Coup de tonnerre au Cameroun. A trois semaines du coup d’envoi de la CAN Maroc 2025, la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) a tranché : Marc Brys n’est plus le sélectionneur des Lions Indomptables. La décision est tombée ce lundi soir à l’issue de la première réunion du Comité d’urgence du nouveau mandat de Samuel Eto’o. L’instance dirigée par l’ancien joueur de l’Inter Milan estime que le technicien belge a multiplié les « incidents » et les actes d’« insubordination » depuis son arrivée en avril 2024, jugeant que ces comportements représentent désormais un risque pour « le fonctionnement et les performances » de la sélection nationale.
Le Comité d’urgence qui a tout de suite nommé un nouveau staff chapeauté par le Camerounais David Pagou, justifie la rupture par une série longue et détaillée de manquements, cités dans la résolution publiée par le secrétaire générale de l’instance. La Fécafoot évoque notamment « le refus manifeste d’assister à certaines séances de travail », « la publication de la liste des joueurs et l’organisation de conférences de presse sans autorisation », ainsi que « le non-respect de la charte marketing » mettant en péril les relations contractuelles avec les sponsors.
L’instance reproche également à Brys de « refuser de communiquer ses programmes d’entraînement », de ne pas transmettre ses rapports de matches, ou encore de collaborer avec des « personnes inconnues de la Fécafoot ». Plus grave, le comité l’accuse d’« inciter les joueurs à la défiance » et de s’être soustrait à des obligations professionnelles telles que les conférences de presse officielles. Autant de comportements qui, selon la résolution, ont « largement contribué » à la non-qualification du Cameroun pour la Coupe du monde 2026.
L’épilogue d’un conflit commencé le jour même de sa nomination. Recruté unilatéralement par le ministère des Sports le 8 mai 2024, sans consultation préalable avec la Fécafoot, Marc Brys s’est retrouvé immédiatement au cœur d’un duel institutionnel inédit. Les tensions avec Samuel Eto’o ont éclaté au grand jour, au fil d’accrochages à répétition : échanges verbaux houleux, conférences de presse improvisées, convocations ignorées, divergences sur l’organisation du staff et sur la communication autour de l’équipe. Ce double pilotage, unique dans l’histoire récente de la sélection, a exposé publiquement les fractures entre l’État et la fédération, avec Brys souvent pris en étau entre des injonctions contradictoires.
Un bilan pourtant positif
Pourtant, sportivement, le bilan de Brys penche du bon côté. En 15 rencontres, il n’a concédé qu’une seule défaite, pour neuf victoires et cinq nuls. Le technicien belge a su apporter une stabilité dans les résultats, avec une animation offensive plus cohérente et un groupe rajeuni. Mais ces performances, solides sur le plan comptable, n’ont pas suffi à dissiper les interrogations sur sa méthode ou sur son autorité face au staff fédéral.
Le choix de la Fécafoot, à moins de trois semaines d’une compétition majeure, pose toutefois question. À la veille d’une CAN où le Cameroun vise au minimum une place dans le dernier carré, ce changement brutal ouvre une période d’incertitude pour les joueurs comme pour l’encadrement. En limogeant Marc Brys à ce moment critique, l’instance prend un pari à haut risque : celui qu’un choc psychologique suffira à relancer une équipe secouée depuis des mois. Mais, pour beaucoup d’observateurs, cette décision tardive illustre avant tout les dérives d’un conflit institutionnel qui aura pris le pas sur la préparation sportive.
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À propos de l'auteur
Arthur WANDJI
Rédacteur sportif
Correspondant SNA au Cameroun et Gabon. Spécialiste des Lions Indomptables.