Formé dans l’ombre des grandes scènes universitaires, l’arrière camerounais John Tonje a créé la surprise en étant sélectionné en 53e position de la NBA Draft 2025 par le Utah Jazz.
Le Cameroun ajoute un nouveau nom à son prestigieux tableau d’honneur en NBA. Dans la nuit du 26 au 27 juin, John Tonje a été sélectionné en 53e position de la draft 2025 par le Utah Jazz. Arrière-ailier de 1,96 m, le natif d’Omaha (Nebraska) devient le huitième joueur camerounais de l’histoire à intégrer la ligue nord-américaine. Un exploit construit patiemment, loin des projecteurs, mais avec une constance et une résilience admirable.
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Passé par Colorado State, Missouri puis Wisconsin, Tonje s’est forgé un parcours atypique, entre montée en puissance et blessures surmontées. Cette saison, il a crevé l’écran avec les Badgers, enchaînant des performances de haut vol, dont un match à 41 points contre Arizona. Avec une moyenne de 19,6 points, 5,3 rebonds et une place dans la First-Team All-Big Ten, il a rappelé à toute la NCAA qu’il n’avait pas encore dit son dernier mot. Surtout, il a séduit le staff du Utah Jazz, qui ne pensait pas le voir encore disponible aussi tard dans la draft. « Nous avons été surpris », a reconnu Avery Bradley, vice-président du développement des joueurs à deseret.com. « Nous étions heureux d'avoir eu l'opportunité de le sélectionner, dit-il. C’est un profil que nous avons apprécié tout au long de l’année ».
John Tonje, lui, n’a jamais cessé d’y croire. Chez lui à Omaha, entouré de sa famille et de ses amis, il a vécu l’annonce comme un tournant. « Je pense qu’avec le temps, j’ai connu plus d’adversité », a-t-il confié après la draft. « Je sais comment gérer les choses, je sais que ce sera difficile et que le chemin sera semé d’embûches, mais je suis prêt à l’affronter ». Sans contact préalable avec l’organisation de Salt Lake City, le joueur formé dans les circuits universitaires américains se dit « curieux, motivé » et impatient de « se mettre au travail ».
Au-delà de son impact personnel, la sélection de Tonje reflète aussi la montée en puissance du basket camerounais. Après Joel Embiid, Pascal Siakam ou encore Yves Missi, c’est une nouvelle étoile qui prend son envol. Lui qui, en 2023, avait déjà porté les couleurs de la sélection nationale. C’était lors des tournois pré-olympiques de Lagos. Il a aidé à décrocher une qualification historique du Cameroun pour les JO de Paris 2024. « J’ai beaucoup appris, et j’ai encore beaucoup à apprendre », glisse-t-il avec humilité. Or, être drafté ne suffit pas. Il reste à gagner une place dans une rotation des Jazz. Mais Tonje a déjà prouvé qu’il n’était pas du genre à fuir le défi.
Le Cameroun, lui, tient un nouvel ambassadeur. Discret, travailleur, inspirant. À l’heure où le basket africain continue de s’imposer sur la scène mondiale, le nom de John Tonje vient rappeler que le talent n’est rien sans la ténacité. Et que parfois, les plus belles victoires sont celles que personne n’attendait vraiment.