Il n’est pas encore question du vertige des grands soirs, de l’euphorie collective qui s’empare, en quelques minutes, de tout un pays, mais les supporters algériens y pensent quand même très fort. Personne n’a oublié les scènes de liesse populaire à Alger, Oran, Constantine ou Sétif après le sacre des Fennecs lors de la Coupe d’Afrique des Nations 2019 sur les terres du grand rival égyptien. Ni celles célébrant la victoire d’une équipe composée de locaux et de quelques expatriés à l’occasion de la Coupe Arabe des Nations disputée en décembre 2021 au Qatar, avec un certain Madjid Bougherra, l’actuel sélectionneur des locaux, aux commandes.
Le peuple algérien est ainsi fait que tous les succès de la sélection nationale sont un prétexte pour célébrer son amour inconditionnel du football. Non, le Championnat d’Afrique des Nations n’a évidemment pas le goût et le prestige d’une CAN, mais en Algérie, on prend tout de même la chose très au sérieux, et les supporters ont du mal à envisager autre chose qu’un titre, le 4 février prochain. «Il y a un certain engouement autour de ce CHAN, grâce à la presse, qui en parle beaucoup, et aux réseaux sociaux. Mais je pense qu’on le mesurera vraiment à l’occasion du match d’ouverture contre la Libye, vendredi soir au stade de Baraki, dans la banlieue d’Alger. Ici, tout le monde a compris que l’objectif était de remporter ce tournoi pour la première fois», admet Yazid Ouahib, chef du service des sports du quotidien El Watan. “Pour le pays organisateur, c’est quelque chose d’assez logique. Et objectivement, la sélection a les moyens de faire un très bon parcours.”
Même si les deux derniers résultats face à la Mauritanie en décembre (0-0) et le Ghana (0-0), pas plus tard que le 7 janvier dernier, à Baraki, ont (un peu) refroidi l'enthousiasme ambiant, après toute une séries de matches globalement convaincants, l’Algérie a en effet un beau profil de favori. «Il y a plusieurs mois que Bougherra travaille un groupe, même si certains joueurs, transférés à l’étranger, ne joueront pas le CHAN», intervient Nabil Neghiz, ancien sélectionneur intérimaire de l’Algérie et désormais à l’USM Khenchela. «Bougherra, qui fait du très bon travail, a organisé de nombreux stages et matches amicaux, en Algérie et à l’étranger, a dégagé une ossature, avec essentiellement des joueurs du MC Alger, de l’USMA, du CR Bélouizdad. L’équipe est solide défensivement. Par contre, au niveau offensif, elle donne moins de garanties, cela s’est vu sur les deux derniers matches amicaux».
La personnalité de Madjid Bougherra (40 ans), ancien capitaine des Fennecs et ex défenseur de Charlton Athletic (Angleterre) et des Glasgow Rangers (Ecosse) n’est évidemment pas étranger à l’optimisme qui escorte la sélection locale. «Il a de l’expérience, il est jeune, donc connaît bien la nouvelle génération, et il veut que son équipe propose quelque chose. Son travail est apprécié en Algérie», poursuit Neghiz. Si l’Algérie a des atouts individuels et collectifs, et si ce CHAN donnera quelques indications sur la vraie valeur du championnat algérien, les joueurs devront aussi résister à la pression qui ne manquera, et sans doute beaucoup plus tôt qu’ils le supposent, à peser sur eux.
La plus grosse erreur des Algériens – et on pense plus ici aux supporters qu’au staff technique et aux joueurs, déjà avertis du danger – serait de croire que le premier tour sera une formalité. Sur le papier, la Libye, l’Ethiopie et le Mozambique ne sont effectivement pas des terreurs, mais ces trois sélections ressemblent furieusement à leur équipe A. «C’est effectivement le danger. C’est surtout le cas pour la Libye et l’Ethiopie. Il ne faut pas croire que ce sera simple, car les joueurs de ces équipes se connaissent parfaitement», ajoute Yazid Ouahib.
Le match d’ouverture, face à des libyens qu’on annonce coriaces et plein de détermination, permettra aux algériens d’en savoir un peu plus sur cette sélection qu’ils sont prêts à accompagner jusqu’au bout de CHAN…
CHAN 2022 : le calendrier complet de la compétition
Alexis BILLEBAULT