Son parcours est atypique et hors du commun de ses pairs qui ont fait carrière dans le noble art au Bénin. A seulement 15 ans, Aristide Sagbo sera champion d'Afrique de sa catégorie pour la première fois. Un champion né qu'on a bien fait de confier au feu Barthélémy Adoukonou, manager et promoteur de boxe à Cotonou. « Soweto était pour Barthélémy Adoukonou son poulain et frère puisque la complicité qui régnait entre les deux était énorme et sans pareil », confie Edgard Adoukonou, fils de l'ancien boxeur. Ruse, combativité et courage ont caractérisé le pugiliste qui aura pris le surnom Soweto, en hommage aux victimes des violences de Soweto en Afrique du Sud, 1976.
« Soweto a marqué toute une nation à travers son art »
Aristide Sagbo a marqué le noble art africain avec ses neuf combats auréolés de neuf titres de champion d'Afrique de façon consécutive dans la catégorie super plume 58 kg 500. L'homme s'est hissé grand combattant pour ses challenges remportés par KO. René Bèwa, ancien reporter sportif de boxe à la radio nationale ORTB se remémore des prouesses de l'artiste sur le ring.
« Soweto s'est fait remarquer et s'est illustré grand boxeur. Quand il combattait à Cotonou ici, il s'en sortait. Il cognait ses adversaires. Dans mes reportages de boxe, j'évoquais ce que j'appelle les trois glorieuses où Nazaire Kpadonou, Georges Boco (deux anciens boxeurs béninois, NDLR) et Aristide Sagbo, tous les trois, sont champions d'Afrique la même année. Donc, il mérite effectivement les fleurs qu'on lui jette parce qu'il a fait des exploits », raconte-t-il.
Sur l'ensemble de sa carrière, Soweto a livré 52 combats pour 51 victoires et seulement une défaite. Champion d'Afrique en 1991, il défendait son titre pour la troisième fois avant de perdre face au nigérian Joe Orewa le 10 septembre 1993. « Il présente un parcours atypique de par ces résultats ainsi que ces frasques. Soweto a marqué toute une nation à travers son art », conforte Edgard Adoukonou.
Soweto, le GOAT de la boxe béninoise ?
C'est un débat où chacun se fait son avis. Si pour d'aucuns Aristide Sagbo serait le meilleur boxeur que le Bénin ait connu, d'autres évoquent d'illustres combattants qui ont aussi marqué l'histoire sur la scène internationale. « Aristide était le meilleur, car les statistiques ont été les vrais indicateurs de sa performance, neuf fois champion d'Afrique chez les super-plume de façon consécutive s'il-vous-plaît », réclame Barthélémy.
René Bèwa le spécialiste de la boxe béninoise relativise plutôt, mais reconnaît l'immense carrière du boxeur. « Après Soweto, il y a eu d'autres, des gens qui se sont vraiment illustrés. Il y a eu des gens qui se sont battus autant que Soweto, et peut-être même plus que lui. Cela dépend de l'avis de chacun. Il y a d'autres grands noms de la boxe béninoise, Expédit Montcho, Pascal Zito Agbodjalou, Jean-Marie Foly, etc. C'est une question de génération. »
De la gloire à l'anonymat
Soweto a tiré sa révérence à 37 ans le 15 septembre 2000 des suites d'une maladie de sang d'après les informations officielles. Peu avant sa disparition, la Confédération africaine de boxe lui a décerné le titre de champion d’Afrique à vie de la catégorie Super-plume le 1er avril 2000 au Palais des sports du stade de l’Amitié de Cotonou. Au Bénin, il n'a pas reçu l'hommage dû à son rang. « Je pense que sa mémoire n'a pas été honorée comme cela se doit. Il a défendu les couleurs nationales. Il a eu un promoteur feu Barthélémy Adoukonou, qui lui avait eu beaucoup de volonté pour qu'on honore la mémoire de Soweto. Malheureusement, cela n'a pas été suivi », regrette Bèwa. Hommage ou non, Soweto à jamais dans l'histoire de la boxe béninoise.
Rachidi DOSSA