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Athlétisme-Gnima Faye : « n’avoir pas fait de JO me donne un pincement au cœur »

Championne d’Afrique du 100m haies en 2012, Gnima Faye a pris sa retraite en pleine pandémie de Covid-19 après une ultime tentative de retour suite à sa grossesse. Dans cet entretien exclusif accordé à Sport News Africa, l’ancienne hurdleuse a évoqué les raisons affectueuses qui l’ont poussé dans l’athlétisme. À 38 ans aujourd’hui, c’est un regard plein de fierté qu’elle jette sur sa carrière avec comme principal regret, son absence des JO dans son parcours. Gnima Faye n’a pas manqué d’évoquer la banlieue sprint, un événement promouvant le sport pour tous les âges.

De notre correspondant au Sénégal.

Gnima Faye
Gnima Faye

Vous avez été championne d’Afrique du 100m haies en 2012, est-ce l’accomplissement de votre carrière ?

Oui je pense que ce titre a été l’accomplissement de ma carrière. Quand j’étais jeune et que je débutais ma carrière grâce à mon grand frère Ibou (Faye, ancien athlète), je rêvais d’un titre olympique. J’étais championne d’Afrique juniors plus jeune. Et plusieurs fois médaillé en Afrique. Et la médaille d’or arrive en 2012. Accumuler autant de blessures a fait que j’ai souvent été freinée dans ma carrière. Mais oui, être championne d’Afrique faisait partie de mes rêves.

Vous avez toujours rêvé de devenir championne olympique pour consoler votre grand frère Ibou Faye, demi-finaliste aux JO d’Atlanta en 1996. Y’a-t-il une pointe d’amertume de n’avoir pu le réaliser ?

Quand j’ai commencé ma carrière, mon rêve était de faire les JO et d'arriver à décrocher la médaille d’or pour rendre fier mon frère. Lui faire oublier cette douleur d’Atlanta. J’ai tout donné pour lui offrir ce titre mais c’est le bon Dieu qui décide à la fin. Les blessures m’ont clairement handicapée durant ma carrière, m’empêchant de réaliser ce rêve. J’ai pas mal de regrets j’avoue. Ne pas faire les JO, quand j’y pense, j’ai un pincement au cœur. C’est la réalité de la vie des sportifs et on s’en accommode.

Aujourd’hui que vous êtes à la retraite, comment appréciez-vous votre carrière débutée en 2001 aux mondiaux cadets en Hongrie ?

C’est en 2020 que j’ai arrêté. En 2018, quand je suis tombée enceinte, j’ai tenté de reprendre l’athlétisme. Puis la pandémie a fait irruption et ça a chamboulé beaucoup de choses. Je suis rentrée à Dakar pour profiter de la famille. J’ai repris mais ce n’était pas évident. J’ai craqué, j’ai dit "là c’est bon, je lâche l’affaire". Mais quand j’y pense, c’est quand même une très belle carrière. Je suis fière de mon parcours. La seule chose que je regrette, c’est de n’avoir jamais participé aux Jeux Olympiques. J’ai débuté en 1999 (en cadets), avant mes premiers championnats du monde (juniors) à Debrecen en Hongrie. De très beaux souvenirs sur 200m.

« Le talent est là mais il y a un problème...»

L’athlétisme sénégalais est plongé dans une léthargie depuis plus d’une décennie. Quel est votre regard d’ancienne athlète sur les raisons de ce marasme ?

Le talent ne manque pas au Sénégal. Après, il y a un problème que je ne parviens pas à situer. Pourtant, les coaches sont là, les athlètes s’entraînent au quotidien. C’est une question que je n’arrête pas de me poser. À la longue ça risque de devenir de pire en pire. Déjà qu’on n’a aucune piste d’athlétisme à Dakar. L’unique piste disponible est à Diamniadio. Et on sait tous que l’accessibilité de Diamniadio pose problème. Les moyens de transport sont assez coûteux pour les athlètes. On a le stade Iba Mar Diop mais cette piste n’en est pas une en fait. C’est désolant mais ça risque d’être très compliqué de relancer la discipline. Désolée de le dire ainsi.

Sans Wildcards, il est quasi impossible de voir un athlète sénégalais aux Mondiaux ou aux JO. Par quoi passera la renaissance de la discipline ?

Ça fait plusieurs championnats internationaux que pour voir un athlète sénégalais c’est grâce à la Wildcard. Il y a un travail à faire clairement. Je vous avouerai que j’ignore où se trouve le hic. Quand je me rends au stade Léopold Senghor, je vois que tout le monde est là, athlètes, coaches… J’espère qu’on pourra rapidement trouver la solution et faire ce qu’il faut. Le talent est là mais il y a un problème que je ne parviens vraiment pas à situer.

Vous êtes initiatrice de la « Banlieue sprint » dédiée aux amoureux de sports de tout âge. D’où est venue l’idée de cet événement ?

Quand j’ai commencé ma carrière et que j’ai arrêté mes études, j’ai rêvé d’organiser un événement regroupant des jeunes filles. Essayer de les inciter à faire du sport et de continuer leurs études. C’est en 2015 après ma médaille aux Jeux Africains (médaille d’argent, NDLR), que l’idée m’est venue autour du thé avec mes frères. Je voyais les gamins courir partout. J’ai constaté que dans la banlieue ils n’avaient pas vraiment d’activités sportives. J’ai réfléchi à une liste d’activités à leur proposer. Je ne voulais pas faire de cross car ce n'est pas ce qui manque au Sénégal. Il fallait faire un événement qui permet aux parents d’être à proximité et d’en profiter.

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Cette année la Banlieue sprint a pris une toute autre dimension avec plusieurs étapes de prévues. Pouvez-vous nous en dire plus ?

La première édition de la Banlieue sprint a eu lieu donc en 2015, puis en 2018 et en février 2022. J’ai fait un test l’année dernière à Ouakam et beaucoup de personnes m’ont approchée pour avoir une épreuve de Banlieue sprint dans leur localité. Je me suis dit que je ne pouvais pas être égoïste et qu’il fallait en faire profiter à tous. Il fallait décentraliser partout dans le pays. Notre objectif est d’aider les jeunes à pratiquer l’athlétisme. Si certains y trouvent une vocation et ont envie d’intégrer un club, on l’accompagne. Le but de la Banlieue sprint est de rassembler toute une famille autour du sport. Cette année il y aura plusieurs étapes. On a déjà fait Ouakam. Il y aura ensuite Thiaroye le 26 février.  Ensuite on ira vers Fahoye puis au Fouta et enfin Guédiawaye. Peut-être aussi dans le Saloum, on est en train d’étudier cette possibilité. Mais il y aura 6 étapes rien que cette année. L’objectif est d’arriver un jour à faire toutes les régions du Sénégal. Je reste persuadée qu’on y parviendra un jour.

Par Moustapha M. SADIO

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