Le MMA est la nouvelle poule aux œufs d’or des lutteurs sénégalais. En un combat dans l’octogone, ceux-ci peuvent s’offrir le triple, ou même plus que ceux qu’ils gagnent en lutte traditionnelle avec frappe. Ce qui explique leur ruée vers ce sport.
Et si le MMA était le nouvel eldorado des lutteurs sénégalais ? Ces derniers semblent en effet désormais privilégier l’octogone aux arènes du pays de la Téranga ? De plus en plus sont en effet en train de migrer vers le MMA. Récemment, lors d’un gala organisé par Éric Favre à Abidjan, en Côte d’Ivoire, ils étaient quatre à combattre. Ainsi, Serigne Ndiaye 2, Alboury, Ada Fass et Petit Lô ont pu faire leurs débuts avec des fortunes diverses (victoires d’Ada Fass et Serigne Ndiaye, défaites d’Alboury et de Petit Lô). Après Bombardier qui a enclenché le mouvement, les jeunes loups veulent suivre les traces. D’autres lutteurs plus aguerris à l’image de Tapha Tine sont aussi en train de se lancer en MMA.
A tout seigneur, tout honneur. On ne peut parler de lutteurs sénégalais en MMA sans évoquer le cas de Reug Reug. Oumar Kane à l’état civil, a placé le drapeau sénégalais sur le toit de ce sport en devenant champion du monde des poids lourds du ONE Championship. C’était il y a moins d’un moins, le 8 novembre, avec sa victoire sur Anatoly Malykhin. Ce succès précurseur pour les lutteurs, pourrait d’ailleurs le propulser dans une toute autre dimension.
Il a d’ailleurs clamé haut et fort qu’il voulait défier un certain…Francis Ngannou. « Faisons le plus grand combat de l’histoire du continent africain. Ce sera le plus grand honneur dans ma carrière de combattant (…) Tout le monde disait que je ne pouvais pas battre ceux qui se présentaient devant moi, alors allons y face à la plus grande star africaine du MMA de l’histoire. Montrons au monde de que nous pouvons faire », a-t-il lancé.
Moins de frais, plus d'épargne
Cette ruée vers le MMA s’explique notamment par l’attrait du gain. Reug Reug aurait en effet reçu une offre d’un peu plus de 3 milliards de francs CFA (5 millions de dollars) pour défier le Camerounais. Or, dans les combats de lutte avec frappe au Sénégal, les cachets des acteurs dépassent rarement les 100 millions de francs CFA (153 000 euros). Seuls les « VIP » peuvent prétendre à une somme pareille. De plus, entre la préparation mystique, les voyages, parfois les amendes de la CNG, plusieurs dizaines de millions peuvent s’évaporer. Alors qu’en MMA, ils n’ont qu’à payer leur préparation, le manager et l’entraîneur, puis garder une manne financière considérable pour se mettre à l’abri.
Par ailleurs, la reconnaissance mondiale qu'il y a en MMA est incomparable à celle qu'il y a en lutte sénégalaise. Lors de sa victoire en novembre, Reug Reug a par exemple reçu la reconnaissance et les félicitations de nombreuses stars africaines et mondiales comme Ngannou ou encore Victor Osimhen. Ce qui peut lui faciliter l'obtention de combats encore plus prestigieux.
Lire aussi : Reug Reug : entre MMA et lutte sénégalaise, quel avenir pour le nouveau champion ?
D’ailleurs, selon certaines sources, un autre cador de la lutte sénégalaise devrait bientôt rejoindre l’octogone à son tour. Il s’agit d’Eumeu Sène. Reste à savoir si ces rumeurs sont fondées. Néanmoins, une chose est sûre, c’est que la monté en puissance du MMA pourrait constituer un danger pour la lutte sénégalaise. Un jeune lutteur, âgé de 27 ans, confie de manière anonyme : « Je fais tout pour rejoindre la MMA. Il y a beaucoup plus d’argent à se faire là-bas alors qu’en lutte, on trime avant d’atteindre des combats à 20, 30 ou 50 millions de francs CFA. Ceux à 100 millions je n’en parle même pas. Les promoteurs et organisateurs doivent nous aider à gagner plus d’argent sinon tout le monde va aller vers le MMA et délaisser notre sport national ».