A la veille du démarrage de la nouvelle saison de Ligue des champions de la CAF, Sport News Africa dans sa rubrique ''Retro'' revient sur la finale de l’édition 1995 remportée par Orlando Pirates devant l’ASEC Mimosas. Avec quelques anecdotes croustillantes de l’ancien défenseur du club ivoirien, Akassou Ghislain.
De notre correspondant en Côte d'Ivoire
Il y a des dates importantes dans la vie d'un homme comme celle de sa naissance, de son mariage. Pour Akassou Ghislain, en plus de ces jours-là, il y a eu le 16 décembre 1995. Une date qu'il n'est pas prêt d'oublier tant elle lui rappelle un souvenir douloureux. En effet, alors qu'il pensait décrocher son premier titre de champion d'Afrique avec l'ASEC Mimosas, un télescopage entre lui et Dao Lacina, son coéquipier de la charnière centrale, a permis à Orlando Pirates de scorer et de finalement l'emporter 1-0. Une courte défaite synonyme de sacre des Sud-africains puisqu’au match aller, les deux équipes avaient fait 2-2. Akassou revoit encore cette action malheureuse qui a fait basculer cette finale retour de Ligue des champions de la CAF du rêve au cauchemar.
«Je crois qu'un athlète doit retenir ce qu'il y a eu de positif dans sa carrière mais également ce qui a été négatif. La finale de 1995 face à Orlando Pirates fait sans doute partie de mes pires souvenirs de footballeur. Mais aujourd'hui, la leçon que j'en tire, au-delà du malheur qu'on a vécu ce jour-là, c'est qu'on ne défie pas Dieu», commence-t-il son récit, avant de marquer une longue pause. Il semble chercher par quel bout ressasser la faute défensive qui a emmené le but de Jerry Shikosana. L'unique de la partie qui a permis aux Sud-africains de monter sur le toit de l'Afrique cette année-là. Il finit par faire le vide dans sa tête et reprendre son speech. «Cette année-là, nous avions une pratique qui nous a mené là, en finale. On avait pris l'habitude de prier avec un homme de Dieu avant chaque match. Il montait même sur la pelouse souvent avant nos rencontres. Mais, subitement, le jour de la finale, nous avons remplacé Dieu par les marabouts, les fétiches, des pratiques occultes. Et cela nous a coûté ce titre», avoue-t-il la gorge nouée.
Après son match nul à l'aller en Afrique du Sud (2-2), l'ASEC Mimosas s'attendait pourtant à finir le boulot au Stade Félix Houphouet-Boigny à Abidjan ce 16 décembre 1995 là. Hélas, le tamponnage des deux centraux a brisé le rêve de tout un peuple. Mais aussi surprenant que cela puisse paraître, Akassou Ghislain et Dao Lacina n'ont jamais évoqué le drame de leur vie. Même pas dans les vestiaires où même aujourd'hui encore.
«Coach Dao (actuel entraîneur des U17, Ndlr) et moi nous n'avons jamais reparlé de ce match. Nous avons communiqué ce jour-là, avant l'action malheureuse. Ce n'était donc pas faute de s'être parlé. Mais il y avait comme une force surnaturelle qui nous a poussé à la faute, en plus le gardien Diarra Seydou était avancé. Trop de faits de jeu en quelques secondes nous ont fait perdre ce match que tout le pays attendait et avait même commencé à fêter dans tous les foyers avant le coup d'envoi», a-t-il conclu.
Sanh SEVERIN