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Marshall Munetsi, plus qu’un footballeur

Le football c’est du blingbling, du tape à l’œil, le culte de l’image de luxe. C’est ce que pensent bon nombre de fans, mais aussi de joueurs. Mais pas Marshall Munetsi. Le milieu de terrain zimbabwéen aide de nombreuses personnes à travers sa fondation. D’ailleurs, lors des dernières récompenses de l’UNFP, le Rémois a reçu le Trophée du joueur citoyen. Avant de recevoir cette distinction, il avait prolongé son contrat avec le Stade de Reims. Et dans ce nouveau bail, il est prévu que le club verse 100 euros à ta fondation pour chaque kilomètre parcouru par Munetsi. Autant dire que la somme risque d’être élevée au vu de l’activité du Zimbabwéen sur les prés. Une initiative que le joueur salue avec émotion.

« Tout était calé de mon côté pour signer une prolongation de contrat jusqu’en 2027 lorsque le club m’a parlé de ce mécanisme pour aider ma fondation. Ça m’a vraiment surpris car c’est la première fois que j’entendais parler d’une clause de ce type. C’est pour ça que je tiens à remercier le Stade de Reims une fois de plus ! Les dirigeants me demandaient régulièrement comment ça se passait pour ma fondation au Zimbabwe. Mais de là à imaginer qu’ils mettraient une clause pareille dans mon nouveau contrat… Ça montre que lorsque tu essaies de faire le bien, les gens le remarquent et essaient de t’aider », avoue Marshall Munetsi au site de la Ligue 1.

Nommé au Conseil mondial des joueurs de la FIFPRO

Le combat de Marshall Munetsi c’est de permettre à tous les enfants de son pays et du continent d’avoir accès à l’éducation. Il ajoute néanmoins ne pas être le seul au taquet pour changer les choses. « Il y a aussi Tino Kadewere, Marvelous Nakamba… Plein de joueurs africains agissent. Je le sais car on en parle entre nous. On sait d’où l’on vient et combien il est difficile de s’en sortir donc on communique un maximum pour avoir un impact positif sur la situation dans nos pays. Je suis très heureux de voir qu’on arrive à avancer et qu’on arrive à montrer aux gouvernements l’importance de l’éducation. J’espère qu’un jour, ce sera comme en Europe, où l’on n’a pas besoin de payer pour aller à l’école, surtout quand on est enfant ».

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Marshall Munetsi est une preuve d’engagement. Et la FIFPRO (la fédération internationale de syndicats de joueurs) l’a nommé à son Conseil mondial des joueurs. Un honneur que le Zimbabwéen souligne. « Déjà, c’est un privilège et un immense honneur d’avoir été choisi. Essayer de changer les choses et d’aider d’autres joueurs est très important. En Afrique, il y a un certain nombre de problèmes avec les faux agents, qui promettent à des jeunes une carrière en Europe, qui leur font miroiter des destinations comme Madrid ou Monaco et se font payer de grosses sommes avant de disparaître dans la nature. Il y a aussi des clubs qui abusent les joueurs au niveau financier. Il faut protéger les jeunes footballeurs, garçons et filles, qui aspirent à jouer au plus haut niveau et qui en sont empêchés par des interférences politiques, comme c’est le cas au Zimbabwe actuellement. Mon rôle est de m’impliquer, de faire connaître ces problèmes ».

« J’ai vu trop d’enfants faire face à des obstacles »

Sa fondation a vu le jour en 2019. D’abord avec 30 jeunes zimbabwéens. Puis, au fur et à mesure, le nombre a atteint les 60 membres. Une manière pour Marshall Munetsi d’aider les jeunes, confrontés à toutes sortes de difficultés. Et surtout à leur inclure des valeurs. « En grandissant au Zimbabwe, j’ai vu trop d’enfants faire face à des obstacles et des difficultés auxquels ils ne devraient pas faire face. Je pense notamment aux orphelins. Dans beaucoup de pays d’Afrique, l’éduction n’est pas gratuite. Le résultat, c’est que certains enfants tombent dans la drogue, certaines filles se retrouvent mariées très jeunes, d’autres se prostituent… C’est ce qui peut arriver à ceux qui n’ont personne pour subvenir à leurs besoins », souligne le joueur de 27 ans.

Il ajoute par ailleurs. « Pour toutes ces raisons, l’éducation et le sport doivent tenir une place centrale dans leur vie, c’est ce qui peut changer leur destin. Même si je ne veux pas entrer dans les détails, il est arrivé un drame à l’une de mes cousines, quelque chose que je ne souhaite à personne. Cette histoire n’a fait que renforcer mon sentiment : l’accès à l’éducation permet d’éviter de se retrouver dans certaines situations difficiles. L’accent a été mis sur l’aide aux jeunes filles pour qu’elles se retrouvent le plus souvent possible en position de force et le moins possible en position de faiblesse ». A travers son jeu et son implication dans le social, Marshall Munetsi livre une image aux enfants.

