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Mondial U20 : Sénégal, autopsie d'une élimination prématurée

L’Afrique aura 3 de ses 4 représentants au rendez-vous des huitièmes de finale de la Coupe du monde U20. Le Sénégal est la seule équipe du continent à être passée à la trappe au premier tour. Un scénario que personne ne pouvait prédire avant le début de la compétition pour les champions d’Afrique des moins de 20 ans. Sur ses 4 participations au Mondial, c’est la première élimination du Sénégal en phase de groupes. SNA s’est penché sur l’autopsie de cette élimination précoce des Lionceaux.

Samba Diallo et le Sénégal ont raté leur Mondial U20

Absence préjudiciable de cadres

La tuile pour l’équipe du Sénégal U20, sortie au 1er tour du Mondial U20 en Argentine. Logés dans le groupe C en compagnie du Japon, d’Israël et de la Colombie, les champions d’Afrique n’ont pu glaner que deux points sur 9 possibles (une défaite, deux nuls). Un échec qui s’explique d’abord par un effectif amoindri par rapport à celui titré en mars 2023 à la CAN à en croire Badara Sarr, interrogé par SNA. « Les absences de Landing Badji, meilleur gardien, Lamine Camara, meilleur joueur du tournoi et Papa Diallo qui a fait de grosses performances lors de la Coupe d’Afrique U20 ont énormément pesé sur la balance. Des absences difficiles à combler, surtout à quelques semaines de la coupe du monde », a jugé l’ancien sélectionneur adjoint de l’équipe locale du Sénégal.

Retenus par leur club, le FC Metz (D2 - France), Malick Daff a dû composer sans Lamine Camara et Papa Amadou Diallo. Deux joueurs décisifs lors du sacre à la CAN U20. Le technicien semblait minorer quelque peu l’impact de leur absence. « J’ai mis en place un groupe qui a remporté le tournoi de l’UFOA-A. Lamine Camara et Papa Diallo sont venus du CHAN pour renforcer l’équipe qui était sur une bonne lancée. C’est un groupe que j’ai préparé, même s’il faut reconnaître qu’ils ont apporté une plus-value. Je n’ai pas construit mon équipe autour de deux joueurs mais de tout un groupe. Ceux qui sont dans ce groupe sont préparés de sorte à faire briller un collectif dans cette Coupe du monde », avait-t-il confié à SNA la veille du départ de l’équipe pour l’Argentine.

Leurs suppléants directs n’ont malheureusement jamais su être au niveau pour faire oublier ces cadres. « Il y avait beaucoup d’automatismes entre les défenseurs et Landing. Avec Mamour, il y a eu beaucoup d’incompréhensions à l’image du but pris face à la Colombie. C’était difficile pour Mamour de remplacer au pied levé Landing (…) Pour Lamine Camara, c’était le métronome de l’équipe. Il a manqué au milieu. Sur les trois matchs, il a d’abord été remplacé par Diarra, puis Seck au 2ème. Il y avait une instabilité dans l’entrejeu (…) Sur chaque ligne, il nous a manqué un joueur important. Sur le plan tactique, tout a été chamboulé. On les a remplacé numériquement mais pas qualitativement », a soutenu Coach Badara Sarr.

Inefficacité offensive et fébrilité défensive

Meilleure attaque avec 14 buts en 6 matchs, le Sénégal avait impressionné lors de cette Coupe d’Afrique U20. Les hommes de Malick Daf n’ont inscrit que deux petits buts en trois rencontres dans ce Mondial. Insuffisant pour s’offrir une 4ème qualification en phase à élimination directe en autant de participations. En attaque, Souleymane Faye s’est démené comme un beau diable sans inscrire le moindre but. Malick Daf a tenté le coup Oumar Diouf qui s’est montré maladroit à chacune de ses entrées en jeu. Le capitaine Samba Diallo a été la grande déception dans ce tournoi. « On a eu par moment un excès d’individualisme en attaque. Des joueurs comme Samba Diallo ont eu parfois l’occasion de servir un partenaire mieux placé mais ont préféré y aller seuls », a reconnu Oumar Diallo, l’ancien gardien international sénégalais.

