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Fécafoot : Au fait, ça donne quoi la gestion de Samuel Eto’o ?

Salaires impayés aux joueurs, démission et grand déballage du secrétaire général, bras de fer avec le responsable de l’organisation des championnats professionnels… Face aux obstacles, critiques et insultes, le président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), Samuel Eto'o avance sans se retourner. Ses premiers mois à la tête du foot camerounais ont été très tendus.

Samuel Eto'o lors de son passage à Limbe
Samuel Eto'o

Montrer qu'il est capable de tenir la barre. Tel est l'objectif de Samuel Eto’o. Malgré le vent et les flots violents qui s’écrasent contre le navire Fécafoot, le patron du football camerounais est déterminé à ne rien lâcher. L’ex footballeur mène chaque réforme comme une finale de Ligue des champions. Entre deux batailles, l’ancien barcelonais se retrousse les manches pour relever les défis et surmonter les obstacles et les critiques.

Quand Eto’o impose Rigobert Song

La première bataille qu’il remporte est celle de nommer un camerounais sur le banc de touche de l’équipe nationale. Fin février, Eto’o obtient, au terme d’un long bras de fer avec le ministre camerounais des Sports, le limogeage de Toni Conceiçao au profit de son ex coéquipier Rigobert Song, au poste de sélectionneur. Un choix qui a divisé l’opinion nationale sur le coup, mais qui s’est finalement avéré payant plus tard. Les Lions indomptables et Song ont en effet qualifié le pays pour le Mondial 2022 en venant à bout d’une redoutable équipe de l’Algérie (0-1 à Douala et 1-2 à Blida).

Un management critiqué

D’un chantier à un autre, Samuel Eto’o pousse pour mettre en œuvre les grandes lignes de son programme. A la Fédération, il travaille à la restructuration de l’administration fédérale à travers entre autres, l’amélioration de la gouvernance financière. « Un renforcement des mécanismes de contrôle au sein des organisations est essentiel afin d’atteindre les objectifs de performances de manière efficace et efficiente», déclarait-il pendant la campagne électorale. Plusieurs réformes sont donc menées. Notamment la mise en œuvre progressive d’un nouvel organigramme à travers le recrutement de personnels à des postes clés. Et aussi la poursuite de la finalisation du processus de mise en conformité des ressources humaines de la Fécafoot.

Mais la nouvelle politique managériale de la Fédération n’est pas sans heurts. Eto’o perd deux collaborateurs majeurs. D’abord la responsable du marketing, virée le 4 mai 2022 pour «soupçons de malversations financières». Puis le secrétaire général, démissionnaire le 18 mai 2022. Avant de quitter le navire, Benjamin Didier Banlock va lâcher une bombe contre son ex patron : «une administration de progrès à la Fécafoot ne peut se réduire à la “danseuse du président” qui semble être votre seule volonté». Une sortie qui remet en doute le type de management pratiqué à l’intérieur des quatre murs de la Fédération. Mais il en faut plus pour décourager Eto’o.

Présidents de clubs, un caillou dans la chaussure

L’ex numéro 9 des Lions indomptables est également engagé dans la refondation du football local. Bientôt une Ligue du football de jeunes va voir le jour. Le football féminin gagne en visibilité et les conditions des joueuses ont été améliorées. Quant au football professionnel, la subvention accordée aux clubs a été doublée. La fédération prend en charge l’hébergement et la restauration des 25 clubs de l’Elite One. La compétition est plus attractive. Des négociations sont en cours en vue de la signature d’une convention avec la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (Cnps) pour la protection sociale des joueurs, entraîneurs et arbitres.

Malgré tous ces efforts, le phénomène des joueurs sans salaire perdure. Eto’o a tenté de rétablir la situation en conditionnant le versement du solde de la subvention aux clubs par la présentation des preuves de paiement des salaires aux joueurs. Une bataille perdue face au chantage de certains présidents de clubs, prêts à boycotter la phase retour de la saison. Déterminé à devenir le premier président de l’histoire de la Fécafoot à organiser un championnat sans perturbation ni arrêt forcé au cours de ces dix dernières années, Samuel Eto’o a payé les clubs. Tout en continuant de mettre la pression pour une meilleure prise en charge des joueurs.

Nouveau bras de fer

Pendant qu’il mène ce combat, un nouvel obstacle se hisse sur son chemin : un bras de fer que tente de lui imposer le président du CTFP, le Conseil transitoire chargé de l’organisation des championnats professionnels. En effet, en date du 13 mai 2022, le patron du CTFP Pierre Semengue a limogé le secrétaire général du Conseil, Paul Mebizo’o. Trois jours plus tard, Eto’o l’a saisi par courrier. « La Fécafoot reste la tutelle du CTFP et donc seule habilitée à nommer les membres de cette Commission », a-t-il écrit. Avant de trancher : « le secrétaire général en fonction est monsieur Paul Mebizo’o ».

La réponse de Pierre Semengue tombe le lendemain : « une collaboration avec monsieur Mebizo’o Paul n’est plus envisageable ». Le président du CTFP à l’étroit, a nommé un nouveau secrétaire général. Alors qu’Eto’o a décidé d’avancer avec celui qui a été auparavant limogé.

Kigoum Wandji

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