à 4 ans. J’ai toujours eu une attirance pour l’eau. Ma mère m’a inscrite dans un club directement après une séance qu’on faisait avec l’école en maternelle où je m’éclatais. J’ai tout de suite beaucoup aimé la compétition. Je sais tout nager sauf la brasse. J’adore le sprint, j’arrive à m’exprimer en crawl, dos et papillon. Mais j’ai une petite préférence pour le papillon.
Quels sont vos prochains objectifs ?
A court terme, c’est de faire les minimas olympiques pour pouvoir représenter le Sénégal aux Jeux Olympiques 2024. C’est mon rêve. Je m’en approche petit à petit, je suis à un peu plus de 2 secondes du temps qu’il faut réaliser.
Remporter une médaille olympique, ça vous fait rêver ?
Ce serait incroyable. Je rêve de devenir la deuxième médaillée olympique du Sénégal. (Ndlr. Amadou Dia Ba, médaillé d'argent au 400 m haies lors des JO 1988, est le seul athlète sénégalais à avoir remporté une médaille aux JO). Je sais à peu près le temps qu'il faut nager pour entrer en finale. J’en suis capable, je ferai tout pour aller décrocher une médaille. Rien que d’en parler, ça me donne des frissons.
Benjamin FALANGA