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Casa Sports lésé d'au moins 185 000 euros sur le transfert de Nicolas Jackson à Chelsea

185 000 euros (environ 121 350 000 millions de francs CFA), c’est la somme minimale à laquelle Casa Sports pouvait prétendre dans le cadre de la contribution de solidarité à la suite du transfert de celui qui était surnommé « Neymar » lorsqu’il évoluait à Ziguinchor.

Équivalente à 5 % de l’indemnité totale (environ 37 millions), elle est reversée aux clubs dans lesquels le joueur a évolué entre son 12ème et son 23ème anniversaire. Dans le cas de Jackson, il a passé une saison pleine à Casa Sports entre 2018 et 2019, ce qui équivaut à environ 185 000 euros.

Quid de l'ASC Tilène ?

Une somme similaire pourrait être versée également à l’ASC Tilène, la première équipe dans laquelle il a joué au Sénégal, si le club avait bien fait signer une licence à Jackson pour la saison 2017/2018.

Nicolas Jackson avec l'ASC Tilène
Nicolas Jackson avec l'ASC Tilène.

Né à Banjul d’un père gambien et d’une mère sénégalaise, Nicolas Jackson s’est révélé comme footballeur au Sénégal. Avec Casa Sports, il intégra même la sélection U20 ce qui finit de convaincre Villarreal de signer le joueur à l’été 2019.

Déjà des manœuvres lors de son transfert à Villarreal

Si son transfert définitif dans le club espagnol était déjà entaché d’une opacité rare - il est parti officiellement de Villarreal pour un petit club gambien (Gambinos) avant de signer à nouveau pour Villarreal quelques semaines plus tard -, la requête transmise par Casa Sports à la Chambre de compensation de la FIFA pose de nouvelles questions.

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Dans un courrier officiel daté du 7 janvier obtenu par Sport News Africa, cette chambre rejette la demande du club de Ziguinchor au motif que la Fédération sénégalaise de football n’avait pas enregistré Casa Sports dans le passeport électronique du joueur. Citant plusieurs articles réglementaires, la FIFA explique que si le club veut faire valoir ses droits et poursuivre ses démarches, il doit déposer une réclamation contre la FSF, donc contre sa propre fédération, auprès de la commission de discipline de la FIFA.

Une incongruité dénoncée par beaucoup de personnes et qui a déjà valu à plusieurs clubs africains de ne jamais toucher un montant qui leur aurait été pourtant dû ; notamment en Côte d’Ivoire.

Comment la Fédération sénégalaise a-t-elle pu oublier d’inscrire Casa Sports ?

Se dédouanant de toute responsabilité, ce qui va à l’encontre de l’essence de cette chambre de compensation, la FIFA laisse ainsi Casa Sports se débrouiller sans apporter réellement d’assistance. Si le président du club, Seydou Sané, est un membre du comité exécutif de la fédération, personne ne sait encore s’il déposera officiellement une réclamation contre la FSF.

Reste cependant à savoir comment la Fédération sénégalaise de football a-t-elle pu oublier d’inscrire Casa Sports dans le passeport électronique de Nicolas Jackson, et si le cas touche aussi à l’ASC Tilène.

Contactée par Sport News Africa, la FSF n’a pas répondu à nos questions sur le sujet.

Romain MOLINA

Sénégal : pourquoi Pape Thiaw est le sélectionneur idéal des Lions

Pape Thiaw a fait ses preuves comme entraineur

Avant d’être adjoint d’Aliou Cissé et de prendre sa succession durant ce mois d’octobre, Pape Thiaw avait déjà été sélectionneur d’une équipe nationale du Sénégal. Il s’agit de celle locale. Il a d’ailleurs mené ses ouailles au sacre lors du CHAN 2022, le premier et seul titre des Sénégalais dans la compétition. Ensuite, il a aussi fini troisième de la Coupe COSAFA alors que le Sénégal n’était qu’invité de la compétition.

En plus de ce titre, son envie de prôner un football offensif plaît au public sénégalais. Sur son premier match contre le Malawi, il a tout de même aligné quatre attaquants (Iliman Ndiaye, Ismaïla Sarr, Sadio Mané et Nicolas Jackson). Le jeu austère, une des causes du désamour entre Aliou Cissé et le public, pourrait bientôt n’être qu’un lointain souvenir.

