
Le climat autour des élections à la Fédération Camerounaise de Football (Fécafoot) s’assombrit. Alors que le processus devait officiellement s’ouvrir en septembre prochain, le ministère des Sports a décidé de le geler. Dans une correspondance ferme adressée ce jeudi au président sortant de l’instance, Samuel Eto’o, le ministre Narcisse Mouelle Kombi explique que « le processus électoral à la Fécafoot est sujet à de vives tensions susceptibles d’engendrer des troubles à l’ordre public sportif, dans un contexte où le peuple camerounais est résolument focalisé sur la prochaine élection présidentielle d’octobre 2025 ».
Contestations, irrégularités…
Le ministre s’appuie sur de nombreuses plaintes formulées par les acteurs du football. Il cite notamment : « les suspensions ciblées et arbitraires de certains membres, potentiels candidats pour des motifs dont la pertinence ne serait pas avérée ». Aussi, la substitution des bureaux élus dans une quinzaine de ligues régionales par des comités provisoires de gestion, mais aussi l’exclusion de certains clubs du processus électoral. À cela s’ajoute l’absence de championnats dans plusieurs départements et surtout, la contestation des textes organiques modifiés à quatre reprises par l’exécutif fédéral en moins de quatre ans.
La dernière révision des textes de la Fédération, intervenue le 16 novembre 2024, cristallise les tensions. Elle a porté le nombre de mandats présidentiels possibles de deux à trois. Plus encore, elle a modifié les critères d’éligibilité : désormais, un candidat ne peut être exclu que s’il a été condamné « à une peine définitive privative de liberté assortie d’un titre de détention » ou « sans sursis supérieure à trois mois ». Une disposition interprétée comme taillée sur mesure pour Samuel Eto’o, condamné à 22 mois de prison avec sursis en Espagne en 2022 pour fraude fiscale, mais toujours éligible au regard de ces nouveaux critères.
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Le ministre souligne cependant que « les statuts de la Fécafoot adoptés le 16 novembre 2024 n’ont pas satisfait à l’exigence du contrôle de conformité ». Par conséquent, « en vertu du principe des droits acquis, seuls les textes ayant présidé l’élection du président de la Fécafoot le 11 décembre 2021 sont applicables en l’état. Il s’agit des statuts adoptés le 13 juillet 2021 et des règlements subséquents ». Cette précision change la donne. En effet, les statuts de 2021 comportent des exigences plus strictes en matière d’intégrité, alignées sur celles de la FIFA et de la CAF, qui interdisent à toute personne condamnée par un tribunal, peu importe l’affaire, d’accéder aux organes dirigeants du football. En rappelant cette règle, le ministre ferme la porte à une interprétation favorable aux ambitions de Samuel Eto’o.
Mise en garde
Dans sa lettre, le patron des Sports insiste : « Je vous invite, dit-il à Samuel Eto’o, au respect scrupuleux des textes organiques en vigueur à la Fécafoot, à vous conformer à la réglementation nationale et aux textes de vos instances faitières internationales de football, de même qu’aux principes et valeurs de l’olympisme, de sorte à créer un cadre consensuel, inclusif et apaisé de collaboration entre tous les acteurs du football camerounais ». Et de conclure : « Les dispositions idoines doivent être prises afin de régler tous les problèmes soulevés et de lever toutes les irrégularités dénoncées par divers acteurs », avant la programmation d’un nouveau calendrier électoral.
Si la Fécafoot n’a pas encore réagi, cette mise en garde ferme, place Samuel Eto’o et son équipe face à un dilemme : corriger les dérives dénoncées ou risquer une crise institutionnelle majeure. Affaire à suivre donc…
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