Si l’Afrique présente quatre clubs à la Coupe du monde des clubs, il n’a en revanche que deux entraîneurs, notamment le Tunisien Maher Kanzari avec l’Espérance Tunis et le Marocain Mohammed Amine Benhachem à la tête du Wydad Athletic Club, et la différence de niveau par rapport aux autres est déjà palpable.
Des différentes oppositions de style aux réorganisations tactiques en plein match en passant par un climat toujours pas tendre, Maher Kanzari et Mohammed Amine Benhachem touchent du doigt la réalité de la scène internationale avec la Coupe du monde des clubs.
Contre Flamengo pour sa première sortie, Maher Kanzari est parti sur un principe de contre-attaque et n’a pas proposé grand-chose tactiquement. Collectivement, l’Espérance Tunis n’a pas tenu la comparaison et faisait montre de plusieurs lacunes tactiques notamment dans le positionnement et l’occupation de la largeur comme sur la palette du premier but concédé à la 17e minute. Seul le génie de Youcef Belaïli a fait la différence, et c’était insuffisant car les Tunisiens se sont inclinés 0-2 devant les Brésiliens.
Pour son deuxième match contre le Los Angeles FC, Maher Kanzari va oser en allant à l’abordage cette fois-ci et l’Espérance Tunis a affiché un visage complètement différent. Plus dynamique, son équipe a mis en difficulté à plusieurs reprises les Américains avec 5 tirs cadrés contre 2 seulement face à Flamengo. Aussi, l’Espérance Tunis a retrouvé une meilleure discipline aussi bien techniquement (81% de passes réussies contre 79% face aux Brésiliens) que tactiquement en encaissant pas de buts. Même les oppositions sont différentes, battre le champion en titre de MLS est une victoire symbolique non seulement pour Kanzari mais aussi pour tout le coaching africain.
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De l’autre côté, les choses sont plus compliquées pour Mohamed Amine Benhachem dont le club est déjà éliminé avec deux défaites en deux rencontres. Depuis les préparatifs déjà (2 défaites en 2 matchs contre Porto et Séville), le Wydad Athletic Club n’était déjà pas rassurant et son début de compétition décevant est venu confirmer les doutes. Face au Manchester City de Pep Guardiola, Benhachem et ses hommes se sont inclinés 0-2 avant de s’écrouler 4-1 contre la Juventus. Conséquence, le WAC est déjà éliminé avant même la troisième journée et son dernier match contre Al Ain jeudi.
Avant la dernière journée de la phase de groupes, le décalage tactique et managérial entre les entraîneurs africains et ceux d’autres continents a été suffisamment visible pour déduire que le chantier est encore immense pour les techniciens issus du continent. « Le niveau est relativement moyen dans la mesure où le WAC de Mohamed Amine Benhachem a déjà subi deux revers face à Manchester City, un match dans lequel il a été assez prudent sur le plan tactique avec une équipe extrêmement regroupée en défense et qui se projetait vers l'avant », analyse le spécialiste tactique de New World TV, Henri Akodo qui couvre cette Coupe du Monde des Clubs aux Etats-Unis. « Malheureusement, l'expérience du haut niveau de Guardiola a fait la différence. En seconde rencontre, il a essayé d'ouvrir le jeu face à la formation de la Juventus dirigée par Igor Tudor. C'est là où on peut voir que la différence de niveau est nette en termes de structuration d'équipe et de proposition tactique. Je pense qu'il y a des progrès à faire à son niveau », a-t-il déduit.
Cependant, le journaliste togolais a souligné le caractère progressiste du coaching de Maher Kanzari qui a réajusté son équipe après la première sortie manquée contre Flamengo : « Lors du premier match face à Flamengo on avait constaté qu'il avait du mal à s'adapter aux évènements, à la fraîcheur physique et surtout à la qualité des joueurs de Flamengo, il n'a jamais su trouver la solution. Par contre, face à la formation de Los Angeles FC, je l'ai trouvé intéressant parce qu'il a repositionné à plusieurs reprises ses joueurs, s'est adapté aux évènements et a réussi à l'emporter », salue Henri Akodo, tout en prévenant le Tunisien du défi suivant : « Maintenant le prochain challenge c'est Chelsea et ce sera d'un autre niveau. »
Par ailleurs, il a décelé deux axes d’amélioration sur lesquels les entraîneurs africains sont pour l’heure à la traîne. « En tout état de cause, j'estime qu'il manque aux entraîneurs africains cette capacité à pouvoir gérer les temps faibles de leurs équipes, relève Akodo. Un entraîneur sur le banc doit avoir la jugeotte nécessaire quand l'équipe vacille et est sous pression, trouver la solution pour renverser la tendance. Il manque souvent à nos entraîneurs africains le discernement nécessaire et la remise en cause qu'il faut afin de changer de cap. »
La seconde est d’ordre culture. Pour Henri Akodo, les entraîneurs africains doivent encore aller à l’école de la cuture footballistique afin de découvrir d’autres méthodes et rehausser le niveau : « Au-delà de cet aspect, la culture tactique de nos entraîneurs africains - même s'il y a des progrès comme on l'a vu avec Walid Regragui (Maroc) à la Coupe du monde (Qatar 2022) qui reste un exploit - démontre clairement qu'il y a énormément de progrès à faire en termes de connaissance footballistique, de culture tactique et de gestion des émotions des joueurs », a-t-il fait constater.