Connaissance du football local et des jeunes pépites sénégalaises

Autre élément qui penche en sa faveur, c’est que Pape Thiaw a permis l’éclosion de la pépite Lamine Camara dans cette équipe victorieuse du CHAN. Le milieu de terrain avait éclaboussé de son talent la compétition disputée en Algérie. En outre, plusieurs jeunes comme Mamadou Lamine Camara qui toquent à la porte de la Tanière, sont aussi passés sous ses ordres. Il pourrait ainsi les lancer et exploiter leurs qualités à merveille.

De plus, Pape Thaiw connaît parfaitement le football local puisqu’il a été l’entraîneur de Niarry Tally. Avant cela, il a joué dans le club dakarois, mais aussi au Jaraaf. Alors qu’Aliou Cissé était notamment critiqué pour snober les talents du football local, l’expertise de son potentiel successeur concernant le football du terroir pourrait permettre aux joueurs locaux d'avoir enfin leur chance chez les Lions.

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Participation à l’épopée de 2002

Enfin, en tant que joueur, Pape Thiaw a connu une carrière riche. Même s’il n’était pas le choix numéro 1 de Bruno Metsu, l’attaquant a rendu de fiers services en sortie de banc lors de l’épopée 2002 où les Lions ont disputé la finale de la CAN et les quarts de finale du Mondial. Par ailleurs, ses passages en France, Espagne et Suisse pourront lui permettre d'avoir une crédibilité chez les joueurs qui respectent plus les anciens joueurs qui connaissent les réalités d'une carrière de footballeur.

Alors que les noms de ses anciens coéquipiers Habib Bèye et Omar Daf circulent, Pape Thiaw a donc des atouts indéniables pour espérer prendre la succession d’Aliou Cissé. On saura s’il est l’heureux élu d’ici quelques semaines.

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Sénégal : Aliou Cissé, prolongation de contrat en vue

Aliou Cissé en passe de prolonger un peu plus son record de longévité sur le banc de touche du Sénégal. Arrivé au poste de sélectionneur en mars 2015, le technicien est bien parti pour faire 10 ans à la tête des Lions. C'est la volonté de la Fédération sénégalaise de football, qui entend proposer un nouveau bail à son sélectionneur.

Malgré l'élimination en 8èmes de finale de la CAN 2023, Cissé bénéficie toujours de la confiance de ses dirigeants, au premier rang desquels, Augustin Senghor. Invité de l'émission Galaxie Sports sur la RTS, le patron du football sénégalais s'est dit favorable pour la prolongation de contrat de Cissé, au moins jusqu'à la CAN 2025 qui aura lieu au Maroc.

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« Dans l'exercice d'évaluation, nous avons estimé que compte tenu d'un certain nombre de contraintes, mais aussi du travail qui a été accompli, même si nous avons été éliminés prématurément par le futur vainqueur qui est la Côte d'Ivoire, Aliou Cissé a fait du bon travail », a justifié le président de la FSF, avant de poursuivre : « On a une génération qu'il connaît bien. On a des urgences en termes de qualification, il fallait miser sur la continuité et c'est pour ça que le comité exécutif a décidé à l'unanimité de lui renouveler sa confiance. »

Le ministère des Sports attendu pour la décision finale

Sur le principe, un accord en vue d'une prolongation de contrat semble donc en bonne voie. Et celui-ci devrait être d'un an et demi en raison du décalage de la CAN 2025. « A la base on devait le prolonger d'un an pour couvrir la prochaine CAN. Avec les aléas, il se trouve que la CAN est repoussée à décembre 2025. L'idée ce serait de lui proposer un renouvellement d'une année et demi qui couvrirait la prochaine CAN pour qu'il essaye de remporter sa 2ème coupe avec cette génération de joueurs dont on sait qu'ils en sont capables », a poursuivi le président Senghor.

Si l'objectif de remporter une 2ème CAN est déjà fixé et que tous les voyants semblent être au vert au niveau de la fédération, il faut désormais que le ministère des Sports valide cette proposition. « Mais c'est l'Etat qui prend en charge le salaire du sélectionneur et il a son mot à dire », a-t-il rappelé. « Nous jouons en septembre, le contrat finit en août, ce sera difficile d'aller vers autre chose que la prolongation. Nous comptons sur lui pour mener les prochaines échéances de qualification à la Coupe du monde 2026. » Sauf scénario improbable, Aliou Cissé devrait ainsi avoir l'opportunité de disputer sa 5ème CAN comme sélectionneur, s'il parvient à qualifier le Sénégal.

