Le Cameroun ira à la CAN 2025 sans une grande partie de son ossature. La liste dévoilée lundi par David Pagou, fraîchement nommé à la tête des Lions Indomptables après la mise à l’écart express de Marc Brys, acte la mise à l’écart d’une génération de cadres pourtant indiscutables sur le terrain. Si Zambo Anguissa, blessé, et Martin Hongla, en difficulté cette saison, peuvent être justifiés sportivement, les absences simultanées d’André Onana, Vincent Aboubakar, Éric Maxim Choupo-Moting, Moumi Ngamaleu ou encore Michaël Ngadeu témoignent d’un tournant décisif.
Ces cadres écartés ne sont pas des joueurs en perte de vitesse. À l’exception de Hongla (4 matchs avec Granada en Liga 2), tous affichent une forme solide avec leurs clubs : André Onana est revenu à un niveau régulier à Trabzonspor, Aboubakar (5 matchs, 3 buts) a retrouvé son efficacité avec Neftci, Choupo-Moting (38 matchs, 18 buts) reste performant dans son rôle au New York Red Bulls, Ngamaleu (14 matchs, 1 but) enchaîne les titularisations avec Dinamo Moscou. Leur absence collective laisse donc un vide difficilement explicable par la seule logique sportive.
Mais elle survient surtout après une séquence où ces cadres ont publiquement soutenu Marc Brys dans le bras de fer qui l’a longtemps opposé à la Fécafoot de Samuel Eto’o, dénonçant dans une déclaration forte les tensions entretenues autour de la sélection et appelant à la sérénité autour du staff technique. Une prise de position rare, inhabituelle, et politiquement lourde dans un contexte déjà électrique. « Nous réitérons notre soutien indéfectible à notre sélectionneur et à son staff technique, en qui nous avons une confiance totale ». Et encore : « Nous souhaitons ici interpeller la Fédération [...] Les perturbations et discordes que nous avons observées récemment n’aident ni notre entraîneur, ni notre staff, ni nous, les joueurs ».
Eto’o : « aucun joueur ne sera plus au-dessus du Cameroun »
Deux jours seulement avant la publication de cette liste, Samuel Eto’o était réélu à la tête de la Fécafoot. Le soir-même, dans un discours ferme, il avertissait : « Aucun joueur ne sera plus au-dessus du Cameroun. Celui qui veut défendre le maillot devra accepter que le Cameroun est au-dessus de lui ». Une sortie qui, replacée dans la chronologie, donne un éclairage particulier aux choix opérés. Le renouvellement du groupe ressemble davantage à une sanction. Pagou, tout juste nommé, commence donc son mandat dans un paysage où la décision technique se confond inévitablement avec les rapports de force internes.
Le Cameroun se présentera ainsi au Maroc avec une équipe profondément remodelée, entre retours inattendus comme ceux d’Olivier Kemen, Christopher Wooh ou Simon Ngapandouetnbu, et une vague de nouveaux visages venus bousculer la hiérarchie. La volonté affichée de renouvellement est réelle, presque radicale, mais elle s’accompagne d’une fragilité structurelle : comment compenser simultanément l’expérience d’un gardien titulaire, d’un capitaine, de cadres offensifs et de relais techniques ? Et surtout, avec quel niveau de cohésion lorsqu’une partie du vestiaire a été reconfigurée au lendemain d’une fracture ouverte entre dirigeants, staff et joueurs ?
CAN 2025 : la liste du Cameroun
Gardiens : Dévis Epassy - Simon Omossola - Simon Ngapandouetnbu- Edouard Sombang
Défenseurs : Samuel Junior Kotto - Gerzino Nyamsi - Jean-Charles Castelletto - Nouhou Tolo - Flavien Enzo Boyomo - Nagida Mahamadou – Junior Tchamadeu - Christopher Wooh - Darlin Yongwa
Milieux de terrain : Martin Atemengue Ndzie - Carlos Baleba - Arthur Avom - Junior Dina Ebimbe - Fidele Brice Ambina - Danny Namaso - Christian Bassogog - Bryan Mbeumo - Georges-Kévin Nkoudou - Jean Junior Onana - Olivier Kemen
Attaquants : Christian Kofane - Frank Magri – Karl Etta Eyong - Patrick Soko.
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À propos de l'auteur
Arthur WANDJI
Rédacteur sportif
Correspondant SNA au Cameroun et Gabon. Spécialiste des Lions Indomptables.