Il y a trois ans encore, Jean-Jacques Boissy goûtait à la désillusion. Finaliste malheureux de la BAL en 2022 avec l’AS Douanes, puis éliminé en quarts la saison suivante, il semblait condamné à rester dans l’ombre des grands noms du continent. Mais en juin 2025, à Pretoria, il a pris sa revanche. Vainqueur avec Al Ahli Tripoli, il est devenu le premier Sénégalais sacré champion et élu MVP de la BAL. « C’est un moment historique pour moi et pour le basketball sénégalais », confiait-il alors, récompensé pour sa régularité, son leadership et son impact sur les matchs clés.
Quelques semaines après ce sacre, Boissy a franchi une nouvelle étape : sa participation à la NBA Summer League avec les Milwaukee Bucks, signe que son talent commence à s’imposer au-delà du continent. Même s’il n’a pas encore décroché un contrat NBA, cette expérience a renforcé sa visibilité et symbolisé l’espoir d’une génération issue de la NBA Academy Africa.
L’AfroBasket 2025, le tournoi de la consécration
C’est ce dimanche 24 août 2025, à Luanda, que Boissy est définitivement entré dans la légende. Pour son premier AfroBasket, il a porté le Sénégal vers une nouvelle médaille de bronze, la septième de son histoire. Surtout, il a battu un record vieux de 16 ans en inscrivant 40 points contre le Cameroun lors du match pour la 3ᵉ place, effaçant la marque de Jeff Xavier (38 points en 2009). Un exploit salué par ses coéquipiers et par son entraîneur Desagana Diop : « Il n’a jamais peur. C’est le joueur que tu veux toujours dans ton équipe. Je dis souvent qu’il est fou (rire), mais c’est ce qui fait sa force. »
Vif, agressif, audacieux, Boissy incarne un basket total, parfois déroutant. « S’il rate trois tirs, il en prendra un quatrième sans hésiter », décrit-on en interne. Ce brin de folie, tantôt génial tantôt risqué, séduit autant qu’il inquiète certains observateurs. La légende angolaise Victor Muzadi le résume ainsi : « Il peut être un atout énorme comme un poison. Il doit encore trouver l’équilibre entre jeunesse et sagesse. » Mais pour ses coéquipiers, l’équation est simple : « Il montre pourquoi il est l’un des meilleurs joueurs d’Afrique », affirme Karim Mané.
L’amour du maillot national
Au-delà des chiffres et des records, c’est son attachement au Sénégal qui marque les esprits. En larmes après la victoire contre le Cameroun, Boissy a déclaré : « Je pense juste à ce sport. J’aime l’Afrique et j’aime mon pays. À chaque fois que je suis sur le terrain, je me donne à fond parce que j’adore représenter mon pays. » Des mots qui résonnent dans un pays en quête d’un premier sacre continental depuis 1997.
Le visage d’une génération ambitieuse
Formé à la NBA Academy Africa, Boissy incarne aujourd’hui une nouvelle vague de talents sénégalais qui veulent s’imposer aussi bien sur le continent que sur la scène mondiale. Aux côtés de Brancou Badio, son complice de longue date, il aspire à ramener le Sénégal au sommet du basket africain. Entre sa carrière de club désormais scrutée et ses performances en sélection, il s’affirme comme l’une des figures majeures du sport africain.
De la BAL à l’AfroBasket, Jean-Jacques Boissy est passé dans une autre dimension cette année. MVP, champion, recordman et leader de la sélection sénégalaise, il a franchi un cap qui pourrait le rapprocher encore davantage de son rêve ultime : briller sur la scène NBA. Mais déjà, à 25 ans, il a inscrit son nom dans l’histoire du basket africain.
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