
Au lendemain d’une semaine marquée par la nomination d’un nouveau sélectionneur national en remplacement du Belge Marc Brys, la mise à l’écart de plusieurs cadres des Lions Indomptables en vue de la CAN 2025 et la montée des tensions institutionnelles avec le ministère des Sports, Samuel Eto’o a choisi Info TV pour se défendre.
Pendant une longue interview diffusée lundi soir, le président de la Fécafoot a livré sa version des faits, oscillant entre justifications, mise au point et attaques ciblées contre certains acteurs sur les dossiers qui enveniment le football camerounais depuis des années.
Onana, « un enfant qui voit les choses différemment »
Parmi les sujets abordés, le cas André Onana a occupé une place centrale, tant le « divorce » semble désormais irréversible avec le président de la Fécafoot. Les deux hommes, longtemps décrits comme un duo fusionnel où Eto’o jouait le rôle de « père » et Onana celui de « fils », ne sont plus en odeur de sainteté. La rupture est telle que certains interprètent déjà la non-sélection du portier de Trabzonspor pour la prochaine CAN comme une conséquence directe de cette brouille. Et c’est précisément sur ce terrain que Samuel Eto’o a choisi de s’expliquer, avec un mélange d’amertume, de mise au point et de justification.
« Je n’ai pas de problème [avec Onana], même si j’ai été déçu par certaines situations »
Face aux accusations relayées par l’entourage du joueur, Eto’o a laissé entendre que son ancien protégé serait seul responsable de sa mise à l’écart. Onana serait, à en croire certaines allusions faites par le président de la Fécafoot, un fauteur de trouble au sein de la tanière des Lions. Eto’o évoque des frictions entre Onana et l’ancien sélectionneur Rigobert Song lors du Mondial 2022, et même avec son coéquipier Zambo Anguissa. Sans plus de détails.
« Je n’ai pas de problème [avec Onana], même si j’ai été déçu par certaines situations », tranche Eto’o. « J’ai fait ce chemin avant, dit-il encore. J’ai eu beaucoup de trahisons dans ma vie et ça ce n’est pas une trahison. C’est un enfant qui voit les choses différemment et je me dis que peut-être un jour, il va comprendre que ce qu’il faisait n’était pas bien. »
« Je n’ai limogé personne »
Sur le dossier brûlant du sélectionneur, le président de la Fécafoot a adopté une ligne de défense extrêmement politique : ce n’est pas lui qui a limogé Brys, mais la logique administrative. « Je n’ai limogé personne, a-t-il martelé. Ce monsieur [Marc Brys] appartient à un département [ministériel]. Nous avons pris nos responsabilités ». En clair, Brys serait un technicien sous tutelle du ministère des Sports, donc hors du champ de compétence de la Fécafoot. Un argument qui entretient la confusion et confirme la profondeur du bras de fer institutionnel.
Geremi Njitap : accusations frontales
Les attaques les plus directes visent Geremi Njitap, président du Syndicat national des footballeurs du Cameroun (Synafoc) et ancien footballeur. Eto’o l’accuse d’avoir saboté la participation de Bamboutos de Mbouda aux compétitions africaines en transmettant “nuitamment” à la CAF un dossier à charge contre la Fécafoot.
« Le président de ce Syndicat me présentait comme quelqu’un qui avait des problèmes avec le président de Bamboutos », argue Eto’o. Pour lui, le problème était ailleurs : « Monsieur Njitap a voulu qu’on soit éliminé. Il a voulu être à ce poste [de président de la Fécafoot] sans travailler », soutient l’ancien joueur du FC Barcelone. Ces accusations marquent une rupture ouverte entre deux anciennes gloires du football camerounais, aujourd’hui à couteaux tirés sur les questions de gouvernance.
« Je ne suis pas responsable du fait qu’ils ont tout le temps redoublé les classes »
Joseph-Antoine Bell : un « médiocre brillant »
L’échange vire au personnel lorsqu’il évoque Joseph-Antoine Bell, sans vraiment le nommer. « Il y a un gardien pour qui j’ai eu beaucoup d’estime. Excellent gardien de but à une période de nos vies », dira-t-il pour faire référence à un Bell qui manque rarement l’occasion de s’exprimer sur la gestion de la Fécafoot. Eto’o accuse l’ancien gardien de bâtir ses critiques sur « une analyse biaisée » avant de conclure sèchement : « Il est brillant dans ça, mais il est médiocre ».
En réalité, explique Eto’o : « Il a estimé que quelqu’un [comme moi] qui venait juste de finir ses classes ne pouvait pas diriger [la Fécafoot]. Mais quand vous êtes un surdoué, vous pouvez donner des cours de répétition à celui qui est sur le même banc que vous. »
Eto’o ne s’arrête pas là. Il ajoute une pique d’une rare violence, loin des codes de réserve généralement attendus d’un dirigeant sportif : « Je ne suis pas responsable du fait qu’ils ont tout le temps redoublé les classes ». Plus qu’un désaccord, c’est une détestation assumée qui transparaît. Cette sortie médiatique était destinée à reprendre la main. Mais derrière les clarifications, l’interview ne dissipe pas toutes les zones d’ombre.
Rejoignez notre communauté sportive !
Suivez-nous sur les réseaux sociaux pour ne rien manquer de l'actualité sportive en temps réel.
Tags
À propos de l'auteur
Arthur WANDJI
Rédacteur sportif
Correspondant SNA au Cameroun et Gabon. Spécialiste des Lions Indomptables.
