L'édition du tournoi de football des JO 2024 s'est soldée par la victoire de l'Espagne sur la France à l'issue d'une finale spectaculaire, tout comme la petite finale entre le Maroc et l'Egypte. Mais en dépit de ce final, le débat devient insistant autour de la présence du football à 11 alors que d'autres disciplines pourraient offrir une solution plus en phase avec les attentes modernes des spectateurs et l'esprit olympique.
C'est un débat qui revient avec insistance à chaque édition. Le football, sport le plus populaire au monde, fait partie du programme des Jeux Olympiques depuis les premiers Jeux modernes en 1900. Pourtant, son statut au sein de la compétition omnisports la plus suivie au monde est loin d'être incontesté. De plus en plus de voix s'élèvent autour de la pertinence de maintenir cette discipline aux JO, alors que des alternatives comme le futsal ou le beach soccer gagnent en popularité et présentent des arguments convaincants pour une éventuelle substitution.
Absence des stars et manque d'intérêt
L'un des arguments majeurs contre la présence du football aux JO est l'absence des meilleurs joueurs. Depuis 1992, le tournoi masculin est limité aux joueurs de moins de 23 ans, avec la possibilité pour chaque équipe d'inclure trois joueurs plus âgés. Cette règle vise à différencier le tournoi olympique de compétitions comme la Coupe du monde, mais elle a aussi pour effet de diminuer l'intérêt du grand public.
Jonathan Liew, journaliste pour The Guardian, a critiqué l'édition 2016 des JO de Rio, la qualifiant de « tournoi douloureusement oubliable » où même le moment de gloire de Neymar et du Brésil n'a pas suffi à compenser le manque d'engagement des équipes et l'absence d'une véritable compétition de haut niveau. Car dans les faits, le football n'a pas donné lieu à de grands moments marquants, même si les sacre du Nigeria et du Cameroun restent gravés à l'échelle du continent africain. Beaucoup ont en revanche oublié l'épopée du Ghana, ou ignorent même que les Ghanéens y ont remporté une médaille.
Lire aussi : Pourquoi l’Afrique est-elle en retard dans la course aux médailles olympiques ?
De plus, le football aux JO attire moins d'audience que d'autres sports phares comme l'athlétisme ou d'autres sports collectifs qui font salle comble comme le handball, le basketball ou le volleyball. Ceci s'explique aussi par le fait que les amateurs de football ont déjà accès à une multitude de compétitions tout au long de l'année, réduisant ainsi l'attrait du tournoi olympique dont ils savent en plus que les meilleures joueurs ne seront pas présents. L'occasion pour eux d'aller approcher les stars d'autres disciplines qu'ils ont moins souvent l'occasion de voir.
Une légitimité remise en question
Le football aux JO est également critiqué pour sa légitimité en tant que discipline olympique. Contrairement à d'autres sports pour lesquels les Jeux représentent l'apogée de la carrière d'un athlète, le football possède déjà des tournois bien plus prestigieux, comme la Coupe du monde ou la Ligue des champions de l'UEFA, qui sont les grands rendez-vous du ballon rond. Difficile pour le football aux JO de rivaliser, d'autant plus que la FIFA ne favorise pas son développement aux Jeux en ne l'intégrant pas son calendrier mondial, afin que tous les joueurs sélectionnés soient automatiquement mis à disposition de leurs sélections nationales par leurs clubs.
Prêchant pour sa paroisse, Joan Cuscó, président de Beach Soccer Worldwide, a suggéré que des alternatives comme le beach soccer seraient mieux adaptées aux JO. Il a souligné que cette discipline, plus spectaculaire et dynamique, pourrait non seulement attirer un nouveau public, mais aussi mieux correspondre à l'esprit des Jeux en valorisant des sports moins médiatisés.
Des alternatives nommées futsal et beach soccer
Face aux critiques, des propositions pour remplacer le football par des sports comme le futsal ou le beach soccer ont été avancées. Le futsal, version indoor du football, se joue sur un terrain plus petit et met l'accent sur la rapidité et la technique donnant lieu à des parties spectaculaires tant pour le public que pour les téléspectateurs, tandis que le beach soccer, joué sur le sable, ajoute une dimension physique unique. Ces sports sont non seulement plus courts en termes de durée de match, mais aussi potentiellement plus adaptés aux infrastructures existantes des JO, réduisant ainsi les coûts logistiques. Le futsal pouvant se jouer dans la même enceinte que le handball et le beach soccer dans celle du beach volley. L'occasion de rentabiliser la création des sites dédiés aux JO.
Un argumentaire qui commence à faire son chemin et pourrait bien finir par payer. Pour le beach soccer, en particulier, qui bénéficie d'un soutien croissant pour son inclusion dans les JO. Joan Cuscó a affirmé que l'objectif est de voir ce sport intégré dès les Jeux de Los Angeles en 2028, avec l'appui de la FIFA et du Comité international olympique. La réflexion est en cours et le football pourrait peut-être être amené à céder sa place à ces versions dérivées.