Comme en 2011 au Soudan, le Mali est tombé en phase de poules du championnat d’Afrique des nations 2022. Cette élimination face à la Mauritanie (1-0) fait réagir dirigeants sportifs, entraîneurs, anciens footballeurs et journalistes.
De notre correspondant au Mali,
Finaliste lors de la précédente édition du CHAN au Cameroun, le Mali quitte l’Algérie dès la fin du premier tour. Les Aigles locaux terminent d’ailleurs derniers de leur poule derrière la Mauritanie et l’Angola. Une grosse désillusion qu’admet le coach Nouhoum Diané. «On est vraiment énormément déçus. Mais c’est le football», affirme le sélectionneur malien.
«C’est une élimination qui laisse un goût amer. On avait une équipe qui pouvait aller très loin, qui avait fait une bonne préparation de 10 jours à l’extérieur avec une bonne acclimatation», soutient amer Birama Konaté, sélectionneur champion d’Afrique avec les juniors du Mali au Niger en 2019. «Dans le métier d’entraîneur, l’encadrement doit s’assumer. Je suis sûr qu’ils vont s’assumer. Ils ont fait des choix et peut-être que les joueurs n’ont pas répondu aux attentes. Barou Sanogo est parti blessé pensant qu’il serait récupérable. Aly Dessé est parti dans cette condition. L’enseignement que je tire est qu’on aime trop se focaliser sur l’histoire. Ça fait plus de 10 ans, la Mauritanie travaille et elle a un championnat professionnel», ajoute le technicien qui est par ailleurs promoteur d’un centre de football, Lakika FC.
Pour Mamadou Sow, dirigeant de football, «il faut nécessairement faire l'état des lieux de la gestion de la FEMAFOOT depuis l'élection de l'actuel président dont le mandat se termine le 29 août prochain». Le président de l’AS Médine Football Club estime que la principale raison de l'échec du Mali à cette compétition est le niveau général même du football malien.
«Tous les efforts du président du comité exécutif de la FEMAFOOT sont axés prioritairement sur les élections au niveau des clubs, des ligues régionales et même des associations et regroupements sportifs. La ligue de Ségou est l'illustration parfaite de cette situation. Le président de la FEMAFOOT Mamoutou Touré, depuis son élection à ce jour, à ce que je sache, n'a pu exécuter aucun point important de son programme. Tant que l'état malien ne fait pas une réelle prise en main de la situation du football, notre pays connaîtra humiliation après humiliation. Tout le travail que nous effectuons à la base au niveau de nos clubs et de nos ligues est anéanti par un bureau fédéral qui ne soucie pas du développement de notre discipline», martèle Mamadou Sow.
Si plusieurs supporters pensent que le niveau du championnat malien est bas, Me Bassalifou Sylla, vice-président du Djoliba AC, estime que c’est à cause d’un manque d’organisation. «Les joueurs maliens sont fatigués. La saison a été trop longue et les joueurs n’ont pas eu de vacances. On ajoute à cela, une sélection basée sur la complaisance et le clientélisme. On ne pouvait pas s’attendre à autre chose. On ne se prépare pas convenablement. Notre football vit dans le mensonge à l’image du pays» dénonce le dirigeant.
Cette sortie prématurée des Aigles locaux n’a pas laissé insensible, Brahim Thiam, ancien international malien. «Le football malien ne cesse de régresser comme ça a été le cas lors de la dernière CAN. Nos équipes de jeunes peinent à atteindre le dernier carré des grandes compétitions. Nos joueurs locaux n'ont pas réussi à se qualifier pour le prochain tour de la CHAN2022. Les infrastructures sont dans des états déplorables et la liste est longue. Tous les acteurs du football malien sont divisés à cause des coups bas, mesquineries et autres attitudes déplorable», écrit l’ancien défenseur des Aigles sur sa page Facebook.
Drissa NIONO