Reims : Marshall Munetsi fait la loi

Reims peut se préparer à bientôt perdre Marshall Munetsi. En cette saison 2022-2023, le milieu de terrain zimbabwéen est entré dans une nouvelle dans son jeu. Agressif, bagarreur, embêtant, sans non plus être agaçant avec le ballon au pied, tout le contraire même, il est difficile de ne pas citer ce jeune, arrivé en France en 2019 sans connaitre un mot de langue de Molière, parmi les meilleurs milieux de terrain de la Ligue 1.

A force de ratisser, d'anticiper, de tacler avec toujours la même énergie, mais aussi de marquer (5 buts) et de faire marquer (3 passes décisives), Marshall Munetsi a, en plus de ses adversaires, mis observateurs et fans de la Ligue 1 dans sa poche. S'il n'est pas N'Golo Kanté, l'ancien joueur d'Orlando Pirates (Afrique du Sud) peut s'enorgueillir d'avoir presque toutes les qualités du champion du monde 2018. Sans compter encore une grande marge de progression à seulement 26 ans.

Un but et une passe décisif contre Troyes

De leur côté, les Rémois peuvent aussi s'énorgueillir de tenir un joyau dans leur rang. Pour longtemps encore ? Rien n'est moins sûr. Car les joyaux, ça se désire, ça se courtise et ça se signe à gros chèque. Si le club français a pu étouffer les sirènes des formations anglaises comme Bournemouth, Watford ou encore Burnley durant le mercato hivernal, pas sûr que ça sera le cas l'été prochain quand de plus grosses écuries viendront - certainement - toquer à la porte.

Mais on n'en est pas encore là. Et pour le moment Reims peut encore profiter du talent de son Marshall qui a dicté sa loi à Troyes (4-0) ce dimanche 13 février à l'occasion de la 23e journée de Ligue 1. Il a brandi un but (10e) et une passe décisive pour mettre à joue à ses adversaires, avant que Bolagun (50e) et Jens Cajuste (82e) ne viennent finir le travail. Une nouvelle victoire qui permet aux Rouge et Blanc de camper à la dixième place avec 33 points. Et surtout de rester sur une série de 15 matches sans défaites. Le PSG et ses nombreuses stars ne peuvent pas en dire autant.

Zimbabwe : Marshall Munetsi, un Warrior en colère

Présent à la dernière CAN (éliminé au 1er tour), le Zimbabwe est ensuite tombé de haut. Le pays a été suspendu par la FIFA. La raison : l'ingérence du gouvernement dans le fonctionnement du football. Le pays a donc été exclu des qualifications à la Coupe d’Afrique des nations 2023. Un véritable camouflet pour le pays, et pour Marshall Munetsi. Le milieu de terrain, qui évolue à Reims (10 titularisations cette saison en Ligue 1, un but) a passé un véritable coup de gueule. Lui qui a commencé sa carrière au pays, chez les Blue Rangers, pointe certains maux du doigt. Selon lui, la communication avec la Fédération zimbabwéenne de football (ZIFA) n’existe pas.

« Le problème, c'est qu'ils ne communiquent jamais avec les joueurs. Ce sont des gens qui occupent des postes simplement parce qu'ils connaissent peut-être quelqu'un au gouvernement. Ils ne connaissent rien au football. Pour nous, cela nous fait beaucoup de mal parce que c'est notre vie. C'est le football et c'est quelque chose qui peut changer une nation, qui peut changer beaucoup de fortunes pour le pays. Ils doivent nous poser des questions sur certaines choses parce que, si vous entendez les accusations, c'est quelque chose qui n'a rien à voir avec le football - c'est de la politique », enrage Marshall Munetsi au micro de BBC Sport Africa. Il espère par ailleurs « que le gouvernement pourra faire ce qu'il faut et s'assurer que nous pourrons jouer dans les prochains matchs »,

Un frein aux rêves des jeunes

Marshall Munetsi regrette donc cet état de fait. Le joueur de 26  ans considère que cela risque de briser le rêve de plusieurs jeunes zimbabwéens. «Cette interdiction a touché les jeunes joueurs qui ont l'ambition d'être comme moi en venant en Europe. C'est jouer pour mon équipe nationale qui m'a donné l'opportunité de jouer contre de grands pays et de grands joueurs. C'est quelque chose de triste et frustrant pour nous en tant que pays et pour les joueurs. C'est un sujet très compliqué et j'espère juste que les personnes impliquées pourront résoudre ce problème car la FIFA met ces règles (en place) pour protéger le football», déplore Marshall Munetsi.