Initialement prévue ce mardi 27 décembre, l’élection du prochain président de la Fédération camerounaise de volleyball a été reportée. Les textes choisis pour encadrer le scrutin sont au cœur de la crise.
De notre correspondant au Cameroun,
Pas d’élection à la Fédération camerounaise de volleyball (Fécavolley). Initialement prévu ce mardi 28 décembre, le scrutin a été «reporté à une date ultérieure» par le Conseil d’administration de la Fédération. Raison invoquée : les risques d’affrontements entre les membres de l’Assemblée générale. «Des gens se sont organisés pour nous empêcher de travailler», a déclaré le candidat et président sortant Julien Serge Abouem.
La situation est en effet sous tension à la Fécavolley. Deux camps s’opposent. D’un côté, il y a le groupe du président sortant. Et de l’autre, celui de son challenger et ancien vice-président, Bello Bourdane. La deuxième faction accuse l’équipe en place de vouloir torpiller le processus pour se maintenir.
En effet, en date du 28 novembre 2018, l’Exécutif sortant de la Fécavolley a organisé une Assemblée générale. Au terme des travaux, les Statuts de l’année 2013 en vigueur ont été modifiés et de nouveaux textes adoptés. Et c’est là, le principal nœud du problème. La faction Bello Bourdane accuse le camp adverse d’avoir tailler les textes à la mesure du président sortant. « Lors de cette Assemblée, le président sortant a permis à plusieurs personnes n’ayant pas la qualité requise de contribuer à la modification des statuts de 2013 et l’adoption de nouveaux Statuts », argue Joe Archange Samba, membre de l’Assemblée générale.
« Il y a eu usurpation de la fonction de membre statutaire de la Fécavolley, appuie-t-il. Dès lors, il y a eu fraude ; la fraude corrompt le processus et la sanction de la fraude c’est la nullité de l’acte. De ce fait, le droit restaure l’application de la loi à laquelle le président sortant a tenté d’échapper. Par ce retour au statu quo anté, les textes de 2013 et les membres statuaires issus de l’Assemblée générale de 2013 sont les seuls légitimes ». Ce que le camp d’en face n’est pas prêt d’accepter. « La Fécavolley est gouvernée par ses Statuts de novembre 2018. Ce sont les seuls Statuts en vigueur de par la loi », soutient le président sortant.
Le problème avec les Statuts adoptés en 2018, c’est qu’ils écartent plusieurs acteurs du processus électoral. Ces derniers croient savoir que la manœuvre du Bureau sortant a pour finalité de faire réélire Julien Serge Abouem dans le but de maintenir le voile sur la gestion financière de la Fédération. Le président sortant étant soupçonné de détournement présumé de fonds publics destinés à la Fécavolley. « Les membres statutaires de l’Assemblée générale de 2013 regrettent et condamnent cette attitude irresponsable du président sortant qui cherche à détourner l’attention sur le contrôle de sa gestion financière opaque sur la période allant de 2013 à 2022 », insiste Joe Archange Samba.
Au-delà des accusations et autres soupçons, la menace qui pèse sur la bonne organisation des élections à la Fécavolley reste concrète. De ce fait, le ministre des Sports s’est invité dans le processus. Et à première vue, il semble opposé aux manœuvres du Bureau sortant. Narcisse Mouelle Kombi est favorable à un retour aux textes et à l’Assemblée générale de 2013. « Le ministre des Sports reste dans ses prérogatives régaliennes, martèle Samuel Zo’ona, employé au service de communication du ministère des Sports. Nous devons revenir aux dispositions légales à savoir : retourner à l’Assemblée générale de 2013 ». Seulement, la prise de position du patron des sports camerounais est très mal perçue à la Fécavolley où certains le qualifient de « pompier pyromane ».
Les dirigeants de la Fédération n’écartent pas la possibilité d’engager la responsabilité du ministre des Sports devant les juridictions compétentes. L’on se dirige sans doute vers un bras de fer, alors que la date de clôture du renouvellement des instances dirigeantes au sein des Fédérations sportives est fixée au 31 décembre 2022.
Kigoum WANDJI