Portés par leur doyen, auteur d’un doublé, il y a 32 ans, le 23 juin 1990, les Lions indomptables devenaient la première nation africaine à se qualifier pour les quarts de finale d’un Mondial.
De notre correspondant au Cameroun
Stade San-Paolo (aujourd’hui rebaptisé Diego-Armando-Maradona), le 23 juin 1990. Le Cameroun affronte la Colombie dans le cadre des huitièmes de finale de la Coupe du monde qui se tient en Italie. L’arbitre vient de donner le coup d’envoi de la deuxième période de la prolongation. Aucune des deux nations n’est en effet parvenue à marquer jusqu’ici. Soudain, alors qu’on joue la 1ère minute de cet ultime quart d’heure, François Omam-Biyik sert Roger Milla dans la profondeur. Le plus vieux joueur de la compétition efface deux défenseurs colombiens avant de fusiller le portier. Incroyable ! Les Lions indomptables du Cameroun mènent 1-0 (106e).
Le passeur décisif, pour Sport News Africa, rembobine : «Roger Milla est un aîné qui a, tout au long de sa carrière donner le meilleur de lui-même pour notre pays et s’est présenté en joker. Il fallait jouer avec lui et pour lui. En lui faisant cette passe, je savais qu'il avait l'expertise pour mettre la balle au fond.»
Alors que ses coéquipiers et lui se demandent s’il ne faut pas se replier pour défendre ce petit avantage, Roger Milla s’illustrait peu après, en profitant d’une bourde du gardien René Higuita : 2-0 pour le Cameroun (109e). Bernado Redin réduit ensuite le score (2-1, 116e), mais pour son pays, la messe est dite.
Après s’être payé l'Argentine de Maradona, la Roumanie de Hagi et la Colombie de Valderrama, Roger Milla et une génération dorée de joueurs, faisaient du Cameroun la première nation africaine de l'histoire à disputer un quart de finale de Coupe du monde. «Ce match a été l'expression de la solidarité dans le jeu, la communion dans les faits et la détermination à placer notre pays où aucun représentant de l'Afrique n'est parvenu, s’enflamme se réjoui François Omam-Biyik, buteur héroïque contre le pays de Maradona. Notre qualification pour le quart de finale de ce Mondial a été le meilleur moment pour nous après le match d’ouverture gagné contre l'Argentine. Quel symbole !»
C’est une évidence : sans Roger Milla, le Cameroun ne serait pas parvenu à réaliser un tel exploit. Même s’il n’était pas seul sur le terrain, l’ancien buteur du Tonnerre Kalara de Yaoundé aura été un atout clé de la belle épopée des Lions qui terminaient leur course en quarts de finale face à l’Angleterre.
Pourtant, l’homme aux 102 sélections aurait pu manquer ce tournoi. Déjà à la retraite, il aura fallu une intervention du chef de l’Etat, Paul Biya, pour voir le sélectionneur, Valeri Nepomniachi, lui donner une place dans son groupe.
«Roger Milla est resté égal à lui-même ; c'est-à-dire un joueur décisif, s’incline Omam-Biyik. Sa position de joker a été salutaire pour le groupe. Si tous les retraités pouvaient revenir en activité comme lui, cela ne serait que bénéfique pour le pays et les jeunes générations.»
Le passeur de Milla ajoute : «Bravo à Roger Milla et merci à l'ensemble de l'équipe qui, tout au long de la compétition est restée une famille. Nous avons partagé les mêmes émotions, les mêmes rêves avec pour maître mot le bonheur et la satisfaction de notre peuple. Un peuple qui n'a pas de prix.»
Kigoum WANDJI