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Au Rwanda, des partenariats millionnaires pour un football local en détresse

Derrière les partenariats à dizaines de millions d’euros avec de prestigieuses équipes européennes arborant le slogan Visit Rwanda...

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Au Rwanda, des partenariats millionnaires pour un football local en détresse

Le jeudi 7 août, le quotidien The New Times organisait un Space autour de l’économie sportive du Rwanda. Une question centrale étant donné les investissements massifs de l’État pour sponsoriser des clubs de football (Arsenal, Atlético, Bayern Munich, PSG), la Basketball Africa League, ainsi que les aménagements nécessaires pour accueillir les Championnats du monde de cyclisme sur route à la rentrée.

Si ce plan onéreux sert l’agenda politique et la visibilité chère au président, Paul Kagame, elle ne s’accompagne pas d’une politique de développement de fond du sport national hormis pour bâtir des enceintes capables d’accueillir des rencontres internationales comme le réaménagement du Stade Amahoro dont la capacité d’accueil a été portée à 45 000 places.

Démissions, dissolution et un président refusant de se représenter

Pour chaque (ré)ouverture ou inauguration d’un événement sportif, l’appareil politique rwandais se joint à la partie, notamment le chef de l’État. Cette personnification de la stratégie sportive traduit les ambitions continentales et internationales de Kagame qui est le président ayant le plus rencontré Gianni Infantino, le boss de la FIFA, ces dernières années.

Pourtant, derrière la carte postale, l’état du sport rwandais, et principalement de son football, pose question. Comment un pays qui débourse des dizaines de millions d’euros par an pour sponsoriser des équipes étrangères n’est pas capable de financer correctement le championnat local ou sa fédération de football ?

Lire aussi : Rwanda : où en sont les scandales de matchs truqués ?

Après des soubresauts internes ayant conduit à une vague de démissions et la dissolution du Comité exécutif au printemps 2023, la FERWAFA était dirigée par un proche du pouvoir, Alphonse Munyantwali, directeur de l’ONG britannique Aegis Trust qui gère le mémorial du génocide à Kigali.

Cependant, ce dernier n’a pas souhaité poursuivre l’aventure et a retiré sa candidature pour les prochaines élections qui se tiendront le 30 août avec finalement un seul homme en lice : Fabrice Shema, le président de l’AS Kigali.

Absence de sponsor, matchs truqués, retards de salaire...

Soudain, le retrait inexpliqué de Munyantwali n’a cependant pas étonné les observateurs du football rwandais qui voient la situation se détériorer d’année en année. Sans réel moyen, la fédération fait ce qu’elle peut et n’a au final que peu d’influence face à certains clubs et leurs mécènes, notamment le ministère de la défense qui finance l’APR, l’Armée patriotique rwandaise, qui a gagné vingt championnats nationaux depuis 2000 !

Cette domination, parfois contrariée par Rayon Sports (lauréat en 2002, 2004, 2013, 2017 et 2019), est le quotidien d’une Premier League privée de sponsor principal depuis la saison dernière et l’expiration du contrat avec Bralirwa, une entreprise brassicole. Un manque à gagner important, a fortiori vu les retards réguliers de salaire dans plusieurs clubs et les multiples scandales de matchs truqués révélés ces dernières années.

Avec une image détériorée, le football rwandais tente quand même de survivre en essayant de changer certaines pratiques. « Nous n’allons pas avoir beaucoup de sponsors, ni lever des fonds ou générer plus de revenus si nous n’opérons pas avec davantage de transparence et de professionnalisme », lançait dans le Space de The New Times le patron de la Premier League locale, Jules Karangwa. Un vœux qui rappelait les paroles rapportées par plusieurs acteurs du football rwandais de Paul Kagame en off : « Le jour où il n’y aura plus de corruption dans le football local, je le financerai. »

De quoi donner une idée plus concrète du chantier attendant la nouvelle équipe dirigeante de la FERWAFA, dont l’élection le 30 août sera ensuite ponctuée d’un plan pour continuer à améliorer l’équipe nationale afin d’ambitionner une qualification à la Coupe d’Afrique des Nations 2027 pour la seconde fois de l’histoire des Amavubi.

Romain MOLINA

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