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Comores : pourquoi la rénovation du Stade de Maluzini tarde ?

Depuis bientôt deux ans, l’équipe nationale des Comores ne peut plus accueillir de rencontres internationales à domicile. Une situation préjudiciable malgré les promesses de l’État et l’engagement personnel du président de la République, Azali Assoumani, qui espérait pouvoir voir les Coelacanthes à domicile contre Madagascar lors des derniers matchs qualificatifs à la Coupe du monde en octobre.

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Comores : pourquoi la rénovation du Stade de Maluzini tarde ?

Homologué mi-août par la CAF pour accueillir des rencontres de catégorie 2, soit des matchs de club au niveau continental – même si l’US Zilimadjou a finalement disputé son premier tour qualificatif de Ligue des champions CAF au Nigeria –, le Stade de Maluzini n’avait pas reçu l’aval pour la catégorie 3 destinée aux rencontres internationales.

Dans son appréciation, la CAF avait d’ailleurs précisé que l’homologation était conditionnée « sous réserve de la finition des travaux en cours » puisque la phase finale de la réhabilitation de l’enceinte à débuté mi-juin ; un laps de temps insuffisant pour permettre à l’US Zilimadjou de jouer à domicile son premier tour qualificatif de Ligue des champions perdu face aux Nigérians de Remo Stars (0-5 en cumulé).

12 millions d’euros d’aide sans contrepartie accordée par la Chine pour le stade

Ouvert en 2019, le Stade de Maluzini n’a jamais obtenu une homologation réelle de la CAF mais bénéficiait de dérogations ponctuelles pour accueillir les matchs de l’équipe nationale. De quoi s’interroger : comment une enceinte neuve ne remplit-elle pas les critères internationaux nécessaires ?

Rapidement, des défaillances criantes virent le jour (pelouse, sièges) malgré la donation d’environ 12 millions d’euros de la Chine, financier du projet – l’ambassadeur chinois fut d’ailleurs encore reçu l’an dernier par le président de la Fédération de football des Comores afin d’évoquer la coopération footballistique entre les deux pays.

Fait curieux, la FFC était d’ailleurs obligée lors des rencontres internationales de louer – et donc payer – une somme au ministère des Sports qui disposait de la concession du stade. Grâce à la diplomatie du président de la FFC, Saïd Ali Saïd Athouman, la fédération avait récupéré la concession et avait consenti à financer une première session de travaux.

Commande de bancs de touche, refonte les vestiaires, installation de près de 6 000 sièges puisque l’intégralité du stade n’en était pas pourvu, la fédération avait fait sa part. Néanmoins, elle était responsable, au même titre que le ministère des Sports, pour ne pas avoir agi quant à la détérioration rapide de la pelouse, le principal problème de l’enceinte.

Souci du prix de la pelouse

Se rejetant la faute mutuellement, les acteurs du football comorien n’aidaient pas à trouver un compromis. Après un succès historique face au Ghana (1-0) le 21 novembre 2023 devant un public en délire – les Coelacanthes occupaient alors la première place de leur groupe de qualification à la Coupe du monde -, le couperet était tombé : les Comores n’avaient plus de stade homologué.

Tentant d’interférer avec ses contacts à la CAF, le président Athouman s’était vu opposer une fin de non-recevoir tandis que ses relations avec le ministre des Sports de l’époque (Djaanfar Salim Allaoui) se dégradaient. Heureusement, les changements de ministres (Inayati Sidi, puis aujourd’hui Mohamed El-Had Houmadi) permirent d’avancer conjointement ; bien que tardivement. « On a pris du retard », reconnaît le président Saïd Ali Saïd Athouman à Sport News Africa. « On n’avait pas les moyens de faire plus. Presque aucune fédération africaine ne gère son stade, on l’a donc fait de manière provisoire en utilisant nos ressources. »

Multipliant les rendez-vous, ce dernier travailla de concret avec le ministère des Sports et celui des Finances pour mettre (enfin) aux normes le stade. « Il faut refaire la pelouse et suivre d’autres demandes de la CAF comme le système de commande pour les caméras ou au niveau de la sécurité », détaille Athouman. Problème, les travaux ont débuté mi-juin, soit un délai intenable pour une inspection officielle de la CAF deux mois avant la rencontre officielle escomptée, en l’occurrence le derby contre Madagascar prévu le 8 octobre.

Délocalisation du derby contre Madagascar

Malgré les visites médiatisées cet été du ministre des Sports et du chef de l’État sur le chantier, les Comores n’accueilleront donc pas leur voisin pour ce match décisif afin d’espérer terminer parmi les meilleurs seconds de groupe. Une nouvelle déconvenue comme des travaux qui pourraient être plus longs que prévu : la société française contractée, Gregori International, ayant proposé un prix finalement plus élevé que prévu pour la pelouse.

En attendant de débloquer ce nouveau contre-temps, l’État a débloqué une première partie des fonds qui se monteraient au total à près de 600 000 euros selon les informations recueillies par Sport News Africa. Une somme qui aurait pu être bien moindre si le problème avait été immédiatement traité.

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À propos de l'auteur

Romain MOLINA

Romain MOLINA

Rédacteur sportif

Journaliste et écrivain, auteur de nombreuses enquêtes dans le milieu du sport.

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