
Le bras de fer entre la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) et le gouvernement de Yaoundé franchit un nouveau palier. Le 21 août dernier, malgré l’injonction du ministre des Sports de sursoir le processus électoral, l’instance dirigée par Samuel Eto’o a publié un communiqué lançant officiellement l’ouverture des dépôts de candidature pour l’élection des bureaux exécutifs des ligues départementales. Plusieurs aspirants ont d’ores et déjà déposé leurs dossiers. « Je sais qu’on nage en pleine crise, mais par mesure de prudence, il était important de respecter les délais et de faire acte de candidature », confie un postulant.
Une injonction du ministère restée lettre morte
C’est que, quelques heures avant la sortie du communiqué de la Fédé, le ministre des Sports et de l’Éducation physique, Narcisse Mouelle Kombi, avait pourtant adressé une correspondance ferme au président de l’instance. Dans ce courrier, il exigeait le gel du processus électoral, dénonçant un processus « sujet à de vives tensions susceptibles d’engendrer des troubles à l’ordre public sportif, dans un contexte où le peuple camerounais est résolument focalisé sur la prochaine élection présidentielle d’octobre 2025 ».
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Au cœur des reproches : la suspension jugée arbitraire de potentiels candidats, la substitution des bureaux élus dans plusieurs ligues régionales par des comités provisoires, l’exclusion de clubs du processus électoral et la modification « controversée » des textes de l’instance en novembre 2024. Ces derniers, en élargissant les critères d’éligibilité, ont été perçus par certains comme taillés sur mesure pour permettre à Samuel Eto’o de briguer un nouveau mandat, malgré sa condamnation en Espagne pour fraude fiscale.
Une posture de défiance assumée ?
En maintenant l’ouverture des candidatures malgré la mise en garde du ministère, la Fécafoot semble afficher une posture de défiance vis-à-vis de l’État. Ce choix accroît le risque d’un bras de fer institutionnel, alors que le Cameroun s’approche d’une échéance politique majeure avec la présidentielle du 12 octobre prochain. L’attitude de l’Exécutif fédéral soulève des interrogations sur l’équilibre des pouvoirs entre la tutelle publique et l’autonomie associative que revendique la fédération.
Nouvelles plaintes contre la gestion d’Eto’o
Ainsi, le climat s’est encore tendu avec la nouvelle offensive judiciaire d’une coalition d’acteurs du football camerounais, représentés par l’avocat international Emmanuel Nsahlai. Dans un communiqué signé le 25 août, ces derniers affirment vouloir « protéger l’avenir du football camerounais » face à ce qu’ils considèrent comme une dérive de gouvernance. Trois actions coordonnées ont été engagées. La première, auprès du ministère des Sports pour exiger l’annulation des statuts adoptés par la Fécafoot le 16 novembre 2024. La seconde, auprès de la FIFA pour solliciter une suspension provisoire de Samuel Eto’o pour conflits d’intérêts et irrégularités présumées. La dernière, de la CAF afin d’écarter temporairement l’ancien international de son Comité exécutif.
« Il ne s’agit pas d’attaquer Samuel Eto’o, la légende dont la carrière reste intouchable. Il s’agit de garantir que la gouvernance du football camerounais reflète les valeurs d’excellence, d’intégrité et de fair-play qu’il a incarnées sur les terrains », argue l’avocat. Pourtant, les accusations sont lourdes : détournement présumé de fonds liés à des matches amicaux, corruption et soupçons de matchs truqués, conflit d’intérêts via un contrat d’ambassadeur avec une société de paris, manipulation des statuts électoraux, ou encore suspension arbitraire d’opposants. Autant de griefs qui, selon les plaignants, traduisent une « crise d’intégrité » au sein de l’institution.
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