Deuxième au classement de sa poule avec 7 points, soit deux de moins que l’Afrique du Sud (9 points) à l’issue de la troisième journée, la Guinée qui caressait le rêve de disputer la Coupe du monde en Corée du Sud et au Japon et la Can au Mali a vu ce rêve brisé. Suite à une ingérence politique, la FIFA suspendait le pays de toutes les compétitions. Vingt ans plus tard, la plaie est toujours béante dans le cœur des fans du Syli.
De notre correspondant en Guinée
Avec deux victoires face au Burkina Faso à Ouagadougou (2-3) et le Zimbabwe (3-0) à Conakry, la Guinée est accrochée par le Malawi à domicile (1-1), le 28 janvier 2001. Pendant ce temps, l’Afrique du Sud s’envolait en tête du classement de la poule après une victoire face au Burkina Faso (1-0). Un nul au goût amer qui laissera des traces. Cheick Abdel Kader Sangaré ministre guinéen des sports à l’époque, prend une mesure radicale.
La fédération guinéenne de football est dissoute pour laxisme, manque de résultats et mauvais encadrement de l’équipe nationale. Kémoko Camara ancien gardien de but international, se souvient de cet épisode. «C’était terrible» se souvient le portier. C’est comme si la tête nous tombait dessus. Franchir les étapes les unes après les autres et se retrouver à portée de l’objectif, et subir une telle décision. C’était horrible » raconte le gardien de but.
Malgré les menaces de la FIFA qui exigent le rétablissement du bureau exécutif dissout avant le 3 mars 2001, sous peine de sanctions contre la Guinée, la donne ne change pas. Les autorités guinéennes restent sur leur position. Elles vont même aller plus loin. El Hadj Mamadou Sylla, président du patronat guinéen est élu président de la Fédération guinéenne de football le 14 février, lors d’une assemblée générale extraordinaire. La FIFA met en exécution ses menaces. Le couperet tombe. La Guinée est suspendue de toutes les compétitions de la FIFA.
Le Syli qui caressait le doux rêve de se qualifier pour une phase finale de Coupe du monde voit son rêve brisé. Vingt deux ans plus tard, la gorge nouée, le visage marqué au moment d’aborder ce triste évènement, entre deux phrases, Kémoko Camara soupire. Il replonge dans ce souvenir. « C’est inadmissible ce qui est arrivé à ce moment. On était déboussolé face à un fait accompli. On avait rien fait pour mériter ça ». Il va jusqu’à qualifier cet épisode de pire souvenir de sa carrière. Ce qui démontre le malaise crée par cette situation. « Alors qu’on était leader de notre poule pour les qualifs de la CAN sachant qu’on était bien placé pour le Mondial, après ce nul contre le Malawi, on limoge le président de la fédération pour je ne sais quelle raison ».
Cette exclusion de la Guinée de toutes les compétitions, aura de lourdes conséquences. Les cadets guinéens qui étaient qualifiés pour la finale de la Coupe d’Afrique devant les opposer au Nigeria, aux Seychelles en mars 2001, ont été disqualifiés. « A cause de cette situation, nos cadets qui étaient à une marche d’un sacre historique ont été pénalisés. Ils étaient à deux doigts d’une victoire historique. Jusqu’ici aucune sélection guinéenne n’a remporté une Can de football. Et au moment où l’occasion se présente, on la gâche. C’est juste incompréhensible. C’est un malaise qu’on traîne toute une vie » se désole Kémoko Camara.
Deux décennies plus tard, la douleur de cette suspension de la Guinée par la FIFA est toujours présente. A la poursuite d’une qualification historique en Coupe du monde depuis toujours, la Guinée peut nourrir des regrets. Avec cette suspension, une nouvelle ère s’ouvre pour le football guinéen. Celle des comités de normalisation. Depuis lors, pas moins de deux Conor ont été mis sur place pour mettre un terme aux différentes crises qui minent le football en Guinée. Pas encore le bout du tunnel.
Mamadou Gongorè DIALLO