CAN 2023 : Aliou Cissé tacle la CAF

Aliou Cissé est réputé pour son franc-parler et une fois de plus, il n'a pas dérogé à ses habitudes. Attendu ce 10 novembre par la presse sénégalaise pour dévoiler sa liste de joueurs appelés à l'occasion des deux premières journées des qualifications au Mondial 2026, le technicien savait que la CAN 2023 serait au centre des questions des journalistes. A bientôt deux mois du coup d'envoi de la compétition, les deux matchs à venir face au Soudan du Sud et au Togo vont surtout servir de dernière préparation avant la défense du titre de champion d'Afrique en Côte d'Ivoire. Un titre que les Lions défendront dès a phase de groupes face au Cameroun, à la Guinée et à la Gambie.

Lire sur le sujet : CAN 2023 - Aliou Cissé : « Nous sommes prêt pour relever les défis »

Et tout comme lors de l'édition 2021 en Gambie, la Confédération africaine de football a programmé les premières rencontres de chaque journée à 14h. Horaire déjà décrié il y a deux ans, sans que les décideurs ne daignent revoir leurs plans. Situation que déplore le technicien sénégalais. « Jouer à 14h, il n'y a aucun médecin qui vous dira que c'est bon pour la santé des joueurs. Il faut que la CAF pense à ses joueurs-là. Pour que la CAN soit belle il faut mettre les joueurs dans les meilleurs conditions. Il n'y a aucun entraîneur qui voudrait jouer à 14h », a fait savoir Aliou Cissé, avant de poursuivre : «  L'évolution ne peut pas être que sur les gradins et les hôtels. Il faut penser aux acteurs. D'autant plus qu'il y a des anciens joueurs à la CAF. Ils ont eu à jouer à 14h. Est-ce que on leur demande leur avis ? Je ne pense pas qu'ils seraient d'accord. »

Un « coup de gueule » qui rappelle celui de Sadio Mané après le match face à la Guinée lors de l'édition 2021. « Ce n'est pas évident. C'est malheureux de jouer deux fois de suite à 13 heures, alors que certaines équipes n'ont pas joué à cette heure-là. Ce n'est pas équitable. On n'est pas content », avait à l'époque fait savoir Mané. Dans le sillage de cette remarque autour de la programmation de certains matchs, Aliou Cissé a pointé du doigt une autre décision prise par la CAF. En 2021, alors en période de pandémie du Covid-19, l'instance panafricaine avait autorisé les sélections à compter jusqu'à 28 joueurs. Ceci afin de leur permettre d'avoir suffisamment de joueurs disponibles en cas de tests positifs au sein d'une équipe.

« Que la CAF pense aux joueurs »

Mais pour la CAN 2023, les groupes vont à nouveau revenir à 23 joueurs. Choix que désapprouve Aliou Cissé, qui a fait appel à 26 joueurs pour les deux prochains matchs du Sénégal. « Tout le monde est conscient de la dureté de cette CAN et des difficultés auxquelles les sélections sont confrontées (…) Entre les baisses de forme, les suspensions et les maladies, la CAF aurait pu laisser aux sélections la latitude d’appeler 26 ou 27 joueurs », a-t-il fait remarquer.

El Tactico souhaite plus de communication entre la CAF et les Fédérations ainsi que les techniciens, afin que leur voix porte davantage. « J’aimerais bien que la CAF nous demande notre avis à nous les techniciens. Le football a beaucoup évolué sur le plan des joueurs, des infrastructures etc. Mais, ce serait bien qu’on demande notre avis. La dernière CAN on a joué à 14h à Bafoussam. On venait d’être finaliste de la CAN 2019 pourtant on n’a joué en altitude. Il faudrait que la CAF pense aux joueurs. » Pour cette CAN 2023, nul doute qu'aucun changement ne sera apporté, sauf cas de force majeur. Reste en revanche à savoir si son message sera entendu à l'avenir.

