La Fédération camerounaise de football vient de recruter Fourteen comme nouvel équipementier des sélections de football du pays. Méconnue du grand public et absente des grandes compétitions, la marque suisse suscite moqueries et indignation parmi les supporters des Lions Indomptables, tandis que la fédération, dirigée par Samuel Eto’o, défend un processus de recrutement « objectif et professionnel ».
Au Cameroun, la Fédération de football (Fécafoot) a annoncé la signature imminente d'un contrat d'équipementier avec la marque suisse Fourteen. Un choix qui suscite une véritable levée de boucliers au sein de l'opinion publique nationale. Supporters, observateurs et anciens cadres de l’instance faîtière du football camerounais crient au scandale, dénonçant une décision qui, selon eux, ternit l'image des Lions Indomptables.
Fourteen, qui se présente comme une entreprise suisse de vêtements de sport, équipe actuellement quelques clubs modestes comme Bendel FC (Bénin), Edo Queen FC (Nigeria) et les sélections suisses de basketball. Loin du prestige de marques historiques comme Puma ou Le Coq Sportif, cet équipementier reste méconnu du grand public et suscite des interrogations quant à sa capacité à habiller une équipe aussi emblématique que le Cameroun, cinq fois champion d’Afrique et une fois champion olympique.
Sur les réseaux sociaux, les réactions désabusées fusent. « Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu pour mériter ça ? », s'indigne un internaute, tandis qu’un autre ironise : « Avec Fourteen, il ne s’agit plus de redonner au football camerounais sa grandeur, mais sa laideur. Les joueurs devraient signer une pétition pour ne pas avoir à porter cette marque ».
L’annonce de ce partenariat intervient dans un climat déjà tendu autour de la gestion de la Fécafoot. Pour beaucoup, ce choix traduit un manque de vision et d’ambition du patron de la fédération, Samuel Eto’o pour le football camerounais. « Mieux on donnait la chance à un équipementier local, même s’il n’a pas grand-chose à nous offrir. Parmi les nations qualifiées pour la Coupe d’Afrique des nations 2025, le Cameroun a le pire équipementier. C’est une honte pour une nation comme la nôtre », peste un autre supporter sur Facebook.
Parfait Nicolas Siki, ex-secrétaire général de la Fécafoot, ne cache pas sa déception : « L’annonce de la prochaine signature d’un contrat d’équipementier entre la Fécafoot et la société Fourteen consacre la faillite d’un management, le naufrage d’une vision, la chute symbolique d’une icône pourtant venue en messie, sauveur du football ». Pour lui, « ce qui est inquiétant c’est cette Fécfaoot-Titanic qui fonce droit sur l’iceberg depuis trois ans, grisée par la folie furieuse des cris d’allégresse et d’alléluia des fanatiques, qui couvrent les cris d’alerte essayant de lui éviter l’abîme ».
A Yaoundé, la Fécafoot tente de justifier son choix. Dans un communiqué, elle assure que « la sélection de Fourteen a été effectuée par le Comité d'Urgence de la Fécafoot sur recommandation de la Commission Interne de Passation des Marchés de la Fédération au terme d'un processus professionnel et objectif ». De plus, elle se réjouit « de la qualité des engagements contractuels et de la future collaboration partenariale avec la marque Fourteen dont la crédibilité et les états de service sont remarquables ». Mais ces déclarations peinent à convaincre les sceptiques. La Fécafoot avait déjà présenté son précédent équipementier One All Sport comme ayant « le contrat le plus lucratif de l’histoire du football camerounais » en août 2022, avant de le rompre un an avant son terme, le 6 août 2024 pour manquements dans l'exécution des engagements contractuels.
Au-delà de la controverse, la question qui demeure est celle de l’impact réel de ce futur partenariat sur les performances et l’image du football camerounais. Si la Fécafoot mise sur un pari audacieux, les doutes persistent quant à la capacité de Fourteen à honorer les attentes d’une nation aussi exigeante en matière de football. Pour l’instant, le divorce semble consommé entre la fédération et une partie des supporters, qui voient dans cette décision un pas de plus vers le déclin d’une institution jadis réputée pour son prestige.