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Gabon, une reprise des championnats et beaucoup d’interrogations

Cela fait plus de deux ans que les championnats professionnels gabonais sont interrompus. Ils vont reprendre le samedi 14 mai, avec une saison qui s’achèvera fin juillet. Un format inédit, et qui soulève déjà plusieurs interrogations…

L'attaquant de MangasportRick Martel Allongho Mba echape au tacle du capitaine de AS Dikaki Franck Boundzanga, lors du match d'ouverture du championnat national de premire division de football au stade Mbombet de Mouila. *** Local Caption *** Une des actions du match d'ouverture du championnat notaional ˆ MonŽdan.
CF Mounana et FC Missile en D1 du Gabon

La crise sanitaire avait provoqué l’interruption des championnats du Gabon au bout de six journées en mars 2020, puis leur arrêt définitif en juillet. Alors que partout dans le monde, les compétitions ont repris dans des conditions quasi-normales, le pays d’Afrique équatoriale a fait de la résistance, privant ses footballeurs de toute activité, hormis ceux évoluant dans les équipes engagées dans les coupes d’Afrique. Le 15 mars dernier, le gouvernement a donné son accord pour que les footballeurs retrouvent les terrains. Les championnats devront prendre fin le 30 juillet, et la saison suivante débutera en théorie au mois d’octobre prochain.

14 clubs en Division 1, 10 en D 2

Quatorze clubs de Division 1 prendront part à ce championnat. Ils seront répartis dans deux poules de sept. La poule A sera composée du CF Mounana, de l’US Oyem, du FC 105, de l’AS Pélican, du Stade Migoveen, du Stade Mandji et de Bouenguidi Sport. La poule B de l’AS Dikaki, d’Akanda FC, de l’AS Mangasport, de Lozosport, de Missile FC, du Cercle Mbéri Sportif et de l’US Bitam. Les deux derniers de chaque poule seront relégués en D2 et les trois premiers de chaque groupe disputeront les play-offs pour le titre, qui se dérouleront à Libreville. En D2, les deux premiers accèderont à la D1 alors que les deux derniers seront relégués en Super D3.

Un format déjà contesté

Rémy Ebanega, le président de l’Association Nationale des Footballeurs Professionnels au Gabon (ANFPG), se montre plutôt dubitatif à l’orée de cette reprise. L’ancien international craint notamment pour la santé des joueurs. «Ils n’ont plus joué depuis plus de deux ans, hormis ceux qui ont pu participer à quelques rares rencontres de coupes d’Afrique avec leur club. Et là, on va demander aux footballeurs de jouer à un rythme soutenu, sous la chaleur, alors qu’ils n’ont pas bénéficié d’une vraie préparation. Ce n’est pas en un peu plus d’un mois qu’on remet physiquement à niveau des gars qui n’ont pas joué depuis si longtemps ! J’espère non seulement qu’il n’y aura pas trop de blessures musculaires, mais surtout de choses plus graves, comme des malaises cardiaques, ce qui est déjà arrivé», explique l’ancien défenseur de l’US Bitam et de l’AJ Auxerre (France).

Le gouvernement maintient son aide financière

L’Etat gabonais, qui accompagne le football professionnel depuis 2012, va poursuivre son action, pour au moins trois ans, afin de laisser aux clubs le temps de trouver d’autres ressources économiques. Il va ainsi payer les frais de déplacement, d’hébergement et de restauration des clubs lors des matches à l’extérieur. Il va également participer au paiement des salaires des joueurs, à hauteur de 380 euros (250000 francs CFA) en D1 et 230 euros (150000 euros), du 1er mai au 30 septembre 2022, et verser une subvention aux clubs pour les aider à faire face à certaines dépenses de fonctionnement. Mais en prenant soin de faire preuve de davantage de vigilance sur l’utilisation des fonds versés aux clubs.

«Une génération entière a été sacrifiée»

Ces dernières années, une grande partie de cet argent public s’était évaporé, avec des conséquences dramatiques pour les joueurs, qui ne touchaient – au mieux - leur salaire que deux ou trois mois sur l’ensemble de la saison. Beaucoup sont allés manifester devant le ministère des Sports, afin d’obtenir la régularisation, même partielle des impayés. «La fédération a touché par la FIFA une aide Covid, mais seule une partie a été redistribuée aux joueurs, une somme modeste au final», poursuit Ebanega. «Au Gabon, beaucoup ont arrêté leur carrière parce qu’ils ne pouvaient plus subvenir à leurs besoins. Pendant ces deux années d’interruption, certains ont fait d’autres métiers pour nourrir leur famille. Il y en a qui vont rejouer, d’autres non. Une génération entière a été sacrifiée.»

Les joueurs entre résignation et vague optimisme

Arnold Ndong (25 ans), passé par Akanda, l’US Bitam et l’US Oyem, a décidé de poursuivre sa carrière, mais en signant à l’Oyem AC, un des clubs de sa ville natale. «Pendant ces mois d’arrêt, j’ai travaillé comme barman, et je vivais chez mes parents. J’ai donc souhaité rester à Oyem en D2 plutôt que de partir dans une autre ville, car être footballeur au Gabon est un métier incertain. Au moins, à Oyem, j’ai une sécurité, et je vais continuer à faire quelques heures en tant que barman, pour gagner un peu plus d’argent».

A l’inverse, Gaston d’Ebando (29 ans), a décidé de tirer un trait sur le football professionnel. «A quoi bon ? Si c’est pour être payé deux mois par ans et galérer, autant trouver un emploi qui m’assure un salaire régulier», explique l’ancien milieu de terrain défensif de l’USM Libreville et du Stade Mandji. «J’ai une famille, je ne peux pas me permettre de ne pas avoir de revenus. Depuis plusieurs mois, je tiens un kiosque du PMU gabonais à Libreville. Je ne gagne pas une fortune, mais au mois, cela me permet de vivre correctement, ce qui n’était pas le cas quand je jouais».

Rémy Ebanega n’est pas le dernier à s’interroger sur l’avenir à court terme des joueurs gabonais. «Ils vont être normalement payés cette saison, mais après ? Qui peut nous assurer que des gens ne vont pas encore détourner de l’argent, et que dans quelques mois, les problèmes ne reviendront pas ? Nous allons suivre cela de très près !» Le gouvernement aussi, fatigué que de l’argent public s’évapore dans la nature…

Alexis BILLEBAULT

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