Prévu pour accueillir des matches de la CAN 2023 qui aura lieu en janvier 2024 en Côte d'Ivoire, le mythique stade Félix Houphouët-Boigny n'a pas encore été livré.
De notre correspondant en Côte d’Ivoire,
A l'approche de l'entrée principale du Stade Félix Houphouët-Boigny dans la commune chic du Plateau à Abidjan, en venant de la place de République comme du Palais de justice, le spectacle est le même. Il n'a pas changé ce 21 août 2023. Des pelleteuses n'arrêtent pas de creuser. Les gravats et autres matériaux qui jonchent les parkings extérieurs de l'entrée principale sont visibles à des centaines de mètres. Tout comme on entend les bruits assourdissants des machines qui tournent à plein régime, de jour comme de nuit. Une fine pluie s'abat sur Abidjan ce matin mais elle n'entame en rien le train-train quotidien.
Sur le chantier de cette enceinte du Stade Houphouët-Boigny retenue comme le 2e stade de la capitale économique après celle d'Ebimpé (Anyama), les ouvriers travaillent d'arrache-pied pour que le «Felicia», comme on le surnomme, soit remis à flot. Et prêt ainsi pour la grande messe du ballon rond africain en janvier 2024. Contrairement aux autres stades du pays, celui-ci a pris du retard. Sa réfection a débuté le 20 novembre 2020. Elle devait en effet durer 18 mois mais. Et 22 mois après, les travaux ne sont toujours pas achevés. La CAF, par le biais de Adamo Samson, son directeur des compétitions, avait pourtant donné comme énième délai le 15 août afin de débuter le branding des infrastructures sportives. C'était le 11 juillet lors de la visite du stade Ebimpé.
Mais toujours rien. Certaines langues se délient pour dire qu'il sera prêt juste avant la CAN, sans plus de détails sur la date de livraison. Le fait est qu'il est difficile aujourd'hui de dire à la vérité quand est-ce que cette aire sera prête. Si la toiture,la peinture extérieure, la pelouse, les gradins et à un degré moindre les vestiaires sont quasiment achevés. Les parkings, les salles VIP, la zone média et surtout le tout nouveau tunnel creusé à l'entrée et le sous-sol pour l'entrée des cars sont encore en chantier du Stade Houphouët-Boigny . Ce qui ne rassure notamment guère les Ivoiriens malgré tous les espoirs qu'ils ont. Pis, il est plus facile de trouver une aiguille dans une botte de foin que d'avoir les infos officielles sur le stade. «Non monsieur s'il vous plaît, vous ne pouvez pas faire d'images. On n'a rien à dire également. S'il vous plaît, vous n'avez pas de casque vous n'êtes pas autorisé à être ici», nous a éconduit un ouvrier à qui nous nous adressons. On s'y attendait plus ou moins.
De peur de dire des choses de travers ou d'émietter les failles du système, aucun des travailleurs sur ce site du Stade Houphouët-Boigny ne veut parler. Nous avons demandé à rencontrer le responsable du chantier. On nous a plutôt poliment demandé de nous en aller. « Il n'y a pas péril en la demeure. Le Stade sera prêt à temps. Il ne reste que les travaux d'embellissement et le nettoyage industriel», a encore dit, comme un refrain bateau, une source au ministère des Sports. Nous avons néanmoins pu avoir des confidences d'une source introduite sur le dossier. «Si ce stade avait été complètement détruit et qu'un nouveau avait été construit à la place, tout aurait été différent. Là, l'entreprise chargée des travaux était obligée de laisser les fondations, les gradins et la pelouse tels qu'ils ont été contruits dans les années 50 (1952, Ndlr) pour creuser malgré tout un sous-sol. Ça demandait beaucoup de réaménagements et donc de moyens financiers. En clair, tout cela a occasionné des rallonges budgétaires. Et vous savez que quand l'argent n'est pas décaissé à temps, car il y a d'autres chantiers engagés à Abidjan, les choses traînent forcément avant de connaître une accélération une fois l'argent mis à disposition. En dépit du fait que nuit et jour les employés sont d'attaque, il y a énormément de choses à faire pour que ce stade soit aux normes et donc prêt. Mais ça s'accélère dans le bon sens», informe ce technicien qui a insisté sur le fait qu'il devait rester anonyme afin de ne pas perdre son boulot au Bureau national d'études techniques et de développement (Bnetd) qui pilote les travaux aux côtés de l'office national des sports (ONS).
Sur les six stades de la CAN 2023, trois, à savoir le stade Olympique Alassane Ouattara Ebimpé, Charles Konan Banny de Yamoussoukro et le stade de la paix de Bouaké ont déjà reçu des matches de football. Le stade Laurent Pokou de San Pedro recevra la 6e et dernière journée des éliminatoires de la CAN 2023 entre la Côte d'Ivoire et le Lesotho le 9 septembre 2023. Le stade Amadou Gon de Korhogo et évidemment le Felicia n'ont encore jamais été testés. Pour ça, il faudra attendre octobre ou novembre, avec la Ligue des championnes féminine prévue en Côte d'Ivoire. Le tout donc à un mois de la CAN.
Sanh SEVERIN
