Sénégal : Mame Cheikh Fam, un phénomène du teqball

Le teqball s’installe doucement mais sûrement au pays de la Téranga. Lancé en avril 2019 au Sénégal, ce sport qui est une combinaison de tennis de table et de football, se pratique sur une table arquée en simple ou en double. Le Sénégal prend part à sa 2ème coupe du monde de la spécialité au mois de novembre en Allemagne après 2021 en Pologne. Et le Sénégal compte sur sa pépite, Mame Cheikh Fam, véritable phénomène et qui vient de faire une razzia au championnat national tenu les 1er et 2 octobre derniers au stade Amadou Barry de Guédiawaye (Dakar).

Une technique hors du commun

Pour s’imposer au teqball, il faut au préalable pratiquer du football, la base de cette discipline. Mame Cheikh Fam ne déroge donc pas à cette règle. Le petit prodige est passé dans les petites catégories du Jaraaf. « Mame Cheikh est d’abord un jeune footballeur avec énormément de talent et qui était prédisposé à une grande carrière si la chance était de son côté », soutient Modou Guèye Seck, secrétaire général de l’association sénégalaise de teqball.

C’est par le plus grand des hasards que Mame Cheikh découvre le Teqball. En novembre 2019, il prend part à une détection de jeunes talents sur la plage de Malibu à Guédiawaye (Dakar). Il remporte ce tournoi et tombe définitivement amoureux de ce sport qui met en valeur sa technicité et son habileté avec le ballon. « J’ai tout de suite aimé le Teqball, a confié Mame Cheikh Fam à Sport News Africa. J’allais jusqu’à visionner des vidéos sur YouTube pour mieux comprendre ce sport et ses différentes règles ».

Pour Modou Guèye Seck, le teqball est taillé sur mesure pour ce gamin de la banlieue. Ses qualités techniques épousent parfaitement les spécificités de la discipline. « Il a des prédispositions naturelles en termes de technique, d’adresse, de vivacité mais également une certaine vélocité qui lui permet de reproduire les gestes les plus difficiles au Teqball comme le smash. La première chose qui m’a frappé chez lui à ses débuts, c’est qu’au bout d’un mois à peine, on le voyait tenter des smashs qu’il multipliait dans les matchs », assure-t-il.

Intouchable depuis 3 ans

Vainqueur de tous les tournois et championnats possibles au Sénégal depuis novembre 2019, Mame Cheikh Fam a récidivé les 1er et 2 octobre derniers lors du championnat du Sénégal pour désigner les représentants sénégalais aux Mondiaux de teqball. « En ce moment Mame Cheikh est indéboulonnable au Sénégal. Il a pris une sacrée avance sur la concurrence même si le nivellement vers le haut se fait avec Ciré Doumbouya de Ecobat Teqball club de Tamba et Khadim Diop de Keur Mbaye Fall.  Mais Mame Cheikh a tellement d’ambitions pour le Teqball sénégalais et pour sa carrière qu’il se fait violence, qu’il regarde les meilleurs à travers le monde et essaye d’être à leur niveau. Son malheur est de ne pas pouvoir être régulièrement dans les compétitions avec ces meilleurs « tequeurs » du monde », insiste Guèye Seck.

Le natif de Guédiawaye a aussi la chance d’évoluer dans le meilleur club de teqball du pays : Jappo Teqball. Un club avant-gardiste qui a fait une razzia au récent championnat national. « Jappo est un club qui depuis le début a mis les moyens qu’il faut pour être la locomotive du Teqball sénégalais au niveau des clubs, confie Guèye Seck. Ils ont non seulement bien encadré Mame Cheikh, mais ont mis les moyens pour trouver un espace où s’entraîner régulièrement. Ils ont aussi recruté des jeunes de moins de 13 ans qui commencent à maîtriser la discipline et préparer la relève. C’est ce travail là qui contribue à faire de Mame Cheikh la tête de gondole de la discipline au Sénégal ».

Champion du Sénégal en simple, double et double mixte, Mame Cheikh a perdu le 1er set de sa carrière en compétition nationale. Une situation qu’il a pu gérer grâce à son vécu international. « Avant les Mondiaux de 2021 je n’avais perdu le moindre set en carrière. En huitièmes j’ai perdu le premier et cela m’a totalement désorienté parce que je n’avais pas le mental pour refaire mon retard n’ayant pas l’habitude de perdre une manche. Aujourd’hui cette expérience engrangée en coupe du monde m’a permis de rebondir après la perte du premier set. C’est l’une des victoires dont je suis le plus fière parmi les challengers que j’ai pu jouer. Cela prouve que j’ai un mental fort » s’est réjoui le joueur de 19 ans.

Objectif, une première médaille mondiale

Pétri de talent, Mame Cheikh Fam n’en n’est pas moins un forcené de travail et qui ne cesse de se remettre en question. « C’est un sport qui requiert une grande concentration. Quand on ne se concentre pas assez, on a du mal à maîtriser le ballon qui glisse sur cette table. Ça demande aussi des aptitudes physiques pour parvenir à contrôler n’importe quel tir de l’adversaire. C’est beaucoup de travail pour arriver au niveau où l’on se trouve actuellement. Je pense que mon secret c’est mon amour du travail au quotidien, en club. C’est ce qui explique que j’ai énormément progressé en si peu de temps », a-t-il révélé.

Pour sa première participation au championnat du monde de Teqball en 2021 en Pologne, Mame Cheikh atteint les huitièmes de finale. Dans un mois à Nuremberg en Allemagne, le natif de Guédiawaye n’a que les demi-finales en ligne de mire. « L’objectif cette année c’est de se hisser dans le carré d’as et pourquoi pas en finale, lance-t-il. Je ferai tout pour y arriver parce que je travaille dur pour cela. On a beaucoup d’espoirs pour cette coupe du monde et j’espère ramener une médaille et hisser le drapeau du Sénégal le plus haut possible. Ce serait un immense honneur pour moi et pour mon pays ».

Un objectif totalement à sa portée selon Modou Guèye Seck qui regrette son élimination en ⅛ finale l’année dernière. « On a de réelles chances d’avoir une médaille avec Mame Cheikh. Déjà en 2021 en Pologne, on est rentré très déçu malgré la belle performance pour une première. Mais il y avait largement la place pour accrocher au moins les demi-finales. En huitièmes de finale, celui qui l’a battu est loin d’être meilleur que lui. C’est plus sur des erreurs de concentration, un manque de physique et un péché de jeunesse qui lui ont fait défaut », a-t-il reconnu.

Moustapha M. SADIO