Brillante lors de la CAN sur les balles arrêtées, l’équipe du Sénégal s’est montrée approximative sur cette phase de jeu dans ce Mondial. « Lors de la CAN, Lamine Camara était aussi le préposé aux coups de pied arrêtés. On avait marqué beaucoup de buts sur phases arrêtées (…) Papa Diallo a marqué des buts à la CAN, il était important sur les balles arrêtées, il a délivré des passes décisives. Un joueur très important par ses courses dans la profondeur », a reconnu Badara Sarr. Le manque de créativité au milieu de terrain n’a pas permis d’avoir un équilibre pour l’expression collective. « L’entraîneur n’avait pas ses certitudes habituelles. Pendant ces trois matchs il a dû utiliser plus de 16 joueurs pour chercher son équilibre, des joueurs capables de suppléer ses piliers. Des joueurs se sont montrés mais ils n’ont pas l’expérience de l’intensité de la haute compétition qu’ont Papa Diallo et Lamine Camara », a-t-il ajouté.

« Le tempo de l’équipe était donné par Lamine Camara»

Impuissant dans la finition aux avant-postes, le Sénégal n’a pas montré les mêmes vertus défensives qu’à la CAN où il avait fini meilleure défense (0 buts pris en 6 matchs). Durant cette Coupe du monde, le Sénégal privé de son talisman dans les buts, Landing Badji, n’a réalisé aucun clean sheet. « Landing Badji dégageait une telle sérénité, c’est un gardien infranchissable. Contrairement à Mamour (Ndiaye) qui n’a pas eu de compétition. La blessure de Landing est intervenue au dernier moment. Sur le plan psychologique, un gardien comme Mamour n’était pas préparé à prendre part à cette compétition », a analysé l’ancien entraîneur adjoint de l’équipe du Sénégal des moins de 23 ans, médaillé d’or aux Jeux Africains en 2015.

Une préparation ratée

Contrairement à la CAN où la sélection du Sénégal avait fait plusieurs matchs amicaux contre la Tunisie et face à la Zambie pour se préparer à défier l’Égypte, le Mozambique et le Nigeria, les Lionceaux ont eu une préparation aléatoire. Au programme, un seul match amical face aux États-Unis, perdu 2-1. Durant la Coupe du monde, les Lionceaux ont semblé souffrir de leur méconnaissance du football asiatique, européen et sud-américain. Alors que ces dernières années, la Fédération sénégalaise de football (FSF) a fait d’énormes progrès dans la préparation des sélections, celle de cette Coupe du monde U20 a été totalement ratée.

« C’est toujours intéressant dans ce genre de tournoi, de se mesurer en amont à des footballs d’autres continents, suggère Coach Badara Sarr. Dans cette compétition, on a pu se rendre compte que le Japon est une équipe très dynamique, technique et qui se projette vite. Ils ont des joueurs qui frappent de loin. On n'a pas l’habitude de jouer de telles équipes. Israël est une équipe très athlétique avec de gros gabarits. La Colombie est une équipe avec beaucoup d’impact physique, des courses vers l’avant. Ce sont des découvertes pour le Sénégal (…) Il faut s’habituer à affronter ces footballs différents du football africain pour exister sur le plan mondial », a invité l’entraîneur champion du Sénégal trois fois d’affilée avec l’AS Douanes (2006, 2007 et 2008).

Sur le terrain, Malick Daf a manqué de relais pour sonner la révolte dans les temps faibles. Un rôle qu’avait parfaitement incarné Lamine Camara lors de la CAN juniors en Égypte. « Le tempo de l’équipe était donné par Lamine Camara, qui, sur le plan technique mais aussi mental, était le leader de cette équipe du Sénégal. Dans ce Mondial, on a pu constater que le Sénégal a manqué de leadership. Aucun des joueurs n’a pris ce leadership dans les moments difficiles pour se réorganiser, pour sonner la charge. Ce qui était le cas lors de la CAN. Ça n’explique pas tout. Ce n’est pas le même niveau de jouer le Japon, Israël et la Colombie », a remarqué Badara Sarr.

Moustapha M. SADIO

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