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Venuste Niyongabo, un titre olympique en pleine guerre civile

En 1996 à Atlanta, alors que les plus grands athlètes du monde se ruent à la quête d’une médaille olympique, le Burundi subit un coup d’état. Malgré cette triste nouvelle qui embrase son pays, Venuste Niyongabo décroche la médaille d’or au 5000m. Ce n’était pourtant pas sa discipline de prédilection.

Venuste Niyongabo
Venuste Niyongabo à Atlanta 96

En septembre 1993, les athlètes burundais voient enfin le bout du tunnel. C’est à cette date que le Comité national olympique du Burundi (CNO) est agréé par le Comité international olympique (CIO). Un travail de longue haleine, comme l’explique Dieudonné Kwizera, actuel président de la Fédération d’athlétisme du Burundi : «En 1991, j’étais athlète au Japon et j’étais en super forme. A chaque meeting, je plaidais pour que mon pays soit reconnu afin qu’il puisse participer aux JO, mais sans succès. Pourtant, il y avait de la solidarité avec les athlètes des autres pays qui ne comprenaient pas pourquoi le Burundi n’est pas membre du CIO. C’est ainsi que nous avons raté les JO de Barcelone de 1992».

Kwizera Dieudonné indique qu’il n’a jamais abdiqué. Conscient qu’il prenait de l’âge, il a commencé à chercher des clubs pour ses compatriotes. En 1993, grâce à l’influence du Prince Albert de Monaco, indique toujours Dieudonné Kwizera, le Burundi est accepté parmi la grande famille du CIO. Les Jeux Olympiques d’Atlanta pointent à l’horizon, et de nombreux athlètes burundais, particulièrement Venuste Niyongabo, se comportent très bien dans différents championnats en Europe.

Kwizera porte-drapeau du Burundi à Atlanta 1996
Kwizera porte-drapeau du Burundi à Atlanta 1996

Sept athlètes burundais présents à Atlanta

Pour sa première participation aux Jeux Olympiques, le Burundi se présente avec sept athlètes, dont une femme. Ils sont tous sur le demi-fond et le fond.

Dieudonné Kwizera, qui s’est beaucoup impliqué pour que le Burundi soit reconnu par le CIO, est porte-drapeau. Il s’en souvient comme si c’était hier : «c’était une joie immense pour moi de fouler pour la première fois une piste olympique, drapeau national dans la main. Je n’oublierai jamais ce moment riche en émotions». Le moral n'est pourtant pas au beau fixe.

La guerre civile au Burundi

Alors que les athlètes sont dans la dernière ligne droite de leur préparation, la guerre civile ravage le pays. Et, une semaine après le début des JO, le Burundi subit un coup d’Etat militaire. Le major Pierre Buyoya renverse le président Sylvestre Ntibantunganya, pour ramener de l’ordre dans un pays où on s’entretue en pleine journée.

Membre du CNO du Burundi, Tharcisse Harerimana racontre à Sport News Africa comment la délégation a vécu ce Coup d'Etat. «Quand nous avons appris la nouvelle, nous nous sommes tout de suite réunis au village olympique dans le but de préparer psychologiquement les athlètes, afin qu’ils ne soient pas perturbés par cette situation qui régnait au Burundi. Les athlètes nous ont rassurés qu’ils sont venus pour gagner des médailles» se remémore-t-il.

«Après la gestion de cette crise, un autre dossier nous attendait, poursuit Harerimana. Il s’agissait de déterminer sur quelle distance sera aligné Venuste Niyongabo qui hésitait entre 1500m et 5000m». Très performant sur le 1500m, sa discipline de prédilection, Venuste Niyongabo surprit tout le monde et porta son choix sur le 5000m.

Adolphe Rukenkanya, alors entraîneur national, a indiqué au journal Iwacu que Niyongabo lui avait déjà exposé ses préoccupations. En effet, sur le 1500m, il partait derrière les ogres Noureddine Morceli (Algérie) et Hicham El Gerrouj (Maroc). Les spécialistes en athlétisme voyaient que le Burundais avait les chances de monter sur le podium au lieu de participer sur le 5000m qui n’était pas sa spécialité. Mais Venuste venait de remporter le meeting de 5000m de Saint-Denis, le 3 juin 1996 en 13mn03s29, record national.

Le 3 août 1996, à 20h40 heure d’Atlanta, il entre sur la piste pour disputer la finale. Les favoris étaient les Kényans Paul Bitok et Tom Nyariki ainsi que le Marocain Khalid Boulami.

Plus fort que les Kényans

Pendant la course, Niyongabo ne cède pas aux assauts des Kényans et creuse d’ailleurs l’écart à 350m de l’arrivée. Il gagne la course en 13mn07s96 devant Paul Bitok (13mn08s16). Khalid Boulami décroche le bronze en 13mn08s37.

Venuste Niyongabo venait de remporter le premier titre olympique du Burundi. Kwizera Dieudonné n’en revient toujours pas. «J’étais très content pour lui. On a vécu ensemble en Italie et je l’ai moi-même emmené en Europe. Une autre chose qui m’a très fortement touché est qu’au moment de la remise des médailles, le Prince Albert de Monaco, qui 3 ans auparavant, avait pesé de tout son poids pour que le CNO Burundi soit reconnu par la famille olympique, a été désigné pour remettre la médaille au champion burundais».

Venuste Niyongabo
Venuste Niyongabo

«Je me suis senti plus patriote qu’avan

Pour Niyongabo, une chose reste gravée dans sa mémoire. «Quand l’hymne national de mon pays a retenti, j’ai eu des frissons et je me suis senti plus patriote qu’avant».

Venuste Niyongabo conserve jusqu’à présent tous les symboles de sa carrière. «Le dossard, la tenue que je portais et les chaussures sont jalousement conservés. La piste synthétique sur laquelle, on a couru a été détruite mais on m’a envoyé une petite portion de cette piste. Je la conserve également à la maison. Je n’ai pas un musée olympique à la maison, mais j’ai chaque objet que j’ai utilisé pendant les jeux olympiques d’Atlanta. Ils sont placés sur le mur dans ma maison. Mes visiteurs ne sont pas obligés de me demander qui je suis, ils le découvrent en voyant ces objets».

26 ans après, le Burundi court encore après une autre médaille en or. Niyongabo est pourtant convaincu qu’il y a des athlètes qui peuvent le faire, comme Francine Niyonsaba, qui a déjà gagné l’argent aux Jeux de Rio au 800m. Mais pour y arriver, le champion conseille aux jeunes athlètes qui sont en Europe d’éviter les compétitions de chaque dimanche, même si elles rapportent de l’argent. Pour lui, ce genre de compétition use l’athlète, ce qui empêche la plupart d’entre eux d’être frais dans les grands évènements.

Désiré HATUNGIMANA

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