Sénégal : au coeur des maux du football local

Le Sénégal sort d'une période faste qui a vu ses différentes sélections remporter la CAN, la CAN U20, la CAN U17 et le CHAN. En compétions interclubs en revanche, aucun club n’est parvenu à se hisser ne serait-ce qu’en phase de groupes ces deux dernières saisons. Dernièrement Génération Foot et le Casa Sport ont été éliminés respectivement en préliminaires LDC CAF et en Coupe CAF par des clubs guinéen et burkinabé.

Des académies qui font le travail de formation

Dans sa globalité le championnat sénégalais compte de nombreux talents. Leurs sélections dans l’équipe du CHAN a produit des étincelles avec une victoire finale contre l’Algérie sur ses terres. Idem pour les équipes cadettes et juniors qui ont remporté les CAN de leurs catégories. Les cadets étaient presque totalement constitués de joueurs issues des académies comme Génération Foot, Diambars, Darou Salam et d'autres. Cela montre que le Sénégal a un vivier de talents avec les centres de formations et académies qui pourvoient les sélections jeunes. Les expatriés issus souvent de ces académies complètent le reste des sélections. Et il est permis d’espérer pour l’avenir avec les joueurs qui ont réussi à décrocher des contrats dans des clubs européens.

Lire sur le sujetGénération Foot et Diambars locomotives du football international sénégalais

En ce sens, au niveau de la formation, le problème ne se pose pas avec la légion de joueurs qui sont issus des sélections jeunes de la génération des Moussa Wagué, Sidy Sarr en passant par celle des Lopy aux derniers des Samba Diallo, Pape Lamine Diop, Lamine Camara et celle cadette avec Amara Diouf.

Joueurs issus des centres et binationaux à la base de la sélection A

La sélection A également peut s’enorgueillir d’avoir l’une des meilleures équipes d’Afrique. Mais celle-ci se compose, pour son équipe qui a gagné la CAN, de joueurs formés par les centres et qui ont achevé leur formation en Europe ou ont peu joué dans le championnat local. Saliou Ciss, Mamadou Loum Ndiaye, Idrissa Gana Gueye, Joseph Lopy, Sadio Mané, Ismaila Sarr, Bamba Dieng, Famara Diédhiou, Habib Diallo, Ibrahima Mbaye ou encore Pape Matar Sarr sont autant d'exemple.

Il y a ensuite ceux, peu nombreux, qui sont issus des clubs locaux : Alioune Badara Faty, Cheikhou Kouyaté parti tôt, Moustapha Name, Pape Abdou Cissé, Abdoulaye Seck. Enfin, il y a la légion des binationaux : Kalidou Koulibaly, Bouna Sarr, Abdou Diallo, Fodé Ballo Touré, Nampalys Mendy, Boulaye Dia, Keita Baldé. Aucun joueur n’a fait ses classes dans le championnat local sinon Abdoulaye Seck et Alioune Badara Faty pour dire que le championnat local n’est donc pas ce qui vaut ses résultats récents au Sénégal.

Les problèmes du foot local

Un championnat fluctuant, dans lequel les champions varient chaque année. Le champion d'une saison peut jouer le maintien ou être relégué la saison suivante. Le niveau est à peu prés le même entre la Ligue 1 et la Ligue 2. Il peut être difficile à vu d’œil de savoir qui est dans l’Elite, et dans les divisions inférieures.

Les centres ont des politiques de vente de leurs meilleurs éléments en Europe. Diambars et Génération Foot perdent chaque année leurs meilleurs éléments en quête d’une vie meilleure. Et en plus c’est le modèle économique du club pour pouvoir assurer leurs frais de fonctionnement et pérenniser leurs projets. Ils y réussissent en se renouvelant constamment. Génération Foot des Dino Djiba jusqu’au Dernier Sané qui a rejoint Metz, produit toujours des joueurs de qualité. Ils n’ont pas pour le moment des ambitions africaines affirmées.

Ensuite, les joueurs qui pourraient être les moteurs de ces projets dans les centres, ceux qui ne sont plus promis à des clubs de premier niveau, préfèrent rejoindre des championnats comme l’Estonie, le Maghreb ou plus récemment l'Afrique de l'Est plutôt que de rester au Sénégal, où les salaires sont trop bas pour assurer leur avenir. Cette modicité des salaires, conjuguée chez les clubs locaux à une certaine précarité, aux conditions d’entraînement, au manque de suivi, au stress concernant l'avenir des joueurs n'est pas un terrain propice pour que les clubs obtiennent des résultats probants. Sans parler du manque d’infrastructures, avec des clubs qui jouent dans des stades municipaux sur-utilisés, avec des pelouses qui laissent à désirer. Peu de place pour le spectacle sur le terrain.

