L’Association nationale des footballeurs professionnels du Gabon (ANFPG) a interpellé les autorités locales, et notamment la Ligue nationale de football professionnel (LINAF), au sujet de la situation des joueurs du championnat, qui n'ont toujours pas perçu leurs salaires. Alors que le championnat a démarré depuis trois mois, une très large majorité d'entre eux n'a toujours pas été payée.
82% des joueurs du National-Foot, le championnat du Gabon, n'ont pas perçu le moindre salaire depuis le coup d'envoi de la saison. C'est le chiffre marquant dévoilé par l'Association nationale des footballeurs professionnels du Gabon (ANFPG). Relancé en avril dernier après plus de deux ans d'arrêt total, le championnat qui doit en principe se terminer au mois de septembre se trouve déjà dans une impasse. Face à cette situation, l'organe de défense des intérêts des joueurs a tenu à tirer la sonnette d'alarme afin d'interpeller la Ligue nationale de football professionnel (LINAFP) et ses partenaires, afin de régulariser cette situation dans les meilleurs délais.
« Tous les membres de l’ANFPG attendent de recevoir leurs salaires au plus tard le 7 juillet 2022 en espèces, par chèque ou par virement bancaire ou tout autre moyen de paiement électronique », a indiqué l'association dans un communiqué. En guise de réponse la Ligue a rejeté la responsabilité de cette situation sur les clubs, en indiquant que ces derniers n'ont pas respecté la procédure afin de recevoir les paiements. L'instance affirme que sur les 24 clubs de National 1 et 2, seuls 5 ont reçu leur paiement et que pour 9 autres, les dossiers sont en instance de paiement. « La ligue nationale de football professionnel a rappelé aux responsables des clubs, la procédure à mettre en œuvre pour le paiement des salaires des footballeurs professionnels », a fait savoir l'instance, mentionnant que les paiements ne pouvaient se faire que par virement bancaire.
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Une réponse loin de satisfaire l'ANFPG, qui a sévèrement contesté les justifications de la Ligue. Dans un nouveau communiqué, l'association des joueurs gabonais a tenu à dénoncer les prétextes avancés par la Ligue pour tenter de justifier ces trois mois sans salaires pour 82% des joueurs. Elle a notamment tenu à rappeler que : « la loi n°22/2021 portant code du Travail en République Gabonaise ne rend pas obligatoire le paiement de salaires par virement bancaire. La convention LINAFP/Clubs professionnels du 26/04/2022 ne peut donc se substituer à cette loi, dans son article 181, pour des questions liées au contrat de travail. » En somme, les footballeurs peuvent être payés par tous types de moyens prévus par la loi gabonaise.
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Ces footballeurs n'ont touché aucun #salaire depuis 2020.
Ces footballeurs réclament une #dette de 1 500 000 000 FCFA entre 2016 et 2020.Que faut-il faire de plus pour toucher votre sensibilité ???@FIFPRO@FIFProAfrica @OITinfo https://t.co/QD1ylW1ODL
— Remy Ebanega (@akongremy) July 7, 2022
D'après les indications de la LINAFP, le salaire d'un joueur de D1 gabonaise tourne autour de 250 000 francs CFA par mois (environ 381 euros). Pour la saison sensée se jouer d'avril à septembre, c'est donc 1,5 million de francs CFA (environ 2290 euros) que chaque footballeur doit percevoir. Si la situation des acteurs n'est pas rapidement régularisée, l'ANFPG craint de se retrouver à nouveau dans le même cas de figure qui a conduit à une dette de près de 1,5 milliard de francs CFA (environ 2,3 millions d'euros) dus aux footballeurs, cumulée sur 5 saisons. Situation qui a poussé certains joueurs à abandonner le ballon rond pour tenter de se reconvertir dans un autre domaine.
Récemment, la Fifpro, le syndicat mondial des joueurs, a publié un avertissement au sujet des transferts en cette période de mercato. Elle a déconseillé aux footballeurs de signer pour des clubs en Algérie, en Chine, en Grèce (Super League 2), en Libye, en Roumanie, en Arabie saoudite et en Turquie en raison de violations contractuelles systématiques et généralisées dans ces pays. Une liste que l'ANFPG craint de voir le Gabon rejoindre sans changement radical.