La première rencontre entre Samuel Eto’o, président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), et Marc Brys, le nouveau sélectionneur de l’équipe nationale, s’est transformée en une confrontation explosive, révélant les tensions profondes au sein de l’institution.
Rencontre explosive entre Samuel Eto’o et Marc Brys. Le président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) et le nouveau sélectionneur de l’équipe se sont rencontrés pour la première fois ce mardi à Yaoundé. Et autant dire que personne ne pouvait prédire ce qu’il allait se passer.
C’est au tour de 9h05 (heure locale) que le technicien belge est arrivé au siège de la Fécafoot avec dans sa suite, les membres du staff nommé par la présidence de la République. Mais à sa grande surprise, le chef du protocole du président de la Fécafoot, Etienne Tamo, ne va laisser entrer que Brys et son assistant Joachim Mununga. Sont bloqués au portail, les adjoints François Omam Biyik, Alioum Boubakar et le Conseiller technique N°2 du ministre des Sports, Cyrille Tollo. « Vous n’entrez pas. Vous n’êtes pas concerné. Allez conseiller le ministre », lui lâche Etienne Tamo.
L’émissaire du ministre se tourne alors vers les médias qui avaient déjà envahi les lieux au petit matin : « Le ministre a demandé que cette délégation soit conduite par l’inspecteur des services M. Dizake, qui doit accompagner l’ensemble du staff nommé par le chef de l’Etat. Nous avons un message ferme à faire passer : il n’y a qu’un seul staff qui existe à la tête des Lions Indomptables. C’est le staff nommé par le chef de l’Etat ».
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Soudain, il est 9 heures et 15 minutes. Le véhicule ayant à son bord Samuel Eto’o franchit le portail de la Fécafoot. Le président de l’instance se dirige dans son bureau. « Puis il a instruit son chargé de mission Ernest Obama, de faire entrer la délégation qui attendait Marc Brys à l’extérieur », rapporte une source ayant vécu la scène. Samuel Eto’o va premièrement s’entretenir avec l’émissaire du ministre, tout en lui serrant la main. Dialogue : « Je ne vais jamais au ministère. Je vous prie de respecter notre lieu de travail. Ne faites pas de bruit ici cher aîné. Je vous dois du respect. Respectez vous », dit Eto’o. « Vous m’avez trouvé ici en train de faire du bruit ? Je vous respecte également », rétorque M. Tollo. « Merci beaucoup. Maintenant, je peux travailler avec mon collaborateur ? », demande Eto’o. « Non ! Vous ne travaillerez pas avec votre collaborateur parce que j’ai une instruction », assène Tollo. « De qui ? », se question Eto’o. « Du ministre », répond son interlocuteur. Le patron des lieux l’interrompt d’un geste de la main et s’en va.
« Appelez la sécurité et mettez-le dehors »
Cap sur la salle de réunion où l’attendait Marc Brys et ses collaborateurs version présidence de la République. « Bonjour, comment vous allez ? Bienvenue chez vous ». Le temps pour Eto’o de serrer la main du monde qui a accouru dans la salle, revoilà un Cyrille Tollo dont la présence a suffi à faire sortir le président de la Fécafoot de ses gonds. « Appelez la sécurité et mettez-le dehors », instruit Eto’o avant de se tourner une nouvelle fois vers le sélectionneur qu’il invite à prendre part à la réunion prévue.
Problème ? Le Belge lui met alors la main sur le bras. Et là, explosion. « Ne me touchez pas comme ça monsieur le sélectionneur », s’emporte Eto'o. « Pourquoi tu parles comme ça ? », s'interroge l’entraîneur. « Je suis président monsieur », lui répond Eto’o. « Je suis entraîneur ici », rétorque Brys. « Non, vous êtes entraîneur parce que je vous ai nommé, rectifie Eto’o. Vous n’êtes pas entraîneur parce que quelqu’un d’autre vous a nommé. Vous avez fait beaucoup de manquements et je vous prie de rester dans cette réunion. Parce que si vous ne restez pas, je suis obligé d’interroger mon Comité exécutif, comme la loi me le demande. Donc je vous prie une fois de plus de rester ici, s’il vous plaît ».
Agacé par le ton de l’ancien joueur de l’Inter Milan, Marc Brys se lâche : « Ça fait deux mois que je suis ici, où étais-tu ? ». Eto’o de le reprendre : « Je suis le président. Vous ne faites pas la politique au Cameroun. Une seule personne fait la politique au Cameroun, c’est le président ». « J’ai beaucoup de respect pour toi, mais je suis le sélectionneur. C’est moi qui décide à la fin ce que je fais », réagit Brys. « Non, vous ne décidez pas, parce que ce vous faites monsieur le sélectionneur, c’est moi qui l’assume. C’est moi le président de la Fédération. Ce que vous faites, c’est moi qui l’assume, ce n’est pas vous. Dans votre pays, je ne le fais pas. Et vous ne me parlez pas comme ça monsieur le sélectionneur ».
Brys à Eto’o : « Tu as été entraîneur trois semaines »
Le ton monte. Eto’o se rapproche du Belge et s’emporte : « N’oubliez pas, en tant que footballeur, vous ne pouvez jamais me parler. Donc maintenant, je suis le président. Vous ne me parlez pas comme ça. D’accord ? Vous vous asseyez et on travaille. Arrêtez un peu ce bordel. Il est temps d’arrêter ce bordel ». Les injonctions du président de la Fécafoot ne suffisent pas pour intimider Brys. Alors Eto’o revient à la charge : « Mais vous pensez que vous êtes dans quel pays monsieur ? Je peux faire ça en Belgique ? ». La réponse de Brys est violente : « Toi, non tu ne peux pas faire ça. Tu n’as jamais été entraîneur ». Eto’o de réagir : « J’ai été entraîneur ». « Pour trois semaines », tacle Brys avant de s’en aller. La goutte d’eau qui aura visiblement fait déborder le vase. « Si vous traversez (la porte, ndlr), vous ne reviendrez plus », prévient Eto’o. La Fécafoot annonce la tenue d’une session extraordinaire de son Comité d’urgence. Des têtes vont-elles être coupées ?
Arthur Wandji