Manque de volonté ou modèle économique bancal ?

Dans le championnat professionnel sénégalais, il y a des clubs des structures étatiques, des sociétés qui devraient pouvoir engager et payer des salaires intéressants aux meilleurs joueurs pour constituer des équipes de talent : la Douane, le Port, la Police, Etics. Malheureusement ces dernières années ces clubs végètent dans les tréfonds du classement, s’ils ne sont pas dans les divisions inférieures. Pourquoi ? Un manque de volonté est décelé.

Aujourd’hui tous essaient de répliquer le modèle Génération Foot et Diambars. Personne ne pense à bâtir un club sur le modèle du TP Mazembe. Certes, leur président est milliardaire, mais le Sénégal n’en compte-t-il pas ? Personne ne pense à investir dans un club pour ensuite récolter les fruits à travers les sommes mises en jeu dans les différentes compétition. Des présidents sont loués pour l’argent qu’ils injectent dans leurs clubs à l’image de ceux du Jaraaf et de Teungeuth. Mais ils n’ont pas les moyens illimités. Pourtant, avec le public qu’ils drainent et un peu de volonté, Pikine Gnarry Tally, HLM Club, Linguère de Saint-Louis, Niambour de Louga par exemple, pourraient organiser leurs clubs sur la base de la participation active des supporters, à l’image des socios en Espagne. Des supporteurs actionnaires cela pourrait être la solution. Mais avec le problème de gérance, du manque de confiance, la tâche ne sera pas facile.

Des recettes inférieures aux dépenses

Ensuite, les sommes mises en jeu pour le championnat et les différentes coupes sont faibles et ne permettent pas aux clubs de pouvoir, sur cette base, avoir des projets à long terme. A titre d'exemple, les primes du champion du Sénégal ne permettent pas de couvrir les dépenses de fonctionnement de 6 mois d’un club local. En 2022, les montants des primes étaient de 35 millions de francs CFA pour le vainqueur du championnat. Dans un football en recherches de liquidités, pourquoi ne pas nommer les Coupes au nom des sociétés qui mettraient en jeu des sommes importantes ? Mais, ces dernières, sont-elles prêtes à aider le football local et à investir de gros montants ?

Aucun club sinon les académies n’ont de stade leur appartenant. Tout est attendu de l’Etat. Pourquoi les clubs n’ont pas de plans d’acquisitions de stade, pour développer les boutiques de clubs (cela commence à se faire), de faire des participations pour pouvoir générer des rentrées d’argent. Là aussi malgré toute la volonté du monde, le prix du foncier est excessivement cher, peu de clubs pourraient se le permettre. Pour ce type de projet, l'Etat pourrait à juste titre aider les clubs à s’émanciper. L’exemple du développement que connait la Tanzanie peut être un modèle à répliquer.

Les Navetanes, un frein à l’envol du football local

Les jeunes joueurs ne sont pas vites lancés dans le bain. On ne leur fait souvent pas confiance. Ces joueurs écument alors les championnats locaux, s’y plaisent et pour certains hypothèquent leurs carrières futures. Au Sénégal c’est une lapalissade de dire que le championnat qui regroupe les quartiers est de loin plus populaire que le championnat dit professionnel. Les stades affichent complet. Des talents qui peuvent prétendre à des clubs de championnat professionnel, à cause du succès des Navetanes, préfèrent le championnat local.

Ce championnat empiète sur le championnat sénégalais, pour au final aucun impact sur le football national ou presque. Prévus pour les vacances, il se poursuit désormais bien au-delà. S’il était même un tremplin avec une limite d’âge de ceux qui y participent, il pourrait être utile. Mais c’est le terrain de l’indiscipline avec des querelles quotidiennes et une explosion de la violence. Difficile de lui trouver de nos jours un intérêt, sinon de créer l’ambiance inter-quartiers. La FIFA avait même à un moment donné, conseillé au Sénégal d’intégrer cette compétition au sein de la Fédération. Chose qui n'a jamais été faite. Autre mauvais choix stratégiques de décideurs, qui, s'ils récoltent une pluie d'éloges pour les résultats des différentes sélections nationales au cours des derniers mois, savent au fond que ces sélections sont juste l'arbre qui cache la forêt d'un championnat local à l'agonie.

