
Une vive contestation s'est élevée dans le paysage médiatique africain francophone suite à la décision de la Confédération africaine de football concernant l'attribution des droits de diffusion de la CAN 2025, qui se tiendra au Maroc du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026.
Dans une note transmise le 16 novembre, un collectif regroupant plusieurs télévisions nationales d'Afrique subsaharienne francophone (dont la RTS, la RTI, la CRTV, l'ORTM, etc.) a dénoncé une « injustice flagrante » et un traitement jugé discriminatoire.
Un accès partiel aux matchs qui rompt l'équilibre historique
Au cœur du différend, la proposition de la CAF d'accorder aux diffuseurs francophones seulement 33 des 52 matchs de la compétition. Une situation « difficile à expliquer » aux autorités et aux millions de téléspectateurs, selon les signataires.
Historiquement, la CAN a toujours bénéficié d'une diffusion intégrale et gratuite sur les chaînes nationales. Le collectif rappelle que cette pratique est essentielle pour garantir l'accès de tous à un événement considéré comme « un moment de communion, de fierté et d’unité africaine ».
Les chaînes soulignent que, contrairement aux diffuseurs francophones, les télévisions publiques anglophones et lusophones, ainsi qu'un opérateur de télévision payante non africain, se verraient, eux, proposer l'accès à l'intégralité des 52 rencontres.
Le spectre du lobbying et de la privatisation
Dans une lettre adressée au président de la CAF, Patrice Motsepe, ces chaînes expriment leurs craintes quant à l'origine de cette répartition inédite. Elles dénoncent une politique qui « privilégie un opérateur non africain » et estiment que la stratégie actuelle viserait principalement à « contenter l’opérateur payant dominant exerçant sur le territoire d’Afrique subsaharienne francophone ». Une référence implicite au poids grandissant de groupes comme Canal+ (propriétaire de Multichoice) est au cœur de leurs préoccupations.
Selon le collectif, cette orientation menace de priver les populations « les plus modestes » d'un accès complet à la plus grande fête du football africain, renforçant de fait la position dominante des bouquets payants et fragilisant davantage des médias publics déjà sous pression financière.
Une diffusion « équitable et réellement populaire »
Face à ce qu'elles perçoivent comme une menace sur le libre accès et la pluralité médiatique, les télévisions nationales exigent un retour aux pratiques antérieures, à savoir la diffusion intégrale et accessible à tous des 52 matchs de la CAN.
Le collectif en appelle directement au président Motsepe pour qu'il garantisse une diffusion « équitable et réellement populaire », exhortant la CAF à faire preuve d'« équité » et de sens de « l’inclusion sociale ». Une démarche qui vise à ouvrir un dialogue pour que la CAN 2025 demeure un événement « réellement africain, populaire et accessible entièrement à tous ».
Dans plusieurs pays, les supporters se sont également joints à la contestation, dénonçant une mesure « incompréhensible » et réclamant un rétablissement de l'équité pour le patrimoine sportif et culturel du continent.
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À propos de l'auteur
Malick BAMBA
Rédacteur sportif
Le sport africain au quotidien, ces belles histoires et polémiques en tous genres.
