
Organisée pour la première fois en 1991, la CAN féminine a beaucoup évolue et est passée depuis de 8 à 12 équipes. Mais un challenge reste entier pour cette compétition qui connaît un bon qualitatif, à savoir l’affluence dans les stades.
Replacer le football féminin au cœur de l’action au niveau local
Pour relever ce défi continental, le travail doit commencer au sein des différentes fédérations membres de la CAF qui reçoivent chaque année une dotation financière destiné à financer leur fonctionnement. Mais force est de constater que cette aide qui vise à soutenir le développement du football à l’échelle nationale est souvent investie en majorité sur le football masculin qui est pourtant à des années lumières de celui féminin.
Consciente du retard accusé dans la promotion du football féminin, la Confédération africaine de football a lancé en juin le programme « CAF Impact » à travers lequel chaque fédération membre recevra jusqu’à 1,6 millions de dollars pour accompagner l’élan de croissance du football féminin, l’organisation des championnats de jeunes et la formation des entraîneurs et arbitres. Si cette initiative en elle est salutaire, la CAF doit en revanche monter la garde pour assurer la transparence et la rigueur dans la gestion de ses fonds pour qu’ils soient utilisés pour l’atteinte des objectifs fixés en amont. « La CAF et son président veillent à ce que chaque dollar investi soit utilisé pour développer le football africain. Cela implique un développement axé sur le football féminin et les jeunes. Avec le programme IMPACT de la CAF, au moins 50 % des subventions versées aux associations membres doivent être consacrées à ces deux domaines », faisait savoir Veron Mosengo-Omba en juin dernier à l’occasion du lancement de ce programme. Au-delà des paroles, la tolérance zéro doit être appliquée par la CAF en cas de non-respect des mesures édictées.
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Accroître le développement du football féminin au niveau local à travers des compétitions de jeunes et un championnat régulier en bonne et due forme et non ce qui ressemble souvent à des tournois, va permettre de replacer celui-ci au centre de l’action fédérale et ainsi booster son attractivité. Le tout en observant une gouvernance financière saine et viable pour un développement durable.
Accroître la sensibilisation à travers une communication ciblée
Dans un continent où les femmes ont été longtemps éloignées des activités sportives du moins professionnelles, une sensibilisation accrue est indispensable pour sortir des sentiers battus et briser les barrières sociétales. La CAF fait un travail colossal en ce sens depuis quelques années, mais il reste limité et doit être accompagné par les fédérations dans chaque association membre. L’addition de ces actions va propulser le football féminin à un niveau d’attention élevé et ainsi intéressé un plus grand public.
Spécialiste du football féminin, le journaliste togolais Félix Kalepe soutient cette approche et va plus loin : « Je pense que pour attirer aujourd'hui le public à suivre la CAN féminine, il faut une communication ciblée et inspirante. Tout doit commencer par un message clair et puissant. Il s’agit de raconter une histoire, de valoriser les parcours, les rêves et les combats des joueuses africaines. À travers des campagnes de sensibilisation à la télévision, à la radio, sur les réseaux sociaux et dans les rues via des affiches colorées, le public doit ressentir au fait que le foot, c’est aussi pour elles. Ensuite, il faut mettre en lumière des figures locales, des joueuses stars, anciennes gloires, entraîneuses pionnières pour incarner ce changement. C'est-à-dire que des influenceurs blogueurs, artistes, humoristes ou sportifs doivent aussi avoir un rôle clé à jouer en devenant les ambassadeurs du football féminin », a suggéré celui qui officie à TogoFoot.
Elargir le tournoi, repenser la billetterie et créer du divertissement autour de l’évènement
Ces dernières années, la CAN féminine a prouvé que le niveau du football féminin sur le continent est en plein dynamisme. La différence d’écart entre les pays a nettement diminué et l’édition en cours au Maroc le prouve assez. Les scores fleuves des éditions précédentes ont laissé place à une compétitivité plus accrue qui a d’ailleurs commencé dès les phases éliminatoires avec de grandes nations comme la Guinée Equatoriale (deux fois championne d’Afrique : 2008 et 2012) ou encore le Cameroun qui a participé à toutes les éditions de 1991 à 2022, qui ont tous les deux rater la qualification pour cette CAN Féminine 2024.
Ces exemples montrent à suffisance que le football féminin a pris son envol et doit continuer à planer. Ainsi, la CAF qui a décidé de passer de 8 à 12 nations en 2022, peut déjà penser à accroître le nombre de pays participants à 16 pour que la compétition intéresse un plus grand nombre afin de drainer un peu plus de monde dans les stades qui sont pour la plupart creux durant cette CAN Féminine en cours en dehors des matchs du Maroc, pays hôte.
A part l’augmentation du nombre de participants, la CAF doit également revoir la billetterie. La vente en ligne des tickets pour la CAN Féminine 2024 au Maroc a été lancée le 26 juin, soit moins de deux semaines avant le début de la compétition qui a démarré le 5 juillet. A titre de comparaison, la billetterie pour la CAN 2024 en Côte d’Ivoire a été lancée le 11 novembre 2023, soit près de deux mois avant le coup d’envoi. Cette différence de traitement peut aussi influer sur la préparation des fans désireux de se déplacer pour suivre l’évènement. Mais Felix Kalepe a une autre idée plutôt originale qui peut aussi contribuer à attirer plus de monde dans les stades : « Proposer une entrée gratuite ou symbolique pour certaines catégories (étudiants, enfants, femmes) permettra de démocratiser l’événement. Des packs familiaux et des distributions de billets dans les écoles, lycées et universités peuvent venir renforcer cette dynamique d’inclusion », propose le journaliste togolais.
Enfin, le volet divertissement doit aussi rentrer en ligne de compte. Au-delà de celui créer par les athlètes, la CAF peut également créer du spectacle autour de la CAN Féminine, stimulant ainsi l’attraction autour de la compétition. « On peut aussi organiser un show total autour des matchs. C'est à dire qu'aller au stade, ce ne sera pas seulement pour voir un match, ce sera vivre une expérience festive. Par exemple des fan-zones, concerts, stands de nourriture, animations pour enfants, spectacles de danse ou de musique avant et après les matchs. Et pour couronner le tout, des rencontres avec les joueuses pour signer des autographes, prendre des selfies, bref créer des souvenirs », a ajouté Felix Kalepe.
En attendant que ces propositions servent de levier pour accompagner la dynamique de développement du football féminin sur le continent, on espère que le match de classement (Ghana – Afrique du Sud vendredi à 19h00 GMT) et la finale (Maroc – Nigeria samedi à 20h00 GMT) vont attirer une foule.
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