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Démission, démenti, accusations croisées… : l’affaire Brys, une énigme non résolue

Entre accusations de démission, démentis officiels et soupçons de falsification de documents, l’affaire Marc Brys a plongé le football...

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Démission, démenti, accusations croisées… : l’affaire Brys, une énigme non résolue

Au Cameroun, l’affaire Marc Brys reste enveloppée de zones d’ombre. Une semaine après le début du tumulte créé par la vraie-fausse démission du sélectionneur de l’équipe nationale de football du Cameroun, ni la vérité des faits ni les responsabilités ne sont clairement établies. Ce qui aurait pu relever d’un simple contentieux administratif autour du contrat du technicien belge a rapidement tourné à la crise institutionnelle, révélant au grand jour les fractures persistantes entre la Fécafoot et le ministère des Sports. Lettres officielles aux contours flous, déclarations contradictoires, accusations et contre-accusations : l’affaire, aussi sensible que confuse, continue de diviser l’opinion et de nourrir les spéculations, sans qu’aucune version ne s’impose comme incontestable.

Tout commence le 22 juillet, lorsque la Fécafoot reçoit un courrier recommandé dont le nom de l’expéditeur n’est autre que Marc Brys. Dans la liasse de documents, une lettre portant démission du technicien belge de ses fonctions d’entraîneur de l’équipe nationale de football du Cameroun. Mais aussi : une copie de sept pages d’un contrat portant les signatures de l’entraîneur et du ministre des Sports, signé le 8 avril 2024 ; et une correspondance confidentielle adressée en mai 2024 au ministre des Finances, sollicitant la prise en charge du staff technique nommé par l’Etat.

Pour le président de la Fécafoot Samuel Eto’o, il ne fait l’ombre d’aucun doute : entre l’Etat et M. Brys, le divorce est acté. « La Fédération camerounaise de football prend acte de la rupture unilatérale de cette relation contractuelle. Dans sa préoccupation constante de sauvegarder les intérêts du Football Camerounais, la FECAFOOT a saisi les autorités publiques compétentes pour l'élaboration et la mise en œuvre en urgence d'une réponse coordonnée visant à circonscrire l'impact de cette vacance à la tête de l’encadrement technique de notre équipe nationale », écrit la Fécafoot le 23 juillet.

Les premières réactions

Dans les heures qui suivent la publication du communiqué de l’instance faîtière du football camerounais, Marc Brys sort du silence. Le sélectionneur belge dément avec force cette démission dans une correspondance adressée au ministère de tutelle : « Je tiens ici, avec la plus grande fermeté, à démentir catégoriquement cette information. Je n’ai jamais rédigé ni transmis un quelconque courrier de démission ». Marc Brys évoque alors un piratage de sa messagerie, un acte « regrettable et inhabituel » qui aurait permis l’usage frauduleux de sa signature et de ses contacts, « semant le trouble et suscitant une vague de réactions précipitées ». Le sélectionneur exprime également son étonnement face à l’absence de prise de contact personnel avec lui avant la diffusion de cette information par la Fécafoot. « Cette attitude dira-t-il, laisse peu de place à l’interprétation : il m'est difficile de ne pas y voir une forme de précipitation volontaire, voire une volonté tacite de mon éviction ».

Le ministre des Sports, en soutien à cette version, affirme de son côté que « le principe de la démission étant que celle-ci ne doit prêter à aucune équivoque », ce qui n’est pas le cas selon lui. Il souligne que ni l’État ni Marc Brys n’ont formellement résilié le contrat et insiste sur le fait que la notification régulière de la démission « n’ayant nullement été observée », il serait « juridiquement périlleux d’inférer des effets allégués à partir de ce document ». Alors que certains soutiens de Samuel Eto’o soutenaient à tue-tête que la Fédération « a déjà notifié la CAF et la FIFA de la démission de Marc Brys », célébrant par avance le départ de l’entraineur qui totalise 7 victoires, 5 nuls et aucune défaite sur le banc des Lions Indomptables.

Le rétropédalage de la Fécafoot

Quelques jours plus tard, le 31 juillet, la Fécafoot annonce un rétropédalage surprenant. Elle prend « bonne note de la rétractation » de Marc Brys, intervenue « deux jours après que l’intéressé ait, de sa propre initiative, notifié sa démission ». Malgré les doutes exprimés par le ministère sur l’authenticité de la lettre reçue, la Fédération souligne « la conviction qu’un différend lié aux retards de paiement » est à l’origine du conflit, tout en condamnant « fermement le choix des deux parties au contrat de mettre en doute l’authenticité dudit courrier sans enquête préalable ». Elle déplore également la diffusion de « contre-vérités » par Marc Brys dans un média public, regrettant un « imbroglio susceptible de dégrader la relation de confiance ».

Lire aussi : Cameroun : au nom de l'apaisement, la FECAFOOT accepte de nouveau Marc Brys

Marc Brys porte plainte

Le 1er août, les avocats du sélectionneur portent l’affaire devant la justice en annonçant une plainte contre un agent de joueurs camerounais, accusé d’être l’auteur et l’expéditeur de la fameuse lettre de démission de M. Brys. Selon le communiqué officiel du cabinet Marcel Tietcheu & Associés, cet individu aurait « piraté et apposé la signature scannée de M. Brys afin de lui conférer un caractère authentique », avant d’adresser le courrier à la Fécafoot « dans l’unique but de nuire vraisemblablement à l’entraîneur ». Le cabinet affirme que jamais le Belge « n’aurait engagé une quelconque procédure de résiliation sans assistance juridique ».

La publication de ce communiqué a toutefois laissé libre cours à toutes sortes d’interprétations. Certains médias ayant immédiatement pointé du doigt l’agent de joueur FIFA Ivo Chi, impliqué dans le recrutement de Marc Brys au Cameroun, comme étant celui visé par la plainte des conseils de l’entraîneur belge. Dans ce contexte tendu, ce dernier a tenu à se démarquer publiquement des accusations. « Je tiens à informer l'opinion publique nationale et internationale que je ne suis en aucun cas impliqué, ni de près ni de loin, dans les actes qui font actuellement l'objet d'une enquête. L'individu suspecté n'a aucun lien avec ma personne, mes activités ou mon équipe », a-t-il réagi dans un communiqué le même jour. Invitant les avocats de Marc Brys à communiquer le nom de l’agent incriminé. Une demande jusque-là sans réponse. Idéale pour faire durer le flou autour de cette affaire.

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