Concourant sous la bannière du Togo, Nathan Tchibozo est depuis plusieurs mois bloqué par la Fédération togolaise de ski, qui refuse de le libérer afin qu'ils puisse changer de fédération d'affiliation. Une situation que dénoncent le skieur et son entourage.
Dans l’univers feutré du ski alpin, où les projecteurs illuminent les pistes européennes et nord-américaines, un bras de fer discret, et pour l'heure déséquilibré, se joue loin des sommets enneigés. Nathan Tchibozo, 21 ans, meilleur skieur alpin africain selon le classement de la Fédération Internationale de Ski et de Snowboard (FIS), est aujourd’hui un athlète en cage.
Prisonnier d’une Fédération togolaise de ski et de sports de glisse (FTSGS) qui refuse, sans explication, de le libérer pour un transfert vers une structure plus adaptée, le jeune Bénino-togolais voit sa carrière et sa progression prendre un sérieux coup d'arrêt. Le tout dans une discipline quasi absente du continent et où la visibilité des athlètes est minime.
Un talent africain entravé
Étudiant en management du sport à la WIN Sport School et en formation pour devenir moniteur de ski diplômé, Nathan Tchibozo conjugue ambition et détermination. Soutenu exclusivement par sa famille et l’Association Sportive de Ski d’Abomey-Calavi (ASSAC), présidée par Jean Luc Tchibozo, il a gravi les échelons du circuit international, enchaînant les performances. Mais depuis plusieurs mois, son ascension est stoppée net en raison de son projet de changement de fédération d'affiliation pour rejoindre une structure capable de l’accompagner vers les sommets.
Ceci grâce au règlement de la FIS, dont les textes stipulent qu’un athlète peut changer d’affiliation avec l’accord des deux fédérations concernées, et que la FIS peut intervenir en cas de refus injustifié. Pourtant, depuis des mis, la FTSGS oppose un silence assourdissant, refusant de délivrer la lettre de libération indispensable au transfert du skieur de 21 ans, sans motif ni dialogue, d'après Jean Luc Tchibozo, paralysant ainsi la carrière de Nathan Tchibozo.
Président de l'ASSAC, ce dernier dénonce entre autres les absences de retours aux courriers envoyés par Nathan Tchobozo et son entourage, de programme d’entraînement ou de compétition proposé, d'accompagnement pour permettre de viser des objectifs internationaux, comme les Jeux Olympiques d’hiver, ou encore le refus de le libérer.
Ce mutisme, assimilé à une rétention administrative par l'entourage du skieur. « Le problème est structurel : les fédérations nationales sont considérées comme indépendantes et la FIS n’intervient pas directement, même lorsqu’un athlète est retenu sans projet sportif ni soutien », déplore le prédisent de l'ASSAC à Sport News Africa. « Ce principe, censé protéger l’autonomie, devient un piège quand il est détourné par des structures passives, sans mécanisme de sanction ni obligation de résultat. »
La FIS, un arbitre absent
Pourtant sollicité par Nathan Tchibozo afin de trancher, la Fédération Internationale de Ski et de Snowboard reste pour l'heure passive. Dotée du pouvoir d’arbitrer les litiges, elle pourrait autoriser le transfert du skieur sans perte de points ou suspendre la période d’attente. Pourtant, aucun signe d’intervention n’a été enregistré, laissant l’athlète dans une impasse. Une histoire qui est indissociable du contexte des sports de glisse en Afrique, où ces disciplines demeurent pour l'heure un mirage, surtout en Afrique subsaharienne. Contrairement aux pays du Maghreb, où le ski bénéficie d’une modeste tradition grâce à des stations comme Ifrane (Maroc) ou Chréa (Algérie), le sud du Sahara est un désert pour ces sports, entre météo inadaptée, coût de la pratique et le manque de moyens des fédérations.
Face à cette situation, l’entourage de Nathan Tchibozo, en appelle désormais à la mobilisation internationale avec trois points clés :
Mais l’enjeu dépasse le cas de Nathan. Cette affaire expose la nécessité d’une réforme profonde de la gouvernance du ski mondial.