Un triplé cette saison, Al Ahly a encore démontré toute sa puissance en Egypte et sur le continent. L’équipe la plus titrée au monde, est plus qu’un club de football mais une identité nationale.
L’Europe a le FC Barcelone, le Real Madrid, le Bayern Munich, Liverpool ou encore la Juventus de Turin. L’Afrique a en effet, «son» Al Ahly (le National en arabe). Le club égyptien fait rayonner le continent. La formation égyptienne représente le football dans sa plus haute expression. Si c’était en image, on aurait parlé de HD (haute définition). Al Ahly est la formation la plus populaire sur les bords du Nil. Et si les «Red Devils» ont cimenté leur popularité au-delà des frontières égyptiennes, c’est parce qu’ils restent constants dans la performance. Cette saison, il l'ont encore prouvé. Une véritable démonstration de force sur les différentes pelouses continentales et locales. Al Ahly a tout raflé. Aucune miette laissée à ses challengers.
Les «Diables rouges» ont surtout marché sur leurs adversaires. Ils sont premiers partout cette saison dans toutes les compétitions où ils sont engagés. Vainqueur de la Ligue des champions, le 9e titre, après 7 ans de disette, vainqueur de la Coupe nationale et du championnat, les «Reds Devils» étaient tout feu tout flamme. Lors de la finale de la Ligue des champions, c’est Zamalek qui passe à la trappe (2-1). «C’est un sentiment incroyable et merveilleux. Remporter la Ligue des Champions n’est pas donné à tout le monde», jubile son entraîneur sud-africain Pitso Mosimane. Pour la der de la Coupe nationale, Tala'ea El Geish tombe aux tirs au but (3-2). En Championnat, Al Ahly, c'est 89 points enregistrés contre une seule défaite en 34 journées. L'équipe a signé 25 victoires, 6 nuls, 74 buts marqués, et 8 seulement encaissés. Simplement hallucinant !
La moisson n'est peut-être pas terminée pour Al-Ahly, puisqu’il doit encore disputer la Supercoupe d’Afrique, la Supercoupe d’Egypte et la Coupe du monde des clubs.
On ne parle plus de la popularité du club. C’est même une redondance. «Club africain du 20e siècle» en 2000 selon la CAF, Al Ahly doit sans doute, avoir du mal à ranger ses trophées. Son armoire est peut-être, trop étroite pour contenir les 140 trophées gagnés. L’équipe ne s'arrête pas seulement à gagner. Elle bat aussi tous les records. 42 titres de champions d’Égypte, 37 coupes nationales, 11 Supercoupes d’Égypte, 9 Ligues des champions, 1 Coupe CAF, on cite jusqu'ici les graals les plus signifiants. Et dans toutes ces compétitions, les records sont tombés en faveur des Diables rouges. Une véritable machine à gagner.
Pourquoi Al Ahly gagne toujours ? «C’est une idée de comment vivre. Jouer pour gagner quelles que soient les circonstances, gagner des matchs et même dans le temps additionnel, avoir des supporters qui vous suivent en nombre partout où vous jouez. Tout cela a fait d'Al Ahly un mode de vie pour des millions de supporters», répond avec conviction, Hicham El Feky. Ce fervent supporteur suit partout l’équipe depuis 1987. Sans surprise alors, la formation du Caire est le club le plus riche du continent avec un budget de 31,7 millions d’euros (20.8 milliards FCFA). Une santé financière que beaucoup de clubs de Ligue 2 française, n'ont pas dans leurs caisses. On comprend mieux le refus de certains joueurs égyptiens d'aller vendre leur talent en Europe.
Al Ahly n’est pas seulement un club de foot. C’est une identité nationale. Le club des opprimés. A la base, l’équipe était d’ailleurs mise sur pied par des étudiants nationalistes. Ces derniers étaient en croisade contre le colon anglais. Fondé en 1907, Al Ahly assoie 20 ans plus tard, sa propre identité. Par conséquent, un nouveau statut entre en vigueur. Il stipulait en effet que «tout membre doit détenir le passeport national» pour devenir membre du club. Ces restrictions écartent tout promoteur extérieur. Al Ahly se veut alors exclusivement le club opprimés. Elle devient du coup le grand rival de toujours, le Zamalek Sporting. Catalogué, la formation des bourgeois. Ainsi, est née une rivalité sans faille entre les deux géants du championnat égyptien.
Aujourd’hui, Al Ahly compte 50 millions de supporters à travers le monde. On dit même que ses «Ultras» ont grandement contribué à la chute en 2011 du défunt président Hosni Moubarak. Pour ainsi dire, Al Ahly, c’est donc plus qu’un club, c’une vraie identité nationale.
Jim CEESAY