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Le football féminin au Maroc, un pari sur la voie de la réussite

Deux ans après avoir lancé un «Plan Marshall» pour développer le football féminin, le Maroc récolte les premiers fruits : une CAN qui débute ce samedi à Rabat, une qualification au Mondial des U17, une médaille de bronze pour l’AS FAR lors de la première Ligue des champions féminine de la CAF, ainsi qu’un début de professionnalisation prometteur. Mais il y a encore du chemin à parcourir... Décryptage.

Foot féminin Maroc
Les Marocaines prêtes pour leur tournoi

Le Maroc accueille la 12e édition de la CAN féminine. Le coup d’envoi est donné ce samedi au Stade Moulay Abdellah de Rabat. En match d’ouverture, les Lionnes de l’Atlas de Reynald Pedros font au Burkina Faso. Un événement qui suscite un certain enthousiasme dans le Royaume chérifien où les férus de foot se comptent par millions.

Un bon projet de la FRMF pour le football féminin

Si le football féminin avait accusé du retard il y a quelques années, la discipline est en train de gagner beaucoup de nouveaux fans. Pour preuve, la petite catégorie a décroché une qualification historique au Mondial U17, prévu en octobre prochain en Inde. L’équipe A compte aujourd’hui de nombreuses joueuses professionnelles évoluant dans des clubs européens (Rosella Ayane, Salma Amani, Elodie Nakkach, Imane Saoud...). La politique de la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF) y est pour beaucoup dans ce revirement. Aujourd’hui, les expatriées n’hésitent plus à venir en sélection vu les conditions d’accueil et d’hébergement, la qualité des infrastructures et surtout les programmes mis en place pour affronter d’autres équipes d’Afrique et d’Europe.

Le Maroc reste l’une des équipes africaines qui disputent le plus de rencontres amicales lors des trêves. Il s’est doté d’un championnat aux normes qui s’améliore chaque année. Les équipes de D1 et de D2 recrutent hors du Royaume pour se renforcer (Mali, Sénégal, Burkina Faso, Côte d’Ivoire…). Cette réussite, le football féminin la doit également à Faouzi Lekjaâ patron de la FRMF. L’ancien président de la RS Berkane a été un défenseur du foot féminin et de la petite catégorie. Le plan mis en place oblige d'ailleurs les clubs à se doter d’équipes U15 et U17 pour bénéficier de l’appui financier de la Fédération. Même dans les zones les plus reculées, les femmes jouent au foot et bénéficient d’une meilleure couverture médiatique comparé au début de la décennie.

Une future domination continentale ?

«Le football marocain, particulièrement le football féminin, connait une grande évolution grâce aux efforts de la FRMF, des directions techniques nationales et régionales. Que ça soit par le biais des formations, des programmes d'éducation tels que le "sport-études" et la mise à disposition des infrastructures de haute gamme», se réjouit Ilyas Kaadoud, entraineur du Tihad Athletic Club de football féminin. Pour le jeune coach, «l'organisation de la CAN 2022, la qualification des U17 pour la Coupe du monde féminine et la médaille de bronze de l'AS FAR en LDC CAF ne sont que les résultats de tous ces efforts et le début d'une future domination sur le football féminin africain». Kaadoud reste toutefois lucide, car des équipes restent encore en avance sur le continent, telles que le Cameroun, le Nigeria ou encore l’Afrique du Sud.

Près de 6 millions d’euros de budget

Malgré ces performances notoires et le "nouveau plan Marshall", il faudra attendre des années pour arriver au niveau souhaité. En tout cas, le patron de la FRMF a multiplié par 6 le budget réservé au foot féminin, qui atteint aujourd’hui 5,8 millions d’euros (60 millions de dirhams). Si les clubs ne veulent pas remettre en question cet appui, le constat est qu’il reste encore insuffisant pour leur permettre de gérer tous les frais nécessaires durant une saison. Dans certaines plateformes, des joueuses font état des difficultés pour assurer le transport et des niveaux de rémunération encore très bas. Mais la situation actuelle est nettement meilleure.

Aujourd’hui, le salaire minimum pour une joueuse Sénior d’un club de D1 est de 3.500 dirhams (350 euros environ) contre 260 euros pour une joueuse de D2. La subvention est fixée à 120.000 euros pour les clubs de D1 contre 80.000 pour ceux de la D2. Le Maroc ferait mieux que certains pays européens dans la promotion de la discipline. En tout cas, c’est l’avis de ce jeune coach. «Cela peut être un peu surprenant, mais si on compare les investissements économiques mis dans le football féminin, ceux de la FRMF sont au-dessus de ceux de certains pays en Europe. A titre d'exemple : le championnat marocain, dans les deux divisions, est un championnat professionnel. Tous les intervenants ont leurs salaires, tandis que certains championnats en Europe sont jusqu'à présent au stade amateur», explique Kaadoud.

«Des réflexes d'amateur dans la gestion»

«Le hic, par manque d'éducation et d'engagement de certains intervenants, ces investissements ne peuvent pas être visibles. Donc, ce qui doit être amélioré le plus, est le facteur humain : dirigeants des clubs et des ligues, entraineurs et joueuses», poursuit le jeune coach. Pour Kaadoud, «l’amélioration sur les axes de management et de la performance aura un impact direct sur le développement du football féminin au niveau technique…».

Une joueuse de D2 a aussi son avis sur ce sujet : «C'est la deuxième saison consécutive depuis l’entrée en vigueur du professionnalisme, mais les réflexes d’amateur reviennent toujours en terme de gestion. A part l’AS FAR et le Club Municipal de Laâyoune qui ont des ressources, nous pouvons dire que tous les autres clubs de D1 vivent avec des problèmes financiers. En D2, c’est également le cas», explique cette joueuse qui veut garder l'anonymat.

90.000 pratiquantes en ligne de mire

Malgré ces couacs, la discipline fait doucement son chemin. A partir de la saison 2022/2023, d'autres changements seront opérés. Les entraineurs de la D1 devront disposer de la licence A, alors qu'ils pouvaient exercer avec la B. La Ligue oblige aussi les clubs à recruter une femme (disposant d'une licence B) comme entraineur assistant si le coach principal est un homme.

L’objectif de la FRMF est d’arriver à porter à 90.000 le nombre de pratiquantes en 2024. Difficile d’avoir des chiffres à ce stade de ce projet. Mais le constat est que l'enthousiasme que suscite le foot féminin ne cesse de grandir. L'organisation de la CAN constituera sans doute un booste supplémentaire pour développer la discipline et permettre à d’autres équipes de pouvoir rivaliser avec l’ogre qu’est l’AS FAR. L'accent devra toutefois être mis sur le volet des ressources humaines pour mieux gérer les équipes et combattre le sexisme dans le milieu ainsi que certaines pratiques qui ternissent l'image du sport (corruption, chantage, usage de faux...).

Mohamed Hadji

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