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Complexe d’Olembé : Piccini et Magil réclament 267 milliards FCFA au Cameroun

Le spectre d’une facture monumentale plane sur les finances publiques camerounaises. Près de trois ans après l’arrêt du chantier du Complexe sportif d’Olembé, les entreprises Piccini et Magil réclament désormais 267 milliards de francs CFA à l’État du Cameroun, devant les plus hautes juridictions arbitrales internationales.

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Complexe d’Olembé : Piccini et Magil réclament 267 milliards FCFA au Cameroun

Plus de six ans après l’inauguration partielle du Complexe sportif d’Olembé à Yaoundé, les déboires financiers de cette infrastructure sont loin d’avoir livré leur dernier chapitre. Selon le "Rapport de certification du Compte général de l’Etat de l’exercice 2024" récemment publié par la Chambre des Comptes de la Cour suprême, les entreprises Piccini et Magil, successivement en charge de ce chantier, réclament un total cumulé de 267 milliards de francs CFA (soit plus de 407 millions d'euros) au Cameroun au titre d’indemnisation.

Au cœur du litige, le pilotage chaotique du projet confié d’abord à l’Italien Piccini, puis au Canadien Magil Construction, chacune accusant l’Etat camerounais d’avoir failli à ses engagements contractuels, tandis que Yaoundé répond par des griefs inverses : surfacturations, retards, malfaçons et résultat industriel jugé très insuffisant.

Piccini réclame 250 milliards de francs CFA devant le CIRDI

L’essentiel de la note provient d’un arbitrage introduit par Piccini devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) de Washington. L’entreprise italienne exige 250 milliards de francs CFA (soit un peu plus de 381 millions d'euros) pour rupture abusive, estimant avoir été évincée alors que son contrat restait exécutable. Avant son éviction, Piccini avait déjà encaissé 113 milliards de francs CFA (soit 172, 3 millions d'euros) de paiement public pour un marché d’un coût initial de 163 milliards de francs CFA (248,5 millions d'euros).

Pour Yaoundé, au contraire, la résiliation s’imposait face à des avancées jugées insuffisantes et des retards qui menaçaient l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations 2021. L’affaire est toujours à l’instruction à Washington, mais si Piccini obtenait gain de cause, la condamnation représenterait l’une des plus lourdes sanctions jamais infligée à un État d’Afrique centrale.

Magil réclame 17 milliards de francs CFA devant la CCI de Paris

L’affaire Magil elle, se joue devant la Chambre de commerce internationale (CCI) de Paris. L’entreprise canadienne réclame 17 milliards de francs CFA (soit 25,92 millions d'euros) au Cameroun, après avoir elle-même résilié son contrat avec le Cameroun. La société affirme avoir respecté ses engagements. Et accuse le ministère camerounais des Sports d’être à l’origine du blocage des paiements en ne libérant pas les fonds nécessaires à l’achèvement des travaux.

L’État camerounais conteste vigoureusement cette position. Selon les chiffres mis en avant par le gouvernement, Magil aurait perçu 42 milliards de francs CFA (soit 64,02 millions d'euros) – dont 38 milliards (57,93 millions d'euros) issus d’un prêt contracté auprès de la Standard Chartered Bank – alors que le contrat initial prévoyait un décaissement de 22 milliards de francs CFA (soit 33,5 millions d'euros) seulement. Autrement dit : Magil aurait, selon Yaoundé, été mieux payée que ce que le contrat exigeait, sans livrer un avancement proportionnel des travaux.

Le gouvernement envisage même une contre-attaque judiciaire, l’accusant de manquements multiples et d’impossibilité structurelle à poursuivre le chantier, notamment en raison d’un conflit avec ses fournisseurs, qui réclamaient 13 milliards de francs CFA de factures impayées (soit 19,8 millions euros) avant son départ du chantier.

Un chantier figé, un projet hors de maîtrise

Les mésaventures d’Olembé ne se résument pas à ces deux procédures en arbitrage. Depuis le départ de Magil en 2022, le chantier est totalement à l’arrêt, malgré des mises en demeure successives du ministère des Sports. Pourtant, l’État ne renonce pas : une relance des travaux “en régie” est désormais envisagée, signe que Yaoundé cherche à reprendre le contrôle, après deux collaborations internationales jugées défaillantes.

L’infrastructure devait à l’origine comprendre un stade de 60 000 places, des terrains annexes, un hôtel cinq étoiles, un centre commercial, un gymnase et une piscine olympique. Mais entre retards, litiges, avenants, financements additionnels et désormais arbitrages internationaux, la facture finale pourrait dépasser les 500 milliards de francs CFA si les demandes de Magil et Piccini étaient confirmées.

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À propos de l'auteur

Arthur WANDJI

Arthur WANDJI

Rédacteur sportif

Correspondant SNA au Cameroun et Gabon. Spécialiste des Lions Indomptables.

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