Mamadou DIALLO

Sénégal-Bénin : la FSF dément tout "boycott" de l’équipe nationale en soutien aux victimes des manifestations

L'équipe nationale du Sénégal aurait voulu boycotter le match contre le Bénin en guise de soutien aux victimes des récentes manifestations dans le pays, révèle le journaliste Yoro Mangara à RFI . Il a fait cette révélation dans l'émission "Radio Foot internationale", au lendemain de la victoire historique des Lions face au Brésil, en amical.

Des allégations qui ont fortement irrité la Fédération sénégalaise de football, qui, a aussitôt publié un communiqué, pour démentir. « La Fédération Sénégalaise de Football s’inscrit en faux contre les déclarations tenues par Mr Yoro Mangara, journaliste Sénégalais, ce jour sur la chaîne RFI lors de l’émission. Selon Mr Mangara, les joueurs de l’équipe nationale de football du Sénégal  avaient voulu boycotter le match Sénégal-Bénin comptant pour la 5ème journée des éliminatoires de la CAN TotalEnergies,Côte d’Ivoire 2023, en réaction à la situation socio-politique ayant prévalu pendant ce mois de juin », peut-on lire dans le communiqué.

La FSF poursuit : «  De tels propos ainsi que d’autres tenus sur le plateau de l’émission d’une chaîne étrangère sont dénués de tout fondement et relèvent d’une simple vue de l’esprit de leur auteur, en mal de sensation ou de réputation, qui a cherché apparemment à se valoriser devant ses confrères présents sur le plateau et accessoirement l’opinion publique, en créant une histoire mensongère cousue de fil blanc

La FSF annonce une plainte

La FSF s'attaque au journaliste qui, selon elle, cherche à faire le buzz. « Les journalistes de la presse nationale et internationale qui étaient sur le terrain à Dakar (Diamniadio) pour la préparation, à Cotonou ou à Lisbonne sont là pour témoigner que la tanière a travaillé dans les conditions habituelles de préparation et de compétition et pas un seul instant, il n’a été question d’autres choses que de Football. Mentir, affabuler de manière éhontée en plein jour, urbi et orbi, sur des questions aussi graves et sensibles que ces événements regrettables qui se sont passés au Sénégal, juste pour faire le buzz, est aux antipodes des valeurs de respect de la déontologie et de l’éthique journalistiques. »

La FSF n’exclut pas de saisir la justice à l’encontre du journaliste et de RFI. « La FSF n’écarte pas la possibilité de porter cette affaire en justice aussi bien contre l’auteur des propos mensongers (en décalage total avec l’actualité sportive qui est la victoire historique et éclatante des Lions du Sénégal contre le Brésil, meilleure équipe nationale de l’histoire du Football) que contre la radio RFI qui lui a ouvert ses antennes.  Celle-ci serait d’ailleurs bien inspirée de lui demander de rapporter les preuves de ses fausses allégations si tant est qu’elle veuille bien préserver aussi bien la crédibilité de son émission sportive que l’image de sa chaîne. » Affaire à suivre...

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CAN 2021-Aliou Cissé : « Apporter sa première CAN au Sénégal »

C'est peu dire qu'Aliou Cissé était un homme attendu. C'est ce vendredi que le sélectionneur du Sénégal a dévoilé sa liste de joueurs retenus pour disputer la CAN 2021. L'occasion aussi pour lui de faire face aux nombreuses questions des journalistes présents et détailler le programme de préparation de son équipe. Programme sans grande surprise, puisque le technicien a indiqué que son équipe prendra la route de Kigali le 31 décembre. Les Lions y feront un stage, ponctué d'un match amical face au Rwanda, le 3 décembre. Dès le lendemain, la délégation se rendra à Bafoussam pour établir son camp de base durant toute la phase de groupes de la CAN. Seule incertitude, la date à laquelle les joueurs arriveront en sélection. Malgré la pression récente mise par le Forum des ligues mondiales qui veut libérer les joueurs le 3 janvier, Cissé s'est montré ferme. «Les règlements sont clairs. Nous attendons nos joueurs à partir du 27 décembre, avant de nous envoler pour Kigali le 3 janvier.»

