Club le plus populaire du Maroc, le Raja Casablanca avait marqué les esprits il y a neuf ans. Les Verts et Blanc, qui disputaient la Coupe du monde des clubs, avaient atteint la finale, devenant le deuxième club du continent africain à réaliser cet exploit et le premier sur le plan national. Un certain Ronaldinho fut d’ailleurs l’une des victimes de cette épopée verte.
De correspondant au Maroc,
Le Mondial des clubs est une compétition courte mais à la saveur singulière, car opposant des équipes provenant des cinq continents. En 2010, un club africain avait marqué la planète football en atteignant la finale : le TP Mazembe dirigé par Lamine Ndiaye. Le club congolais n’avait toutefois pas pu résister à la force de frappe de l’Inter Milan.
Trois ans plus tard, cet exploit d’un club africain se répète. Le Maroc, qui accueillait la compétition pour la première fois en terre africaine, avait assisté à un parcours historique du Raja Casablanca. Si le TP Mazembe n’a disputé que deux matchs pour atteindre la finale, le Raja, de son côté, a dû réaliser l’exploit d’éliminer trois adversaires pour avoir le droit de jouer l’ultime confrontation.
Pour son entrée en lice, le club casablancais, invité en tant que champion en titre du Maroc, s’offrait une victoire contre les Néo-Zélandais d’Auckland (2-1). Mohcine Iajour, buteur maison des Verts, avait donné l’avantage aux protégés de Faouzi Benzarti avant de voir Abdelilah Hafidi marquer le but victorieux en fin de partie. Si ce succès était assez attendu, les fans des Verts étaient loin d’imaginer la de cette aventure.
Le Raja inflige le même score aux Mexicains de CF Monterrey sur des réalisations de Chemseddine Chtibi et de l’Ivoirien Hilaire Kouko Guehi. Il aura fallu les prolongations pour départager Marocains et Mexicains. Cet exploit retentissant donnait plus de détermination aux Rajaouis, joueurs et public à la fois, car une star planétaire se dressait sur le chemin de la finale.
Les Verts ont désormais affaire à l’Atletico Mineiro donné largement favori par les pronostics. Mais les Brésiliens, portés par les internationaux Ronaldinho, Diego Tardelli et Jô, ne feront pas le poids sur la pelouse du Grand Stade de Marrakech. Par trois fois, ils ramassent le ballon dans leurs filets en seconde période, sur des réalisations de Mouhcine Iajour, Mohcine Moutouali et du Centrafricain Vianney Mabidé. Ronaldinho avait entre temps égalisé sur un sublime coup-franc.
Au coup de sifflet final, l’exposition de joie envahit Marrakech mais aussi les quartiers acquis à la cause rajaouie à Casablanca et dans toutes les villes du pays. Des milliers de Marocains sont descendus dans les rues pour fêter ce succès historique. La fin de match sera une scène mémorable.
Ronaldinho est vite entouré par ses adversaires pour essayer de lui arracher le maillot. Deux joueurs parviennent, chacun de son côté, à obtenir une godasse de la star brésilienne idolâtrée par ses adversaires : Kouko et Mabidé.
Une scène cocasse puisque ce sont les deux « fans » qui prennent le soin de lui enlever les chaussures devant les caméras. Kouko aura même réussi un joli coup puisqu’il s’offre en même temps le maillot de la star brésilienne floqué de son numéro fétiche.
Le Raja a pu séduire tous les férus de foot grâce à son jeu basé de passes courtes et son courage. Une identité qui avait payé tout au long de la compétition.
Les Verts allaient désormais devoir se frotter à l’ogre bavarois, vainqueur sans forcer de Guanzhou Evergrande (3-0) dans l’autre demi-finale. La finale ne sera toutefois pas de tout repos pour les Marocains, dépassés rapidement (2-0) au bout de 22 minutes sur des réalisations de Dante et de Thiago Alcantara.
Malgré la réaction d’orgueil des Verts, le Bayern, sûr de sa force, ne tentera pas d’enfoncer son adversaire qui avait déjà écrit une page immortalisée dans les anales du football africain. Mohcine Iajour sera d’ailleurs désigné Ballon de bronze du tournoi et meilleur buteur ex-æquo avec Ronaldinho, Dario Conca et César Delgado.
Le Raja pouvait soupirer car une prime de 4 millions de dollars lui tendait les bras. Présent durant la finale, le Roi Mohammed VI avait adressé de vives félicitations aux Verts pour leur exploit qui a marqué le football marocain et africain. Des félicitations spéciales, car depuis cette date, aucun club africain n’a pu disputer l’ultime rencontre de la compétition.
Mohamed HADJI