Koulibaly et Sarr ménagés, mais présents

Après le forfait de Krépin Diatta, l'inquiétude planait autour de la participation de Kalidou Koulibaly et Ismaïla Sarr. Tous deux blessés, le défenseur et l'attaquant actuellement en phase de reprise, ont malgré tout été appelés par Aliou Cissé. S'ils peuvent ne pas être opérationnels dès la phase de groupes, le sélectionneur compte sur leur apport pour les rencontres avec plus d'enjeu. «Pour Kalidou Koulibaly, nous sommes optimistes. Nous pourrions l'avoir pour le premier match contre le Zimbabwe, sinon le second contre la Guinée. Ce qui est sûr, c'est que nous l'aurons avec nous», a-t-il indiqué afin de lever les doutes.

Même son de cloche pour l'attaquant des Hornets. «Je suis en contacts réguliers avec lui et il me dit que sa blessure évolue bien. Il peut ne pas rejoindre l'équipe dès le 27 décembre, pour poursuivre sa rééducation avec Watford», a toutefois indiqué Aliou Cissé, avant de poursuivre : «Selon comment il sera, c'est un garçon qui pourra nous être utile à partir des quarts de finale. On espère l'avoir pour ce moment-là.»

«Je cours derrière cette CAN depuis 1999»

Après la finale perdue en 2019, les attentes des supporters sénégalais sont grandes pour cette édition. La bande a Sadio Mané est attendue au Cameroun pour enfin décrocher ce sacre qui se refuse à elle. Une pression supplémentaire sur l'équipe dont est conscient Aliou Cissé. «Vous savez à quel point j'étais motivé à l'idée de jouer une CAN et de représenter mon pays. Je cours après cette CAN depuis 1999. Aujourd'hui ce qui est important, c'est ce que le peuple sénégalais attend de son équipe. Et l'équipe qui est là actuellement, on a envie de rendre fier notre peuple. On n'a pas envie de décevoir», a-t-il martelé.

Et pour lui, c'est avec sérieux que le tournoi a été préparé. Une rigueur qu'il s'est imposé depuis sa prise de fonctions. «C'est une CAN très importante pour nous. Mais comme la CAN 2017 l'a été, comme la CAN 2019 l'a été. Je suis en poste depuis 2015. Depuis mon premier match contre le Burundi, jusqu'au dernier contre le Togo, il n'y a pas un match qui a été préparé à la légère», a-t-il rappelé. Mais Cissé l'a tout de même reconnu : «Il n'y a plus de pression sur cette CAN que sur les précédente. L'objectif reste le même, que cette génération apporte sa première CAN au Sénégal.»

Le débat autour des coups de pieds arrêtés

Et pour cela, les Lions de la Teranga devront redoubler d'efforts face à une concurrence de plus en plus relevée. Les matchs pourraient se jouer sur certains aspects, comme les coups de pieds arrêtés. Un exercice sur lequel ne performent plus les Sénégalais. Forcément, Aliou Cissé a été interrogé sur ce point et le technicien a surpris par sa réponse. «Les phases arrêtées on peut les travailler, mais c'est avant tout une histoire personnelle. C'est celui qui a le plus envie qui va passer en premier, sauter plus haut. Celui qui va faire l'effort tant sur le plan offensif que défensif», a-t-il justifié. «On n'a pas été bon sur ces phases par le passé, mais si vous regardez bien, on encaisse moins de but depuis un moment», s'est-il défendu.

Au Cameroun, le Sénégal fera une nouvelle fois partie des équipes qui pourront prétendre au titre. Beaucoup d'observateurs voient les Lions aller loin dans la compétition. Mais pas question de brûler les étapes pour Aliou Cissé, qui se méfie du contexte sanitaire actuel, mais aussi de quelques pratiques peu sportives qui pourraient être employées pour déstabiliser son groupe avant un match couperet. «Vous, la presse, avez dit que tout c'était très bien passé lors du CHAN au Cameroun. Mais ce n'est pas le cas», a-t-il avancé. «Il y a eu des cas de Covid qui ont fait parler. On a vu la sélection congolaise de Florent Ibenge être confrontée à de nombreux cas de Covid avant d'affronter le Cameroun. Et après de nouveaux tests, le nombre de cas positifs était bien inférieur au nombre initial. Il faut donc veiller à ces aspects.» Preuve que rien ne sera laissé au hasard, ou presque.

Mansour LOUM